En développant un tel programme, alors qu'elle a déjà lancé plusieurs dizaines de satellites depuis 1970 et acquis la maîtrise non seulement du lancement mais aussi de la récupération d'engins spatiaux, la Chine poursuit plusieurs objectifs. Il s'agit en premier lieu pour elle d'asseoir son image en tant qu'acteur majeur de la scène internationale et d'établir sa présence en orbite, alors que, pour des raisons politiques, elle n'est pas associée au programme de la Station spatiale internationale. Le second objectif est militaire : doté d'un hublot autorisant l'imagerie optique à haute résolution, le module orbital du vaisseau Shenzhou, maintenu en orbite sept à huit mois, emporte vraisemblablement une caméra à résolution métrique qui en fait un satellite de reconnaissance très performant. Le troisième objectif est scientifique : avec le vaisseau Shenzhou, les Chinois peuvent désormais entreprendre un large éventail de recherches, dans des domaines tels que l'observation de la Terre, la géophysique, l'astrophysique, la physique et la biologie en micropesanteur, etc. Enfin, Shenzhou constituera le vaisseau de transport qui assurera la desserte de la future station spatiale chinoise.
Philippe de La Cotardière
Yang Liwei, un ancien pilote de chasse
Né en 1965, à Huangzhong, dans la province de Liaoning (Nord-Est), d'un père économiste et d'une mère enseignante, Yang Liwei est devenu pilote de l'armée de l'air en 1983. Dix ans plus tard, il figure au nombre des 14 futurs spationautes chinois sélectionnés parmi 2 000 pilotes d'environ trente ans, d'une taille de 1,70 m et d'un poids de 50 kg. Son entraînement s'effectue ensuite dans le complexe militaro-spatial de la Cité de l'espace de Pékin, entouré d'un secret total, même pour sa femme et son fils. Sa remarquable stabilité psychologique lui vaut d'être finalement choisi parmi trois finalistes pour devenir le Gagarine chinois.
Yang Liwei est le premier Chinois mais pas le premier asiatique envoyé dans l'espace. Avant lui, ont en effet séjourné en orbite autour de la Terre, le Vietnamien Pham Tuan en 1980, le Mongol Jugderdemyin Gourratcha en 1981, l'Indien Rakesh Sharma en 1984 et le Japonais Toyohiro Akiyama en 1990. Toutefois, ces derniers n'ont pas volé à bord de vaisseaux spatiaux de leur pays, mais de vaisseaux russes.
En chinois, spationaute se dit yuhangyuan (« navigateur de l'Univers »). Mais, dans les médias occidentaux, l'usage s'est établi de désigner un spationaute chinois sous l'appellation de taïkonaute, mot forgé à Hongkong à partir du chinois taikong (« espace »).