Plus généralement l'économie japonaise est entrée au début des années 90 dans une phase de maturité : l'ère de la croissance rapide appartient au passé, le retour sur investissement n'atteindra jamais plus son niveau d'antan et le mouvement de délocalisation des entreprises – en Asie du Sud-Est, aux États-Unis et en Europe – paraît irréversible. Face à la globalisation du marché financier et à la déréglementation – qui touche le commerce de détail comme les services –, le Japon s'est trouvé privé des protections d'un système longtemps maintenu en vase clos. Entraîné dans une « économie de casino » par la bulle spéculative, l'archipel s'est trouvé dans l'obligation de se dégager du dirigisme qui fut à l'origine de son expansion. À cet égard, l'année 1998 peut être considérée comme une année charnière. En prenant à bras le corps la question des créances dites « douteuses », un euphémisme, le gouvernement Hashimoto avait envoyé un signal politique fort : l'archipel est prêt à jouer la carte de l'ouverture, dont témoigne au premier chef celle du marché financier.
Philippe de l'Enfernat
Le modèle japonais a l'épreuve
Selon le rapport de la Banque du japon, la pratique de l'emploi garanti « à vie » a empêché la mobilité des salarié vers les secteurs à forte croissance. Ajouté au vieillissement de la population, le phénomène explique les gains de productivité déplus en plus faible au japon. Aussi les analystes sont-ils unanimes : pour retrouver le chemin de la croissance, le japon va devoir s'ouvrir et mettre un terme, notamment, au système de la « préférence nationale » appliquée à tous les niveaux de l'économie. De plus, avec la libération du contrôle des changes, intervenue le 1er avril 1998, une nouvelle étape est engagée sur la voie de l'ouverture de l'économie japonaise : les épargnants de l'archipel peuvent désormais placer leur épargne où bon leur semble, tandis que le pouvoir politique et les banques ne pourront plus, comme par le passé, compter sur une épargne abondante et peu rémunérée pour réaliser des investissements peu rentables et souvent superflus.