Thrace
en grec Thráki, en turc Trakya
Région de l'Europe sud-orientale, occupant l'extrémité nord-est de la Grèce, depuis le Néstos, le sud de la Bulgarie et la Turquie d'Europe.
La Thrace grecque comprend les nomes du Rhodope, de Xánthi et d'Évros ; 8 578 km2 ; 329 600 habitants.
La Thrace turque englobe les provinces de Çanakhale, Edirne, Istanbul, Kırklareli et Tekirdaǧ ; 23 764 km2 ; 4 412 700 habitants.
HISTOIRE
Population indo-européenne installée, au IIe millénaire avant J.-C., entre le Danube, la mer Noire et la mer Égée, les Thraces restent longtemps au stade tribal et fournissent à la Grèce des esclaves ou des mercenaires. La richesse de leur pays (bois, or, argent et terres arables) attire les Grecs, qui, à partir du viie s. avant J.-C., colonisent le littoral de l'Égée. La Thrace passe au ve s. sous le contrôle économique des Athéniens. Le peuple des Odryses se constitue un royaume puissant au ive s. Philippe II de Macédoine unifie la Thrace à son profit. Des colonies macédoniennes, Philippes, Philippopolis, introduisent la vie urbaine.
Rome impose son protectorat au pays odryse après Pydna (168) et défend son domaine contre les Scordisques ou les Thraces. La menace dace sur le Danube amène Rome à annexer le nord du pays, qui forme la province de Mésie (vers 6 après J.-C.). En 46, Rome constitue une province de Thrace, incorporée par Dioclétien dans un « diocèse de Thrace ». À partir du ive s., la Thrace est ravagée par les invasions barbares, puis repeuplée par des Slaves (viiie s.), qui s'hellénisent lentement. Les Ottomans en font la province de Roumélie. Depuis le conflit balkanique de 1912-1913, on appelle Thrace la région voisine de l'Égée dont la Grèce, la Bulgarie et la Turquie se sont disputé la possession jusqu'en 1945.
ARCHÉOLOGIE
L'activité artistique et religieuse est attestée dès le néolithique (culture de Karanovo ; trésor de Varna, fin IVe millénaire). Avec le bronze récent apparaît une civilisation proprement thrace. Durant la période dite des rois légendaires (1600-1200 avant J.-C.), les idoles féminines sont présentes de même que la céramique et les armes en bronze ornées de gravures. L'influence de l'Asie Mineure reste dominante pendant le premier âge du fer, qui a laissé de nombreuses sépultures mégalithiques sous tumulus et des hypogées rupestres. Avec le deuxième âge du fer, dit « époque des grands royaumes (525-280) », cette civilisation des tumulus atteint son apogée. Les échanges économiques entre ces riches cités-États et les Grecs sont constants et l'interpénétration des influences est enrichissante : trésors de Douvanli (près de Plovdiv, au sud de la Bulgarie) pour les vie et ve s. avant J.-C. ; trésors de Vratza, Panagjurište pour les ive et iiie s. avant J.-C., où l'influence hellénistique est de plus en plus marquée. Aux migrations celtiques succède la romanisation, qui transmet sa mythologie et surtout son urbanisation. C'est à nouveau l'orfèvrerie qui reste dépositaire du génie thrace.