C.G.I.L.
sigle de Confederazione generale italiana del lavoro
Confédération syndicale italienne constituée en juin 1944.
Créée le 3 juin 1944 par le pacte de Rome, la C.G.I.L. est l'héritière de la C.G.L., fondée en 1906, puis des syndicats antifascistes clandestins et, notamment, de la Confédération générale du travail d'Italie, constituée en 1936 par l'unification de syndicats communistes et socialistes. À ces deux courants politiques présents dans la nouvelle C.G.I.L. s'ajoutent un courant démocrate-chrétien et un courant républicain laïque. Cependant le courant communiste est nettement majoritaire en son sein. Rapidement, des divergences d'appréciation surgissent entre ces diverses sensibilités face à la politique de déflation des gouvernements démocrates-chrétiens, à la politique des salaires et au plan Marshall. Les démocrates-chrétiens sont les premiers à quitter la C.G.I.L. en 1948, suivis des sociaux-démocrates et des républicains en 1949. Malgré ces départs, la C.G.I.L. conserve sa prééminence dans le mouvement syndical italien avec environ 5 millions d'adhérents contre moins de 2 millions à ses concurrents grâce au syndicalisme d'action qu'elle pratique et à sa liaison avec un puissant parti communiste.
Dans les années 1960 et dans le contexte nouveau du « miracle » économique italien, la C.G.I.L. adopte une politique plus souple, celle de la conclusion d'accords avec le patronat au niveau d'une entreprise ou d'une région. Parallèlement survient un regain des grèves souvent parties de la base et lancées par des ouvriers jeunes sur des revendications nouvelles (problèmes de santé, de nuisances, de transport, de logement, de travail aux pièces). Ce mouvement atteint son point culminant dans les années 1968-1969 et se solde par l'adoption du Statut des travailleurs, le 20 mai 1970. La C.G.I.L. intègre ces nouvelles données en même temps que sa stratégie évolue vers un rapprochement avec les autres syndicats qui n'est pas sans rapport avec la nouvelle stratégie de compromis historique du P.C.I.
En juillet 1972, la C.G.I.L. constitue avec la Confédération internationale des syndicats libres (C.I.S.L.) et l'Unione italiana del lavoro (U.I.L.) la fédération C.G.I.L.-C.I.S.L.-U.I.L., forme originale d'unité syndicale. La nouvelle fédération entend obtenir, contre l'acceptation d'une politique d'austérité anti-inflationniste et la lutte contre l'absentéisme dans les entreprises, des concessions de la part du patronat notamment en ce qui concerne l'échelle mobile des salaires (accord de janvier 1975 avec la Confindustria). Cependant, la C.G.I.L. dirige de fait seule nombre de mouvements de grève tels celui survenu en 1980 chez Fiat. La rupture de la fédération en 1984 sur les questions de l'échelle mobile des salaires et de l'inflation ne met pas fin à l'unité d'action des trois grandes confédérations.
De 1988 à 1994, sous la direction de Bruno Trentin, le syndicat se modernise de façon décisive. En juillet 1993, après consultation de la base, est signé l'accord historique du palais Chigi sur la politique des revenus, le marché du travail, la politique industrielle et l'emploi public, destiné à mettre fin à la spirale inflationniste. Au début de l'année 2002, la C.G.I.L., qui affiche 5,4 millions d'adhérents, organise plusieurs journées de mobilisation contre la politique sociale du gouvernement Berlusconi, et notamment contre l'assouplissement de la loi sur les licenciements (article 18 du Code du travail). En mars 2006, elle tient son XVe Congrès avec pour thème principal, outre la défense du contrat de travail national contre les propositions de décentralisation, d'assouplissement et de fragmentation des négociations salariales, l'adoption d'un nouveau projet de « pacte fiscal ».