Ce qui n'est pas chose facile compte tenu des récents différends frontaliers entre les deux pays, dus à une incursion algérienne le 30 septembre, perçue comme un test de la capacité de réaction du nouveau roi. Contenir l'intégrisme islamiste – en progression dans les universités, notamment dans le principal syndicat étudiant, l'UNEM –, qui alimente la terreur en interdisant toute manifestation politique ou culturelle contraire à ses principes. Pour progresser, le nouveau roi devra comme son père jouer avec la religiosité des Marocains, composer avec les religieux et laisser une place à la tradition et à l'islam. Enfin, pour s'imposer, il devra, à l'image de son ami, le roi d'Espagne Juan Carlos Ier, moderniser les institutions politiques et réformer le Maghzen, système de gouvernance pilier de la monarchie marocaine, trop longtemps fondé sur le clientélisme et les féodalités, qui joue un rôle essentiel dans la régulation et l'encadrement de la population.
Mohammed VI pourra compter sur le soutien du Premier ministre et sur celui d'une nouvelle administration civile et de certains relais novateurs parmi les chefs d'entreprise.
Céline Cabourg
Les autres défis de Mohammed VI
– Lutter contre la corruption, qui gangrène complètement un système encore en grande partie régulé et géré par les clientélismes féodaux.
– Défendre la représentation des femmes et leur liberté, avec cette remarque encourageante du nouveau roi : « Comment espérer atteindre le progrès et la prospérité, alors que les femmes, qui constituent la moitié de la société, voient leurs intérêts bafoués ? »
– Réformer la justice.
– Se concentrer sur l'alphabétisation, le taux officiel étant assurément inférieur au taux réel estimé à environ 74 %.
– Favoriser le développement d'élections entièrement libres, hors du contrôle du ministère de l'Intérieur.