Viêt Nam : géographie physique
Le Viêt Nam s'étire sur près de 1 500 km. Une étroite bande de hauts plateaux et de montagnes (la chaîne annamitique) sépare les deltas du fleuve Rouge, au nord, et celui du Mékong, au sud. On compare parfois le Viêt Nam à « un bambou portant deux sacs de riz ». Montagnes et hauts plateaux du Nord et du Centre occupent les trois quarts du territoire.
Situé dans la zone tropicale, le Viêt Nam est soumis à la mousson humide du Sud-Est (juin-novembre), mais, au nord du 18e parallèle, le Nord et le Centre, exposés à l'air froid de la mousson du Nord-Est, connaissent un hiver frais de décembre à mars (16 °C à Hanoï en janvier et février), et des pluies fines de février à avril. Les typhons sont fréquents de septembre à novembre. Le delta du Sud subit la crue annuelle du Mékong, qui commence en juin et atteint son maximum en octobre.
Les deltas du Nord
Dans le Nord, après la longue dépression de Cao Bang à Lang Son qui longe la frontière chinoise, les reliefs orientés Nord-Ouest-Sud-Est, déployés en éventail et culminant à l'échine granitique du Fan Si Pan (3 142 m), sont des massifs cristallins pénéplanés aux formes molles et des plateaux calcaires karstifiés soulevés et faillés au tertiaire, très arrosés, couverts de forêts denses et de savanes, et, au Sud, les plateaux gréseux du Phu Den Dinh. Ils sont creusés par les vallées profondes, orientées nord-ouest-sud-est, du Sông Ma, du fleuve Rouge (Sông Hông) aux crues irrégulières et violentes, et de ses deux affluents, la rivière Noire (Sông Da) et le Sông Lô (rivière Claire). Ils se terminent en deltas très peuplés dans le golfe du Tonkin. Dans cet ensemble, la cuvette de Diên Biên Phu, tournée vers le Mékong, est la seule dépression notable.
Ces montagnes sont copieusement arrosées par les pluies de mousson : 2 800 mm à Cha Pa (altitude 1 600 m) au pied du Fan Si Pan.
La basse plaine et le delta du Nord (15 000 km2) ont été construits par les alluvions du fleuve Rouge, fleuve redoutable : après les pluies de mousson, son débit peut atteindre 30 000 m3s et son niveau monter de 11 m en 24 heures, sa charge d'alluvions pouvant dépasser 3 kg/m3. Enfin, le delta progresse de 100 m par an. Le cours inférieur du fleuve et les principaux défluents (Sông Day, Sông Luông, Sông Luôc) sont endigués.
Le delta du Nord (ancien Tonkin), berceau historique, a été, depuis des siècles, aménagé de digues et de canaux pour lutter contre les crues du fleuve Rouge et du Sông Thai Binh, et contre les typhons. Hanoï (3 millions d'habitants), au cœur du réseau hydrographique, routier et ferroviaire, est le pôle commercial et industriel de la région, relié au port industriel de Haiphong (1 million d'habitants).
Au centre, l'Annam
Au centre, le rebord montagneux de la chaîne annamitique, orienté Nord-Ouest-Sud-Est, est une longue échine à la frontière avec le Laos. Très arrosé, couvert d'une végétation dense, d'une largeur moyenne de 150 km, il culmine en plusieurs sommets au-dessus de 2 000 m d'altitude. Au sud du 18e parallèle (porte d'Annam), il tombe parfois en versants raides sur le littoral, interrompant le chapelet de plaines côtières deltaïques qui le borde et où se succèdent des ports communiquant avec l'arrière-pays. Il se prolonge jusqu'au Quang Nam, sur le 16e parallèle. Dissymétrique, la chaîne annamitique domine par des versants raides les plaines côtières à l'Est. Peu élevé, elle est aisément franchissable (cols de Keo Neua, de MuGia et surtout d'Ai Lao [350 m]). Le matériel cristallin qui en forme l'armature a été faillé et basculé à la fin du tertiaire. Des coulées volcaniques sont largement répandues au Sud. Élargis au sud, les Hauts Plateaux (50 000 km2), peu peuplés, s'étendent entre le Quang Nam et le Nam Phân (Cochinchine). Leur structure est complexe : le massif cristallin du Ngoc An, au Nord, culmine à 2 598 m. Lui font suite les plateaux basaltiques de Kontum et de Pleiku, puis, au-delà de la profonde vallée de l'Ayun, d'autres plateaux basaltiques : ceux de Dac Lac, de Dalat, et enfin les plateaux Maa et Mnongs. Ces hauts plateaux dissymétriques s'abaissent doucement vers le Sud et dominent la mer à l'Est par de hautes falaises (cap Padaran). Ils portent des plantations sur leurs « terres rouges » basaltiques.
Au Sud, le delta du Mékong
En contrebas, la plaine deltaïque du Mékong (37 800 km2, ancienne Cochinchine), basse et plate, a été aménagée dès la fin du xviiie s. par un réseau de canaux d'irrigation perpendiculaires aux deux bras du fleuve. Ici, la crue lente et régulière du fleuve, de juin à octobre, contraste avec la brutalité de celle du fleuve Rouge. Les bourrelets sont submergés. La plus grande partie de la plaine est inondée, en particulier le Transbassac (à l'Ouest du Bassac). On distingue la plaine Orientale, plus élevée (100 m), aux terres grises (sableuses) et rouges, occupées par des plantations d'hévéas, et la plaine Occidentale, basse (1 m), formée par les alluvions du Mékong, où le riz fait l'objet d'une monoculture. Sur une terrasse alluviale, au bord de la rivière de Saigon (au nord du delta), Hô Chi Minh-Ville (Saigon avant 1975) est à la fois un port important à 80 km de la mer, la plus grande ville du pays (6 millions d'habitants) et sa capitale économique. Elle est reliée par une grande zone industrielle à Biên Hoa et possède son port sur le littoral : Vung Tau (ancien cap Saint-Jacques), qui connaît un développement rapide.
Pour en savoir plus, voir les articles population du Viêt Nam et activités économiques du Viêt Nam.