Les élections du « mid-term », une chance pour Clinton ?
À force d'entendre dire que les républicains allaient remporter les élections dites « de mid-term », on avait fini par le croire. Cette erreur de jugement rappelle l'immense bévue de 1945 lors de l'élection présidentielle opposant Harry Truman au républicain Dewey. Mais, en dépit de l'échec des républicains, la procédure d'impeachment engagée contre Bill Clinton suivait toujours son cours.
Les débuts de la campagne démocrate de 1998 n'étaient guère prometteurs. Durant l'été, en raison du scandale Lewinsky, le président Clinton paraissait considérablement affaibli dans son parti, dans son équipe de la Maison-Blanche, voire même auprès de ses amis. Des lointains d'Hawaï, le vice-président Albert Gore avait apporté un soutien d'une éloquente tiédeur. Mme Dianne Feinstein, sénateur démocrate de Californie, s'était déclarée « dégoûtée ». Nombre d'hommes politiques démocrates, soucieux de soigner leur image de possible candidat aux présidentielles de l'an 2000, avaient décliné le soutien du président lors de leur campagne électorale.
Le taux de participation de 36 % est le plus bas depuis 1942. Or, on considérait en général que cette situation favorisait plus le COP (Grand Old Party) que les démocrates. Pour la première fois, c'est le contraire qui s'est produit. L'abstention ne joue plus nécessairement en la faveur des républicains. La fraction mouvante de l'électorat non fidélisé (swing voters) n'a pas été sensible à la campagne de déstabilisation du président Clinton.
Un vote centriste...
Contrairement à novembre 1994, on n'assiste pas à un bouleversement mais à un rééquilibrage en faveur du parti démocrate. Rien de comparable au raz de marée qui avait propulsé les républicains en novembre 1994. C'est plus d'immense soulagement que de grande victoire qu'il convient de parler du côté démocrate. Car les républicains conservent la majorité dans les deux Chambres. Le Sénat reste stable même si les démocrates reconquièrent 6 sièges à la Chambre des représentants, ce qui confirme le premier rétablissement de 1996.
Le sénateur républicain D'Amato, qui s'était fait remarquer pour ses positions radicales en politique étrangère, perd après seize années l'État de New York où se maintient le prudent gouverneur républicain George Pataki.
Peu de gouverneurs ont changé, mais la Californie, État le plus peuplé, a favorisé les démocrates. Ce dernier résultat est à la fois le plus spectaculaire et le plus lourd de conséquences à terme, en raison du poids considérable de cet État dans les élections présidentielles. Al Gore, s'il se déclare candidat, ce qui paraît hautement probable, trouve peut-être là l'atout maître pour l'élection présidentielle de novembre 2000. Restent les graves accusations pour pratiques illicites de collectes de fonds dans la campagne présidentielle de 1996. Avec ténacité et habileté, l'attorney général, Mme Janet Reno, s'emploie efficacement à déclarer irrecevables les procédures d'enquête.
... et conservateur
Le vote de 1998 aura été centriste et conservateur au sens où l'électorat américain, très satisfait de la conjoncture économique, s'est détourné de tout aventurisme et de tout extrémisme. De ce fait, il a favorisé Bill Clinton parce que celui-ci a su se placer dans l'axe des aspirations de la middle class américaine qui colle à la conjoncture. Le président a su disputer victorieusement le terrain traditionnel de ses adversaires conservateurs : durcissement de la législation contre le crime, renforcement des effectifs de police, réduction des impôts et du déficit budgétaire, relance de l'Education nationale. Il ne restait donc aux républicains que la lutte pour les valeurs, des positions dures de politique étrangère et de défense qui ne mobilisent plus guère l'électorat et, bien sûr, l'affaire Lewinsky.
Les divisions idéologiques des républicains
Le problème du Parti républicain est qu'il n'est pas parvenu à se trouver une image ouverte, plurielle et cohérente. Pris entre des courants conservateurs radicaux tels que la droite religieuse et un courant réformiste modéré, le GOP oppose et divise les électeurs plus qu'il ne les rassemble.