Coptes
(du grec aiguptios, après chute, à la période arabe, de la première syllabe)
Nom donné originellement aux habitants de l'Égypte et aujourd'hui aux chrétiens de ce pays restés fidèles au monophysisme.
1. Histoire
Après la condamnation par le concile de Chalcédoine (451) du patriarche d'Alexandrie Dioscore, qui pour s'opposer à la montée du siège de Constantinople s'était fait le protagoniste du monophysisme, tous les moines et le clergé suivirent celui-ci dans sa rébellion. Lorsque l'Égypte passa sous la domination arabe, la masse de la population égyptienne passa à l'islam. L'Église copte fut victime de persécutions et déclina. Elle renaquit à la fin du xviie s. et essaima hors d'Égypte. Le patriarche d'Alexandrie réside au Caire et dirige son Église avec son propre synode. Le chiffre des fidèles est estimé aujourd'hui à environ 7 millions. Le pape Léon XIII a créé en 1899 un patriarcat copte catholique, également à Alexandrie, qui regroupe environ 150 000 fidèles. Le rite copte est aussi – mais en langue guèze ou en amharique et non en copte – celui de l'Église orthodoxe éthiopienne, à laquelle on donne parfois, à tort, l'appellation de copte. Cette Église est, avec environ 14 millions de fidèles (en Éthiopie et en Érythrée), une communauté monophysite importante qui, jusqu'en 1959, recevait ses hiérarques de l'Église copte d'Égypte. Depuis cette date, elle est autocéphale, ayant à sa tête un patriarche catholicos (abouna), qui réside à Addis-Abeba, avec des évêques autochtones, tout en reconnaissant une primauté d'honneur au patriarche copte d'Alexandrie.
2. Linguistique
Le mot copte est dérivé de l'arabe qubt, aphérèse du grec aiguptios,
Le copte est l'aboutissement de la lente évolution qu'a subie la langue égyptienne depuis l'invention de l'écriture hiéroglyphique jusqu'à la période hellénistique. Dès lors, l'emploi du grec introduit une diglossie qui est à l'origine d'une littérature nouvelle, en partie égyptienne, en partie grecque, qui conduit à l'abandon progressif de l'écriture hiéroglyphique dans ses formes cursives, hiératique et démotique. Le résultat en est l'écriture appelée copte, qui emprunte les caractères de l'alphabet grec et y ajoute des signes dérivés du démotique pour rendre les sons propres au parler égyptien, six ou sept selon les dialectes. Les deux principaux dialectes sont le sahidique, pratiqué en Haute-Égypte (sa'id en arabe), et le bohaïrique (de l'arabe bahri, la Basse-Égypte), répandu dans le Delta, qui s'est par la suite imposé dans tout le pays.
3. Beaux-Arts
L'art des premiers chrétiens d'Égypte prend naissance vers le iie s. et persiste jusqu'au xiie s. La période de formation (iie s.-première moitié du ve s.) correspond à l'assimilation de thèmes hellénistiques et surtout alexandrins, auxquels sont adjoints des sujets chrétiens. Les églises sont souvent construites selon l'antique plan basilical avec nef et bas-côtés (Le Caire, chapelle Saint-Serge). Peintures et portraits trahissent encore le naturalisme gréco-romain des portraits du Fayoum, alors que, dans les reliefs traités selon la manière douce, déjà le canon diffère. Peu à peu, les monastères s'organisent et se multiplient (Couvent Blanc, Couvent Rouge, près de Sohag, Saqqarah, Baouit, etc.). Entre le ve et le viie s., l'idée et le concept l'emportent, et la stylisation des feuillages et des rinceaux devient presque monotone, alors que l'opposition des pleins et des vides est violemment accusée. La peinture reflète la même évolution et, si l'intensité du regard demeure, la schématisation domine les compositions (l'abbé Ména, provenant de Baouit, Louvre ; peintures murales de Saqqarah…). Parmi les arts mineurs, la tapisserie est l'un des moyens d'expression privilégiés des Coptes et qu'ils continueront à pratiquer après la conquête arabe.
4. Littérature
Nombre d'œuvres de la littérature copte sont perdues, d'autres ne subsistent qu'à l'état de fragments disséminés ou de traduction, essentiellement en grec, en arabe et en éthiopien. À partir du viie s. en effet, la puissance musulmane installée en Égypte a détruit églises et monastères, avec les manuscrits qui y étaient détenus. De même que la prédominance culturelle grecque avait causé le déclin de la langue pharaonique, de même l'arabe à partir du xe s. a supplanté le copte. Les manuscrits coptes n'ont donc plus guère été lus ni recopiés, et en raison de l'amenuisement de la population chrétienne et de ses difficultés économiques, les bibliothèques de livres coptes ont été laissées à l'abandon. Ce qui a été épargné – codices de papyrus ou de parchemin, ostraca – et recopié à l'époque arabe sur du papier ne représente qu'une faible partie de la production littéraire copte et relève pour l'essentiel de la littérature religieuse ou plus précisément ecclésiastique, car après la conquête arabo-musulmane de l'Égypte, les textes coptes n'ont plus été conservés que par et pour des moines ou des clercs. Tout ce qui paraissait inutile ou dangereux aux yeux de la hiérarchie religieuse a été détruit ou n'a pas été reproduit. Ces deux facteurs historiques – disparition progressive du copte comme langue culturelle et conservation sélective de la littérature copte dans les monastères et les églises – sont à l'origine des limites de notre connaissance de ce que fut réellement la littérature copte.
Pour en savoir plus, voir l'article littérature copte.