DUP

sigle de Democratic Unionist Party, parti unioniste démocrate

Formation politique nord-irlandaise issue en 1971 d'une scission du parti unioniste d'Ulster (UUP).

1. Sous la conduite de Ian Paisley

Le DUP, appuyé par l'Église presbytérienne libre fondée par le pasteur nord-irlandais Ian Paisley, est progressivement devenu un acteur majeur de la vie publique locale.

Longtemps marginalisé par l'UUP, principal parti protestant, il se démarque de ce dernier tout d'abord par ses prises de position radicales, son refus de tout compromis avec les catholiques, et sa défense du lien qu'il estime indéfectible entre l'Ulster et le Royaume-Uni. Il est ainsi le seul, parmi les grands groupes politiques provinciaux, à boycotter les négociations qui conduisent aux accords de Stormont (ou du Vendredi saint) de 1998 et à demander leur rejet lors du référendum qui s'ensuit. Son chef fondateur incarne cette inflexibilité.

En juin 1998, lors des élections au Stormont, le DUP ne parvient pas à constituer de minorité de blocage à la coalition promise au pouvoir. Mais les différentes consultations qui suivent, générales, provinciales ou européennes, traduisent la progression de la formation, qui bénéficie des tensions entre parties, des difficultés à mettre en œuvre le processus de paix, puis des déceptions liées à son interruption. En juin 2001, lors des élections générales britanniques, il fait quasiment jeu égal avec l'UUP. En novembre 2003, aux élections provinciales, il arrive en tête, avec 30 élus sur 108, devant l'UUP (27 élus) et le Sinn Féin (24).

En 2005, il obtient plus du tiers des voix et 9 sièges de députés (sur les 18 attribués à l'Irlande du Nord), sa meilleure représentation aux Communes, où il siège depuis 1974, avec les partis régionalistes. Les négociations de Saint Andrews, en Écosse, en octobre 2006, l'amènent finalement à envisager à terme la formation d'un gouvernement biconfessionnel, présidé par I. Paisley et codirigé par le numéro 2 des républicains, ennemis de toujours. Lors des élections provinciales du 7 mars 2007 consécutives à ces accords, le DUP – qui reste le premier parti de la province – remporte 36 sièges, avec 30,1 % des voix, contre 28 sièges et 26,2 % des voix pour le Sinn Féin. D'abord prévue pour le 26 mars, la formation du gouvernement provincial autonome est célébrée en présence de ses artisans Tony Blair et Bertie Ahern dans le Stormont restauré le 8 mai 2007. Ainsi, le jour anniversaire de la fin des dernières grandes guerres européennes, semble se clore le plus récent des anciens conflits du Vieux continent.

2. Face à la crise financière et à ses conséquences

Peter Robinson succède à I. Paisley à la direction du parti (31 mai 2008) et au poste de Premier ministre (5 juin 2008). Le scandale autour des révélations portant sur les activités extraconjugales et financières de la femme du chef de l’exécutif provincial contraint ce dernier à quitter pour six semaines son poste en janvier 2010, mais fait moins vaciller le tandem DUP-Sinn Féin au pouvoir que précipiter la conclusion d’accords sur la dévolution des pouvoirs de police de Londres à Belfast, longtemps point d’achoppement entre les deux formations. Il n’en contribue pas moins donc à ancrer un peu plus profondément le processus de pacification. Toutefois, il fait une victime, en la personne de P. Robinson qui, contre toute attente, perd son bastion de Belfast-Est aux élections générales de mai 2010 ; ce qui vaut au DUP, qui reste de loin le premier parti par le nombre de représentants aux Communes (8, solidement installés), de n’arriver qu’en deuxième position en termes de suffrages (25 %, juste derrière le Sinn Féin), et d’accuser une perte sèche d’un siège, son leader apparaissant dès lors comme son propre maillon faible.

Il n’empêche : P. Robinson maintient le cap et conserve à la fois la direction de sa formation, du gouvernement provincial et de la coalition qui l’a porté au pouvoir. Aux élections locales de mai 2011, c’est le DUP qui arrive à nouveau en tête dans la province, avec un score de 30 % quasi inchangé et 38 sièges, contre près de 27 % des suffrages et 29 députés pour le Sinn Féin, 14 % des voix et 14 représentants pour le SDLP, et respectivement 13 % et 16 pour l’UUP et près de 8 % et 8 pour le parti de l'Alliance d'Irlande du Nord (APNI, non confessionnel et de tendance libérale).

Moyennant quelques modifications, et une responsabilité supplémentaire pour l’Alliance, l’exécutif sortant en charge des pouvoirs dévolus à la province est reconduit. Il peut de la sorte s’employer à combattre à la fois la crise économique qui sévit tout particulièrement dans l’Ulster et les soubresauts que celle-ci fait régulièrement connaître au processus de paix.

À l'échelle de la province, le DUP arrive en tête des élections générales britanniques de mai 2015, avec une légère progression à 25,7 % des voix et un effectif stable de 8 députés.

3. Le DUP et le Brexit

Dirigé par Arlene Foster depuis décembre 2015, le DUP se range dans le camp des « Brexiters » (partisans de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne) lors du référendum organisé sur cette question en juin 2016. À l’issue des élections législatives anticipées convoquées par Theresa May un an plus tard, le parti, fort de ses 10 sièges, signe un accord prévoyant un soutien au gouvernement conservateur, désormais minoritaire, dans les négociations sur le « Brexit ». Opposé cependant à la clause sur l’Irlande du Nord, il rejette, comme une majorité de parlementaires, le projet d’accord avec l’UE de novembre 2018. Parallèlement, les mésententes avec le Sinn Féin laissent l’Irlande du Nord sans gouvernement à partir de 2017.

Pour en savoir plus, voir l'article Irlande du Nord : histoire.

  • 2007 Les radicaux du parti unioniste démocrate (DUP) et le Sinn Féin acceptent de gouverner ensemble (26 mars).