Turquie : activités économiques
L'intégration internationale de la Turquie l'a rendue sensible au choc financier de 2008. Mais après une forte chute de sa croissance, l'économie a repris avec vigueur en 2010 (9,2 %) et en 2011 (8,8 %) avant de s'essouffler à partir de 2012. Si les relations politiques avec l'UE sont au plus bas depuis 2016 en raison des dérives autoritaires du régime, les partenaires européens de la Turquie, avec au premier rang l'Allemagne, absorbent autour de 43 % de ses exportations (des produits manufacturés pour 75 %), loin devant ses autres marchés que sont l'Iraq, les États-Unis, le Royaume-Uni ou l'Iran , et fournissent environ 33 % de ses importations, ses premiers fournisseurs étant toutefois la Russie et la Chine devant l'Allemagne. Si le commerce extérieur reste déficitaire, l'économie de la Turquie est très diversifiée : automobile, textile (premiers secteurs exportateurs), agroalimentaire, machines, équipements électroniques, sidérurgie, chimie. Recelant d'importantes ressources minières (lignite et charbon principalement, chrome, fer, zinc et bauxite, mais aussi pétrole), le pays souffre de sa dépendance aux importations d'hydrocarbures en provenance notamment de Russie, d'Iran et d'Iraq, dont le Kurdistan irakien. Il occupe toutefois une position stratégique dans leur transit. Son système bancaire est solide, mais les investissements directs étrangers ont ralenti. L'économie turque pâtit de plusieurs handicaps, parmi lesquels une dette extérieure privée en hausse, la faiblesse de l'investissement dans la R&D, le développement inégal des régions, la dégradation du pouvoir d'achat et l'endettement des ménages, l'inflation et le taux de chômage qui augmentent pour atteindre respectivement 15,2 % et 13,7 % en 2019. Depuis 2015, les tensions politiques intérieures et régionales — coup d'État manqué ; répression des opposants ; intervention militaire en Syrie et lutte contre les Kurdes ; menace terroriste qui entraîne une chute du tourisme en 2016 — vont ainsi de pair, après un fort rebond en 2017 (7,5 %) à la suite d'une politique de relance, avec un ralentissement prononcé de la croissance (ramenée à 0,9 % en 2019), accompagné d'une dépréciation de la livre et d'une inflation toujours élevée en 2020 (autour de 15 %).La Turquie résiste toutefois mieux que prévu à la crise économique due à la pandémie de Covid–19 et échappe à la récession grâce aux bons résultats au 3e trimestre 2020, tandis quela croissance portée par les exportations, est estimée à 4 % en 2023malgré le séisme catastrophique qui frappe le sud du pays en février. Le chômage est ramené à 10,4 % en 2022(19,4 % parmi les jeunes), mais la chute de la livre se poursuit et le taux d'inflation atteint toujours plus de 50 % en 2023.
● agriculture : 17,1 %
● mines et industries : 26,5 %
● services : 56,3 %
● agriculture : 6,5 %
● mines et industries : 31,3 %
● services : 62,2 %
Le tiers de la population active travaille dans le secteur primaire (agriculture), contre un quart dans le secteur secondaire (industrie). Là encore, d'importantes disparités régionales apparaissent, 85 % des actifs employés dans le secteur industriel se situant à l'ouest de l'axe Zonguldak (mer Noire)-Gaziantep (frontière syrienne), et un tiers dans la seule agglomération d'Istanbul. D'une façon plus générale, le maintien d'une importante population active agricole, y compris dans les quartiers périphériques de certaines villes, montre l'incapacité de l'économie turque à absorber la totalité de la main-d'œuvre disponible. Cela explique aussi la persistance d'un chômage élevé, la multiplication des emplois précaires et non-salariés et une forte émigration vers l'Europe occidentale et les pays du Proche- et du Moyen-Orient. Près de 3 millions de citoyens turcs résident ainsi à l'étranger (dont de nombreux réfugiés kurdes), les principaux pays d'accueil restant l'Allemagne (1,9 million), les pays du Benelux et la Suisse.
La Turquie connaît pourtant un développement économique rapide, mais cet essor bénéficie surtout à la partie occidentale du pays, l'Anatolie orientale souffrant d'un grave sous-développement. Le secteur primaire représente encore une part importante des exportations.
L'industrie touristique, en pleine expansion, constitue une importante source de devises : en 2011, 34 millions de touristes ont visité le pays.
1. L'agriculture
Sur le plan agricole, la Turquie peut être divisée en deux zones principales. Sur le plateau anatolien dominent les cultures céréalières (blé, orge) et l'élevage de moutons (un des plus importants cheptels du monde, dont la laine est utilisée pour la fabrication de tapis), auxquels se sont par la suite ajoutées quelques cultures industrielles (betterave sucrière). Dans les régions côtières, les céréales (blé, orge et riz sur les côtes égéenne et méditerranéenne, maïs sur les côtes de la mer Noire) sont associées à des cultures industrielles (coton dans les plaines de Pamphylie et de Cilicie, thé sur les côtes de la mer Noire, tabac autour de la mer de Marmara, à Izmir et à Samsun) et à diverses cultures commerciales (olives, fruits secs et agrumes sur les côtes égéenne et méditerranéenne, noisettes à Trabzon, pistaches à Gaziantep), la Turquie étant le premier producteur mondial de fruits secs, de noisettes et de châtaignes. La vigne est également présente dans les anciennes régions chrétiennes (côte égéenne, Cappadoce, Anti-Taurus). La pêche est une activité importante.
Le nomadisme, très répandu à l'époque ottomane, ne concerne plus qu'une centaine de milliers de nomades dispersés dans la chaîne du Taurus et en Anatolie du Sud-Est. Plusieurs millions d'éleveurs pratiquent en revanche un semi-nomadisme de type montagnard, caractérisé par une transhumance vers les alpages d'été (yayla). La petite propriété rurale domine partout, sauf dans les vallées de Pamphylie et de Cilicie et en Anatolie du Sud-Est. Ce morcellement de l'agriculture turque explique son relatif retard technique (peu d'irrigation, faible utilisation des engrais chimiques), même si sa mécanisation est amorcée depuis les années 1960.
2. L'énergie
Sur le plan énergétique, la Turquie couvre à peine la moitié de ses besoins (en forte augmentation) bien qu'elle possède d'importants gisements de charbon (Zonguldak-Ereğli, sur la côte de la mer Noire) et de lignite, et quelques gisements plus modestes de pétrole en Anatolie du Sud-Est, notamment le gisement de Batman. Elle importe d'Iran le tiers de son pétrole. La Turquie est approvisionnée en pétrole par l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan, qui transporte du pétrole des champs d’Azerbaïdjan au terminal turc de Ceyhan, sur la mer Méditerranée. Elle est approvisionnée en gaz par plusieurs gazoducs, dont l’un, qui passe sous la mer Noire, achemine du gaz en provenance de Russie (d'où proviennent les deux-tiers du gaz importé), et l’autre transporte du gaz d’Azerbaïdjan. Les ressources hydroélectriques de l'Anatolie du Sud-Est ne sont pas encore pleinement exploitées, mais leur mise en valeur est prévue dans le cadre d'un ambitieux projet de développement (construction de barrages-réservoirs sur le Tigre et l'Euphrate), malgré les protestations des pays limitrophes qui redoutent les conséquences sur leurs propres ressources en eau. Parmi les minerais métalliques, les seuls à présenter quelque importance économique sont le fer de Divriğgi (Anatolie orientale) et de la région d'Izmir, la bauxite, l'antimoine et, surtout, le chrome du Taurus occidental et de la région de Van. Les autres ressources minières, notamment le cuivre et le manganèse, sont insuffisamment exploitées.
3. L'industrie
L'automobile est désormais le deuxième secteur économique du pays, derrière le tourisme et devant le textile. L'industrie est concentrée dans la partie occidentale du pays. Contrairement à Ankara, capitale administrative relativement peu industrialisée, l'agglomération d'Istanbul exerce un quasi-monopole sur les industries légères et de haute technologie. Les autres grands centres industriels de la Turquie occidentale sont Izmir (industries de transformation), Brousse (industries légères, automobile) et Adana, auxquels s'ajoutent des pôles plus réduits de type mono-industriel : raffineries d'Ipras (sur la mer de Marmara) et de Mersin (dans la plaine de Cilicie), usine sidérurgique de Karabük sur la côte de la mer Noire. En Anatolie centrale, ce sont Konya et Kayseri, et, dans l'est du pays, le port de Samsun (côte de la mer Noire) et la raffinerie de Batman (Anatolie du Sud-Est), ainsi qu'Iskenderun, dans l'extrême S.-E.
4. Les échanges
L'ouverture économique de la Turquie à partir de 1980 s'est soldée par un développement rapide des échanges extérieurs : les exportations, qui représentaient 10 % environ du produit intérieur brut en 1975, en constituaient le double vingt ans plus tard. La balance commerciale reste nettement déficitaire et ce déficit n'est qu'en partie comblé par les revenus de l'industrie touristique et les envois de fonds des travailleurs turcs émigrés à l'étranger (notamment en Allemagne). L'Union européenne est le principal partenaire commercial de la Turquie, qui réalise avec elle plus de la moitié de ses échanges. Après l'instauration d'une union douanière en 1996 et la reconnaissance du statut de candidate officielle en 1999, l'ouverture des négociations d'adhésion a eu lieu en 2005. La perspective d'une intégration à terme au grand marché européen ne peut que dynamiser son économie. Mais la Turquie cherche aussi à développer ses échanges avec le Proche- et le Moyen-Orient, les pays des Balkans et ceux de l'ancienne Union soviétique (Russie, Ukraine, républiques du Caucase et de l'Asie centrale).
Pour en savoir plus, voir les articles géographie physique de la Turquie et population de la Turquie.