figuration
(latin figuratio, -onis)
Art figuratif.
ART CONTEMPORAIN
Au moment où, après la Seconde Guerre mondiale, l'art abstrait bouleverse les données esthétiques modernes, la figuration devient, pour certains artistes classés dans l'« avant-garde », un choix déterminé : manifestation d'un rapport subjectif à la réalité (groupe Cobra, Bacon, Dubuffet, Rebeyrolle, etc.), volonté politique (Guttuso), investigation poétique (les surréalistes, Balthus) ; parfois même, elle apparaît comme l'aboutissement d'une démarche d'abord abstraite (Hélion). À la fin des années 1950, une réaction contre l'abstraction se développe avec un retour à l'objet et à l'image empruntés à l'environnement urbain et quotidien (pop art, nouveau réalisme).
À partir des années 1960 s'affirme, en Europe, une quête d'images significatives du monde d'aujourd'hui sous l'aspect iconographique, sociologique et idéologique. Dans cette voie, où se situent des peintres comme Erró, le Suédois Öyvind Fahlström, proches du pop art, Cremonini, adepte d'un réalisme halluciné, ou Dado et Velićković, héritiers du surréalisme et de l'expressionnisme, la « nouvelle figuration » s'impose durant les années 1960. Elle se développe suivant deux axes principaux (avec de multiples interférences) : d'une part, l'analyse de l'image et de ses structures (Adami, Raysse, Télémaque, Peter Klasen, Michelangelo Pistoletto, Peter Stämpfli, etc.) ; d'autre part, l'affirmation d'un contenu en prise sur la réalité sociale contemporaine et débouchant sur une peinture narrative et « politique » (les Espagnols Arroyo, Juan Genovés, Rafael Canogar ainsi que l'Equipo Crónica ; l'Italien Antonio Recalcati ; les Français Aillaud, Rancillac, Monory, la coopérative des Malassis, Fromanger, Ernest Pignon-Ernest, etc.). Souvent d'exécution froide (comme un peu plus tard chez les hyperréalistes américains), cette figuration témoigne parfois aussi d'un regain d'intérêt pour le « métier », notamment dans le dessin (Titus-Carmel, Wolfgang Gäfgen, Bernard Moninot, etc.).
Toute différente est, vers la fin des années 1970 et dans les années 1980, la figuration puissante et exubérante, volontiers chargée de références historiques et culturelles, qui trouve ses meilleurs représentants en Allemagne (Ralf Winkler, dit A.R. Penck, Sigmar Polke ; les « nouveaux expressionnistes » Georg Baselitz, Markus Lüpertz, Anselm Kiefer, Jörg Immendorff, etc.), en Italie (la « transavantgarde » de Sandro Chia, Enzo Cucchi, Francesco Clemente, Mimmo Paladino, etc.), en France (à côté des abstraits « reconvertis » [L. Cane, Vincent Bioulès], la « figuration libre » de Hervé Di Rosa, Robert Combas ou, apparentée, de Jean-Charles Blais ; les références classiques de Jean-Michel Alberola et de Gérard Garouste) et aux États-Unis (Jonathan Borofsky, Julian Schnabel, David Salle, Robert Longo, etc.).