costume

(italien costume, coutume)

François Boucher, Dame attachant sa jarretière, et sa servante
François Boucher, Dame attachant sa jarretière, et sa servante

Vêtement propre à un pays, à une époque, à une condition, etc..

Les fonctions symboliques du costume

Dès l'origine, le costume n'a pas dû correspondre uniquement à des fonctions utilitaires. Considéré – ainsi que le montrent les peintures des cavernes de la préhistoire – comme un attribut procurant soit un pouvoir emprunté à d'autres êtres humains ou à des animaux, soit une protection des organes génitaux contre toute influence maléfique, il a rempli des fonctions magiques.

Le tatouage représente la forme la plus ancienne du vêtement. Le pagne en lin des Égyptiens, le kaunakês en laine des Sumériens étaient des jupes retenues à la taille par un bourrelet. Les femmes de Mycènes et de Cnossos retenaient leur jupe à la taille par une large ceinture. On a trouvé dans des sépultures de l'âge du bronze des épingles qui servaient à maintenir l'étoffe du vêtement. Le péplos (tunique de femme dont la partie supérieure est repliée sur le buste) apparaît dans le monde méditerranéen à l'époque des invasions doriennes.

Le costume a acquis une signification religieuse en vertu du ritualisme particulier à chacun des divers cultes, puis, de plus en plus, une signification sociale en exprimant la puissance, pour un chef, l'autorité déléguée, pour un fonctionnaire, ou encore l'état, la profession et la richesse de celui qui le porte. Il semble que ce ne soit que tardivement qu'il ait traduit le désir de plaire et soit devenu un moyen de séduire.

Les archétypes

On peut en compter cinq :
– le costume drapé, fait d'une étoffe enveloppant le corps ;
– le costume enfilé, fait d'une seule pièce percée pour le passage de la tête ;
– le costume cousu et fermé, composé de plusieurs pièces assemblées ;
– le costume cousu et ouvert, croisé devant et superposé à d'autres vêtements ;
– le costume fourreau, ajusté au corps et aux membres.

Le costume à travers les peuples de l'Antiquité

Les Assyriens

Les rois portaient généralement une étoffe à franges enroulée autour du corps et jetée sur l'épaule gauche. Les guerriers avaient une jupe courte, parfois une cotte de mailles, et les eunuques, une jupe longue qui leur couvrait les pieds.

Les Hittites

Les rois sont figurés drapés jusqu'aux chevilles, le bras droit nu. Les guerriers portaient la jupe courte. Tous avaient une chaussure à bout relevé.

Les Perses

Les bas-reliefs de Persépolis font connaître le costume des Perses, qui variait suivant le rang des personnages, ainsi que celui des peuples tributaires. Les Parthes portaient des jambières, signe distinctif des peuples cavaliers.

Les Phéniciens

La chemise à manches courtes semble originaire de Phénicie, où est également née la teinture à la pourpre, généralement recherchée pour les vêtements des rois.

Les Grecs

Les costumes masculins et féminins comprennent les vêtements de dessous (endymata), dont le principal est le chiton (tunique), et les vêtements de dessus (epiblêmata), principalement le manteau (himation). À Athènes, du vie au ve s. avant J.-C., on trouve : le tribon dorien, manteau assez court ; la chlaina, gros manteau de laine pour l'hiver ; le chlanis ou chlanidion, en étoffe légère, pour l'été ; la chlamyde, d'origine thessalienne, manteau des cavaliers et des éphèbes. Les femmes portaient le chiton en lin ou le péplos en laine, et l'himation.

Ces vêtements, généralement en laine chez les Doriens, en lin chez les Ioniens, étaient blancs d'ordinaire, avec de riches bordures et des broderies, mais les coquettes les préféraient bigarrés.

Les Étrusques et les Romains

Chez les Étrusques, les gens du peuple ne portaient qu'un manteau, sans tunique. Dans les classes élevées, les deux sexes portaient la tunique et la toge (celle des magistrats [praetexta] était blanche avec une bande pourpre).

Le vêtement caractéristique des Romains était la toge, blanche pour les citoyens, bordée de pourpre pour les jeunes gens. La paenula, manteau de pluie ou de voyage, la lacerna, grande écharpe drapée, la trabea, manteau de guerre, étaient des vêtements de dessus. La tunica, sorte de chemise, que les femmes portaient double, était le vêtement de dessous, recouvrant la stola. La palla, manteau féminin, en laine, semblable à la toge, fut, avec le temps, abandonnée dans l'usage courant pour des vêtements légers et diversement colorés. La soie fut introduite vers la fin de la République.

Les Gaulois

Les braies, sorte de pantalon, étaient leur vêtement essentiel, avec une tunique descendant à mi-cuisse, et la saie, petit manteau carré. Le bardocucullus était un manteau à capuchon ; la caracalla descendait jusqu'aux talons. Les femmes portaient une tunique large et plissée, une sorte de tablier et un manteau de couleur agrafé aux épaules.

Le costume au Moyen Âge

Au xiie siècle, sous l'influence de l'Orient et avec l'introduction des soieries, apparurent en France des modes nouvelles qui se répandirent en Europe. Le peuple gardait des vêtements courts, mais, dans les classes élevées, et pour les deux sexes, les formes longues prévalurent jusqu'au xive siècle, époque à laquelle les hommes adoptèrent le vêtement court et ajusté.

Les évolutions ultérieures

Pendant la Renaissance, les femmes mirent la jupe élargie en cloche. Au xviie s., on s'orienta vers un peu plus de souplesse. Au début du xviiie s., le costume masculin fut formé des trois pièces essentielles du costume moderne : culotte, veste ou gilet, habit.

Le costume féminin a varié à l'infini, du xviiie s. à nos jours, s'élargissant sur des paniers (xviiie s.), des jupons empesés (époque Louis-Philippe), des crinolines (second Empire), des tournures (1780-1794 et 1870-1889), ou tombant droit (Directoire, Empire).

Les costumes populaires

Les classes rurales

On considère généralement qu'avant 1789, dans les classes les plus modestes, le costume de travail différait peu du costume dit « de fête ». Les tableaux des peintres régionaux et les miniatures révèlent une certaine uniformité des habits paysans : veste de drap grossier ou blouse de toile bise ou bleue, chapeau de feutre ou de paille, bonnet de coton (pour les hommes), robe de bure ou de toile, tablier, coiffe de toile très simple (pour les femmes), le tout sans décor ni fantaisie, selon le climat ou la saison, et utilisant les productions des artisans du lieu.

Les classes urbaines

Dans les villes, quelques corporations eurent des habits distinctifs, faits d'étoffes plus recherchées et d'éléments particuliers caractéristiques du métier ; ils étaient presque toujours réglementés – plusieurs nous sont parvenus. Après la Révolution, l'augmentation du niveau de vie des classes populaires rurales et le progrès technique entraînèrent l'emploi de certains tissus (velours, drap fin, soie) et ornements décoratifs (dentelle, broderie), ainsi qu'une diversification du costume, essentiellement par pays (région, canton, et même village). Ces costumes s'inspiraient de ceux des bourgeois, qui reflétaient eux-mêmes ceux de la cour.

L'évolution vestimentaire

Des modes locales, variant périodiquement, se répandirent par la suite. Le costume dit « de fête » était porté dans les circonstances exceptionnelles par les hommes et les femmes des classes populaire et moyenne. Outre le pays et l'époque, ils pouvaient indiquer, par des signes souvent codifiés, le statut social, la religion, la richesse (dot), le métier, le statut familial (mariage, maternité, veuvage…), les événements personnels (baptême, première communion, conscription, deuil…). Les costumes de travail, demeurés simples, devinrent de plus en plus confortables.

Au xxe siècle, les nouvelles conditions de vie ont uniformisé et rationalisé le costume populaire, dont le caractère régional n'est tenace que lors de fêtes traditionnelles (Alsace, Auvergne, Bretagne, Savoie). [→ mode.]