camp de Gurs
Camp d'internement français (1939-1945), où furent regroupés dans un premier temps des réfugiés de la guerre civile espagnole puis des Juifs.
Le camp de Gurs, situé à environ 80 km de la frontière espagnole dans les Pyrénées-Atlantiques, fut construit en une quarantaine de jours, et ouvrit en avril 1939. Sa capacité était en théorie de 18 500 personnes.
Il fut tout d'abord utilisé pour interner des républicains espagnols qui avaient fui leur pays, ainsi que des volontaires des Brigades internationales ; on y compta jusqu'à 25 000 Espagnols et 6 800 Brigadistes. Les détenus espagnols organisèrent eux-mêmes divers programmes d'enseignement et des sciences d'éducation physique. Entre mai et juillet 1940 y furent détenus des Français suspects du fait de leurs activités politiques.
À partir des derniers mois de 1940, le camp servit à regrouper des Juifs raflés en France ou qui avaient été expulsés par les Allemands du Palatinat et du pays de Bade. En 1941, 5 000 Juifs étaient internés à Gurs ; au total, environ 26 000 juifs passèrent par le camp.
Gurs se trouvait en zone non occupée, et le camp resta constamment sous l'autorité de l'administration française. La déportation des Juifs y commença dès le mois d'août 1942, soit avant l'invasion de la zone non occupée par les Allemands, qui se produisit le 11 novembre suivant ; au total, 3 907 Juifs, dont 38 enfants, furent déportés, via le camp de transit de Drancy, en six convois vers les camps d'extermination situés en Pologne occupée, principalement vers Auschwitz entre le 6 août 1942 et le 3 mars 1943.
Des Tsiganes furent également internés à Gurs, où un baraquement leur était réservé, d'une capacité d'une cinquantaine de personnes.
Les conditions de détention furent unanimement décrites comme insupportables : famine, froid, rats, poux, terrain boueux, baraquements humides, quasi-absence de soins, séparation des familles…, ce qu'Aragon traduisit ainsi : « Gurs, une drôle de syllabe, comme un sanglot qui ne sort pas de la gorge… ». On estime qu'un millier de Juifs moururent à Gurs avant même leur déportation vers l'Allemagne (Serge Klarsfeld, le Mémorial de la déportation des juifs de France).
Le camp fut utilisé quelque temps après la Libération – des collaborateurs y furent alors détenus –, puis ferma le 31 décembre 1945. Quelques-unes des baraques furent alors vendues aux enchères. Toute trace du camp fut par la suite effacée : on y planta une forêt. Sur les lieux, une plaque rappelle que le camp servit de centre d'« hébergement » pour les républicains espagnols.
Pour en savoir plus, voir les articles camps de concentration, gouvernement de Vichy.