CIO

sigle de Congress of Industrial Organizations

Organisation syndicale américaine fondée par un certain nombre de syndicats après leur expulsion en 1938 de l'American Federation of Labor (AFL).

Le CIO est issu du Committee for Industrial Organizations créé en 1935 par John Lewis, président du syndicat des mineurs (UMWA), en opposition à la passivité de la direction de l'AFL et en désaccord avec celle-ci sur la préférence accordée au syndicalisme de métier. Le comité ainsi créé apparaît comme plus combatif, plus à gauche et partisan d'un syndicalisme d'industrie. Très actif, il dirige des grèves importantes et victorieuses en 1936-1937 dans les usines de la General Motors dans le Michigan puis dans les usines de l'U.S. Steel, ainsi qu'à Detroit.

En 1938, cet organisme fait scission et se transforme en Congress of Industrial organizations (CIO), dont John Lewis devient président.

Le CIO, comme l'AFL, continue d'apporter son soutien au parti démocrate dont il attend des mesures favorables aux syndicats, mais il apparaît aussi comme un syndicalisme plus ouvert politiquement et socialement. En son sein, les militants communistes jouent un rôle important et il n'hésite pas à syndiquer les Noirs.

À la veille de la Seconde Guerre mondiale, le CIO compte 3,5 millions d'adhérents. En 1940, John Lewis apporte son soutien au candidat républicain Willkie contre Franklin Roosevelt, qu'il accuse de préparer la guerre. Il démissionne du CIO. Désavoué, il est remplacé en 1941 à la tête de l'organisation par Philip Murray.

Peu avant la fin de la guerre, des grèves sauvages éclatent en dehors des confédérations syndicales en réaction contre le gel des salaires et l'aggravation des conditions de travail. Le CIO organise de nombreuses grèves en 1945-1946 : la plus importante d'entre elles est celle survenant dans l'automobile dirigée par Walter Reuther qui devient l'un des dirigeants les plus influents du CIO. Le CIO syndique alors 4,5 millions de salariés mais l'AFL en a plus du double.

La loi Taft-Hartley de 1947, expression de la contre-offensive antisyndicale des républicains et du patronat, touche davantage le CIO que l'AFL en ce qu'elle interdit aux dirigeants syndicaux d'être membres du parti communiste. Le CIO, qui a de nombreux cadres communistes souvent très actifs, entreprend alors d'exclure ses membres communistes et les syndicats qui refusent de se séparer de leurs dirigeants communistes. Fortement affaibli par ces purges, qui ont également pour effet de le « recentrer », le CIO n'apparaît plus alors comme très différent de l'AFL. La mort de Philip Murray en 1952 lève l'un des derniers obstacles à la réunification syndicale, qui est effective en 1955. Ainsi naît l'AFL-CIO.