Le caractère subit et symbolique de la défaite électorale en Hesse résonne comme un retour aux évidences. Le décalage entre la société allemande et la victoire de septembre 1998 est énorme et ne saurait être dépassé par le simple activisme d'une équipe ministérielle trop peu expérimentée pour relever les défis qu'elle s'est fixée. Dès l'annonce de la défaite, les responsables politiques sociaux-démocrates déclarent qu'ils ont compris la leçon, les électeurs allemands n'apprécient pas les deux grandes réformes proposées par les Verts (dans leur fief de la Hesse, ces derniers perdent quatre points en passant de 11,2 % à 7,2 %). Oskar Lafontaine annonce qu'il va falloir modifier les projets de réforme et trouver des solutions qui soient soutenues par tous. L'heure est donc aux compromis. Le pire pour Schröder serait de croire que cette défaite n'est due qu'à un défaut de communication. Il lui faut admettre que la situation est plus sérieuse.
Serge Cosseron
Entre Kosovo et Berlin
Si sur le front intérieur, la coalition rouge-verte connaît une situation difficile, sur le front extérieur, sous la houlette du ministre vert des Affaires étrangères, Joschka Fischer, l'Allemagne sort définitivement de sa situation de partenaire à droit limité pour gagner celle de partenaire à part entière dans le cadre de l'OTAN. Dans le cadre de la crise dans l'ex-Yougoslavie, les soldats allemands sont autorisés par leur Parlement à participer aux actions de l'OTAN. Un pas de plus sera franchi en juin, quand l'armée allemande obtient un secteur dans le Kosovo. Pour la première fois, depuis l'après-guerre, l'Allemagne est chargée des mêmes tâches de maintien de l'ordre, comme la Grande-Bretagne, les États-Unis et la France.