Baath ou Baas
(en arabe Ba‘th, « réveil, résurrection »)
Parti politique issu de mouvements de jeunesse radicale dans la Syrie des années 1930, fondé durant la Seconde Guerre mondiale par trois intellectuels, le chrétien orthodoxe Michel Aflak, le musulman sunnite Salah al-Din al-Bitar et l'alawite Zaki al-Arsuzi.
1. Un mouvement unitaire arabe et socialiste
Cette composition confessionnelle montre la volonté de dépasser les sectarismes de la société syrienne. Alors qu'il est encore un groupuscule, le Baath se dote en 1947 d'une constitution complète définissant ses objectifs politiques et son système organisationnel. C'est le mouvement le plus représentatif de la deuxième génération des organisations nationalistes arabes, celles qui ont une vocation révolutionnaire. Son but essentiel est de réaliser l'unité arabe et d'achever l'indépendance politique, économique et culturelle du monde arabe, du Maroc au golfe Persique. Il s'agit de réaliser la « mission éternelle » de la nation arabe et de retrouver la force des Arabes des origines, ceux qui ont porté l'islam des premiers siècles. Le mouvement se veut socialiste, mais le socialisme n'est qu'un instrument technique au service de la renaissance arabe.
Les fondateurs distinguent un commandement national, dont l'autorité s'étend à l'ensemble du monde arabe, et des commandements régionaux, qui correspondent à chaque pays arabe.
Parti de révolutionnaires professionnels et activistes, le Baath étend ses activités à l'ensemble de l'Orient arabe. Dès la fin des années 1940, il joue un rôle important dans une politique syrienne extrêmement mouvementée. Après avoir tenté une union avec l'Égypte de 1958 à 1961– la République arabe unie –, le Baath y prend définitivement le pouvoir. De même en Iraq, il est un acteur essentiel de la vie politique, après la révolution de 1958, avant de s'emparer du pouvoir en 1968.
2. Au pouvoir en Syrie et en Iraq
Dans les deux pays, le parti a mené une lutte interne féroce pour le pouvoir, qui s'est conclue par la victoire d'un groupe minoritaire.
En Syrie, ce sont des officiers d'origine alawite qui ont profité de l'alliance entre l'armée et le parti pour se saisir du pays et pour éliminer leurs rivaux baassistes et non baassistes. En Iraq, un groupe de civils sunnites issus de la ville de Takrit (Tikrit) a procédé à la même opération. Dès lors, les deux Baath se sont opposés, celui d'Iraq se revendiquant du commandement national des fondateurs tandis que celui de Syrie, issu du commandement régional, était appelé le néo-Baath.
Après la prise de pouvoir, les deux Baath sont devenus des partis de masse destinés à encadrer la population. Ils ne sont plus que des instruments de contrôle de celle-ci et de légitimation du pouvoir. Le programme de résurrection nationale a abouti à des dictatures policières étouffant la vie intellectuelle du pays tandis que la corruption devenait un système de gouvernement. Néanmoins, les deux régimes baassistes ont conservé des objectifs panarabes qui justifient leurs politiques régionales et leurs interventions dans les affaires de leurs voisins arabes.
En Iraq, le parti est chassé du pouvoir à la suite de l'intervention militaire américano-britannique lancée en mars 2003 contre le régime.
Pour en savoir plus, voir l'article Orient arabe.