Le 5 novembre, la presse parisienne connaît des arrêts de travail après le rejet, par le cabinet de Jean Le Garrec, ministre délégué chargé de l'Emploi, d'un contrat de solidarité déposé par l'ensemble des entreprises de presse.

La 1re chambre de la cour d'appel de Paris refuse de prendre en considération le testament – non signé – d'Émilien Amaury, écrit le 29 mai 1968, en faveur de sa fille Francine.

Jean-Charles Lignel innove : en tant que directeur de journal, il se désolidarise de ses journalistes dans un procès en diffamation.

Un attentat contre Minute est revendiqué par Action directe, et Hara Kiri est poursuivi pour un dessin évoquant la catastrophe de Beaune.

Publicité

Brigitte Gros, avec 21 sénateurs, dépose une Charte pour garantir la liberté de la presse sous forme de proposition de loi. Elle tient en quatre points : permettre le développement de la publicité dans la presse écrite en rétablissant le verrou de 25 % de publicité à la télévision ; instituer pour les entreprises de presse un crédit d'impôt ; organiser un système de livraison rapide des journaux ; accorder aux entreprises de presse la possibilité de devenir des entreprises de communication multi-médias.

Enfin, on notera qu'au cours de ce semestre une campagne de publicité commerciale pose le problème de sa publication dans les journaux d'une tendance politique opposée. Certains l'acceptent, d'autres la refusent : beau sujet de discussion pour les années à venir !

Édition

Après une période de hausse, le prix du livre connaît un ralentissement certain au milieu de l'année : l'indice général progresse en mai 1982 de 0,8 % contre 0,59 % pour les ouvrages non scolaires et 0,44 % pour les livres scolaires. Mais la situation de l'édition demeure difficile : alors que le blocage des prix est en vigueur, on vend des produits qui ont été confectionnés avant ce blocage.

De plus, certaines mesures risquent de provoquer une véritable asphyxie des éditeurs, comme le dépôt d'un dossier complet pour chaque ouvrage à la Direction générale de la concurrence et de la communication, qui doit signifier son accord dans le délai d'un mois. Au cours des mois de juillet et août 1982, l'application effective d'une telle mesure aurait entraîné le dépôt de quelque 5 000 dossiers ! Le Syndicat national de l'édition souscrit auprès du ministère de l'Économie et des Finances un engagement de lutte contre l'inflation pour la période qui suit le blocage des prix. La limitation du discount à 5 % provoque un conflit avec les Centres Leclerc, qui pratiquent un rabais supérieur. Sur plainte du Syndicat des libraires, ils sont condamnés. Mais Édouard Leclerc interjette appel, dépose en Conseil d'État une mesure en annulation de la loi Lang, à laquelle il reproche de restreindre les lois de la concurrence et d'être en contradiction avec la législation européenne. Des aides sont consenties à l'exportation : les services communs à l'ensemble des exportateurs de livres reçoivent 8 millions de F de subvention. Le livre pratique arrive en tête des exportations avec 34 % du total, suivi par la littérature générale, 31,5 %, les livres scolaires, 11,2 %. Viennent ensuite les encyclopédies, les livres scientifiques et de sciences humaines. En rachetant les participations de Paribas et d'Europe 1, le Crédit lyonnais devient le principal actionnaire du groupe Hachette avec 14,6 % du capital.

Les hommes

Jean-Manuel Bourgois devient président du Syndicat national de l'édition. Jean-Marie Cavada entre chez Grasset pour diriger une collection de documents. Yvon Chotard est réélu président du Cercle de la Librairie. Charles-Henri Flammarion succède à Frédéric Ditis à la présidence des Éditions J'ai lu. Ce dernier, qui en reste toutefois administrateur, est nommé directeur de l'édition de grande diffusion chez Hachette. Bernard-Henri Lévy est nommé conseiller au Livre de poche pour la non-fiction. Paul Otchakovski-Laurens, qui dirigeait Hachette-Pol, quitte ce groupe pour créer sa propre maison d'édition. Françoise Verny, directrice littéraire, quitte les Éditions Grasset pour entrer à la direction de Gallimard.