guerre polono-soviétique
Conflit qui opposa en 1920 la Pologne à la Russie soviétique.
Désireux de retrouver les limites de la Grande Pologne du xviiie s. (occupation au printemps 1919 de Brest, Minsk, Lvov) et conscient d'une menace bolchevique en Allemagne, Piłsudski se tourne vers l'est, où seule la ligne Curzon sert de démarcation provisoire entre États russe et polonais. Le 24 avril 1920, les Polonais envahissent l'Ukraine, bordent le Dniepr sur 200 km et prennent Kiev (7 mai), tandis qu'au nord le général Sikorski occupe la Polésie. Cette campagne éclair, en réveillant le sentiment national et l'idéologie révolutionnaire, va rallier au nouveau régime soviétique de nombreux officiers de l'ancienne armée, dont Broussilov. Kamenev dirige les opérations, tandis que les paysans ukrainiens attaquent les arrières polonais. Le 14 mai, Toukhatchevski attaque en direction de Borrisov et refoule les Polonais, la cavalerie bolchevique de Boudennyï les contraint à évacuer Kiev (10 juin) et fonce sur Jitomir (2 juillet). Les forces polonaises doivent évacuer Minsk (le 11), Wilno (le 15), Grodno (le 20). Boundennyï pénètre en Galicie (4 août) et Toukhatchevski cherche à couper la voie ferrée Varsovie-Dantzig, principale artère du ravitaillement polonais.
Alors que Varsovie semble menacée et que renaît à Moscou l'espoir de conduire la révolution jusqu'au Rhin, l'inquiétude gagne Paris et Londres, qui envoient une mission franco-anglaise (24 juillet), avec Weygand comme conseiller militaire des Polonais. Trouvant sur place les deux cents officiers du général Henrys, qu'il lance sur tous les points du champ de bataille, Weygand inspire la manœuvre qui consiste à bloquer au nord de Varsovie la IVe armée rouge, tandis que se rassemblent près de Lublin six divisions destinées à foncer sur les arrières soviétiques. L'offensive débute le 12 août aux abords de la capitale. Au nord, un audacieux coup de main de la cavalerie polonaise anéantit le 15 août le poste de commandement de la IVe armée rouge ; le Boug (20 août), puis le Niémen (25 août) sont atteints. Malgré la déroute soviétique, Toukhatchevski réussit le 10 septembre à rétablir la situation et à maintenir des positions sur la ligne Minsk-Molodetchno (20 septembre). Le 12 octobre, Polonais et Soviétiques signent à Riga un armistice. Le traité d'alliance entre la France et la Pologne (février 1921) va renforcer la position de Piłsudski au cours des difficiles négociations de paix pour aboutit au traité de Riga (18 mars 1921), qui marquera la normalisation des relations polono-soviétiques.