concile de Trente
Concile œcuménique qui se tint, en 25 sessions, de 1545 à 1549, en 1551-1552 et en 1562-1563 à Trente.
Ce concile, convoqué par Paul III et clôturé par Pie IV, fut la pièce maîtresse et le moteur de la Réforme catholique, ou Contre-Réforme, par laquelle l'Église romaine opposa à la Réforme protestante une révision complète de sa discipline – notamment au niveau des clercs, désormais formés dans des séminaires et contrôlés de près par les évêques – et une réaffirmation solennelle des points dogmatiques – sources de la foi, péché originel, justification, sacrements… – à l'encontre des affirmations protestantes.
Les préliminaires
Depuis longtemps, une réforme disciplinaire de l'Église romaine est nécessaire. Le Ve concile de Latran (1512-1517) n'a abouti qu'à des résultats médiocres. Il s'est clôturé le 16 mars 1517. Le 31 octobre de la même année, Luther affiche à Wittenberg les 95 thèses qui marquent le début de la révolte protestante. La réunion d'un concile général est indispensable, mais les papes y répugnent, en partie parce qu'ils gardent un mauvais souvenir des conciles de Constance (1414) et de Bâle (1431). Il faut attendre l'avènement de Paul III, qui, en 1536, lance les convocations. Mais on ne peut se réunir à Mantoue (1537), comme prévu. Vicence est choisie (1538), mais la guerre entre François Ier et Charles Quint a repris, et la participation au concile s'annonce faible. De plus, la ligue de Smalkalde a rejeté l'invitation qui lui était faite de participer au concile. Le 21 mai 1539, celui-ci est ajourné sine die. En 1542, Paul III lance une deuxième bulle de convocation : elle n'a pas plus de succès. Le traité de Crépy-en-Laonnois (1544), en ramenant le calme politique, permet au pape de convoquer enfin le concile à Trente pour le 15 mars 1545. Mais les évêques ne se présentant qu'avec lenteur, et beaucoup avec répugnance, l'ouverture officielle n'a lieu que le 13 décembre, en présence de 34 Pères.
De la première à la huitième session (Trente, 1545-1547)
Les trois premières sessions (13 décembre 1545, 7 janvier et 4 février 1546) ont comme objet de débat la méthode à suivre. La quatrième (8 avril) fixe les sources de la foi : le canon de l'Écriture sainte et la Tradition. Pendant la cinquième (17 juin) on condamne les abus de la prédication et on définit l'attitude de l'Église à l'égard du péché originel. La sixième (13 janvier 1547) est consacrée au problème brûlant de la justification et à la résidence des évêques. Les décrets capitaux sur les sacrements et sur la réforme du personnel ecclésiastique sont portés dans la septième session (3 mars). Le 11 mars (huitième session), la majorité des Pères décide le transfert du concile à Bologne, sous prétexte d'épidémie, cependant que l'écrasement des confédérés de Smalkalde par l'empereur détruit l'espoir de réconciliation entrevu par Paul III.
De la neuvième à la onzième session (Bologne, 1547-1549)
Un peu plus de trente évêques seulement participent, le 21 avril 1547, à la neuvième session (condamnation de dix erreurs luthériennes) et, le 2 juin, à la dixième (doctrine sur les sacrements, administration des sacrements). Brusquement, le 13 septembre 1549, Paul III proroge le concile sine die parce que Charles Quint exige le retour du concile à Trente. D'autre part, à la diète d'Augsbourg (1547-1548), l'empereur a proposé aux protestants vaincus un compromis appelé « Intérim d'Augsbourg ». Sous la contrainte, ils acceptent de participer au concile de Trente, mais non à celui de Bologne. C'est pourquoi, le 1er mai 1551, le nouveau pape Jules III rouvre le concile à Trente (11e session).
De la douzième à la seizième session, sous Jules III (Trente, 1551-1552)
La douzième session (1er septembre 1551) n'est qu'une séance d'ouverture; au cours de la treizième (11 octobre), particulièrement solennelle, est rédigé le décret De sanctissima eucharistia, qui consacre le terme « transsubstantiation ». La quatorzième session (25 novembre) souligne, en quinze canons sur la pénitence, la nécessité de la confession orale, consacre comme sacrement l'extrême-onction et entérine les travaux des théologiens sur la messe et sur le sacrement de l'ordre. Au cours des quinzième (25 janvier 1552) et seizième sessions (28 avril), le concile n'a qu'à enregistrer la suspension du concile, décrétée par Jules III, inquiet de la marche de l'Électeur de Saxe sur Augsbourg, d'où Charles Quint s'est enfui. Paul IV, pape de 1555 à 1559, qui ne voit dans le concile qu'une aventure, croit pouvoir réaliser la réforme par lui-même. Mais les progrès du calvinisme incitent Pie IV, élu le 26 décembre 1559, à reprendre les travaux du concile (bulle de convocation du 29 novembre 1560).
De la dix-septième à la vingt-cinquième session, sous Pie IV (Trente, 1562-1563)
La session d'ouverture n'a lieu que le 18 janvier 1562, devant 113 participants, auxquels les protestants refusent de se joindre. La dix-huitième session (26 février) entame un grand projet de réforme, mais les partis se heurtent sur le problème de la résidence; une crise s'ouvre (dix-neuvième et vingtième session vides, 14 mai et 4 juin). Le fil des discussions dogmatiques est repris au cours de la vingt et unième session (16 juill.), avec l'adoption de l'article sur le mode de réception de l'eucharistie, et dans la vingt-deuxième session (17 sept.), avec le décret sur le sacrifice de la messe (De sacrificio missae). Une nouvelle crise éclate avec l'arrivée solennelle du cardinal de Lorraine à la tête d'une forte délégation française (13 novembre 1562). Une lutte âpre oppose les Romains aux Franco-Espagnols. Si bien que le cardinal Morone, appuyé par Pie IV, présente un projet complet de réforme ecclésiastique en 42 articles. L'apaisement, dû à l'attitude énergique du pape, permet aux 237 Pères de reprendre séance le 15 juillet 1563 (vingt-troisième session) et de se consacrer au décret sur le sacrement de l'ordre, ainsi qu'à celui sur l'institution des séminaires. Le projet de réforme de Morone est débattu et adopté au cours des deux importantes sessions du 11 novembre (vingt-quatrième session) et des 3-4 décembre (vingt-cinquième session). Ce projet règle la nomination et les devoirs des cardinaux, l'organisation des synodes diocésains et des conciles provinciaux, la visite des diocèses par l'évêque, la réforme des chapitres et des ordres monastiques, la collation des paroisses et la prédication paroissiale. Parallèlement, le concile adopte le décret Tametsi sur le mariage, et les décrets sur le purgatoire, les indulgences et le culte des saints. Les Pères quittent Trente le 6 décembre 1563. Par la bulle Benedictus Deus et Pater (26 janvier 1564), Pie IV confirme les décisions du concile et les communique à la chrétienté. La création de la congrégation du Concile pour l'interprétation des décrets conciliaires (2 août 1564), la promulgation du « catéchisme romain » (1566), l'édition de la Vulgate et la réforme du bréviaire (1568) et du missel (1570), la refonte du calendrier et du martyrologe (1582) sont les suites normales de ce concile de Trente qui marque un tournant de l'histoire du catholicisme par l'impulsion qu'il donna au vaste mouvement de la Contre-Réforme.