Mais ce scénario ne peut se réaliser que si la coalition gouvernementale ne se déchire pas sur les questions les plus délicates. C'est à propos de l'attitude envers M. Berlusconi que MM. D'Alema et Cossiga pourraient diverger. Loi sur le conflit d'intérêts entre bénéficiaires de marchés publics et responsabilités politiques ; respect plus ou moins grand de l'autonomie des juges enquêtant sur les délits commis par M. Berlusconi avant qu'il n'entre en politique : l'UDR sera intransigeante sur ces sujets afin de sortir le chef de FI du jeu politique. M. D'Alema essaiera de le protéger, mais ne pourra aller trop loin : son électorat, bien plus que celui de l'UDR, souhaite que la justice suive son cours. Ainsi, aux prochaines élections, les alliés actuels pourraient se présenter l'un contre l'autre. La gauche pourrait se retrouver minoritaire, après seulement deux années à la tête du pouvoir. Mais la mise à l'écart de M. Berlusconi ferait enfin de l'Italie « un pays normal ».
Luciano Bosio
Le déclin de Silvio Berlusconi ?
Le lendemain du vote de confiance à M. D'Alema, des milliers de manifestants convoqués de longue date par la droite défilaient dans Ta capitale aux cris de « À bas le gouvernement communiste ». Mais peut-être célébraient-ils sans le savoir les débuts du déclin de leur dirigeant, M. Berlusconi, qui risque d'entrer dans l'histoire comme le chef de droite qui a permis aux « communistes » de DS de parvenir finalement au pouvoir. Avec les voix déterminantes de députés qu'il avait fait lui-même élire ! Et, bien que M. D'Alema l'aide depuis deux ans à se maintenir en selle, le considérant comme le moins dangereux des adversaires, il est probable que la direction de l'opposition passe avant les prochaines élections dans les mains du chef d'AN, M. Fini, très populaire dans les sondages. M. Cossiga pourrait dès lors lancer son OPA sur l'électorat de Forza Italia.