Actualité française

Les fonds de pension

Créés par la droite pour permettre aux salariés de compenser la baisse inéluctable des retraites, les fonds de pension sont dénoncés par la gauche. Celle-ci estime que ces fonds risquent de mettre à mal le système de retraite par répartition qui a cours en France depuis des décennies et qu'ils ne profiteraient en fin de compte qu'à une minorité de privilégiés.

Adopté par le Parlement, le 25 mars 1997, le Plan d'épargne retraite (PER) offre la possibilité aux salariés de constituer un capital qui, le jour de leur retraite, sera transformé en rente viagère. C'est un système de capitalisation et de revenu différé constitué par les apports financiers des salariés et les abondements de leur entreprise.

Le PER appelé aussi fonds de pension va-t-il rester dans le domaine de la pure virtualité ? À voir les réticences du gouvernement de Lionel Jospin à reconnaître les mérites de ce système de retraite volontaire par capitalisation, il y a de fortes chances que les décrets d'application ne voient jamais le jour sous la forme envisagée. En réalité, le débat est idéologique et recouvre le vieux clivage gauche-droite : libéralisme contre protection sociale à la française ; adhésion individuelle contre solidarité collective.

Des intentions louables

À l'origine, pourtant, l'intention de Jean-Pierre Thomas, inspirateur et rapporteur UDF de la loi, semble louable. Son constat est simple : les PER viennent consolider le système de la retraite par répartition et offrent aux salariés les moyens d'affronter la baisse inéluctable des pensions provenant des régimes obligatoires. Deux incitations spécifiques sont créées pour les promouvoir : une économie d'impôt sur les sommes investies par le salarié et la possibilité pour l'employeur d'abonder les versements de ses salariés dans de bonnes conditions fiscales et sociales. Mais pour la gauche, une telle loi n'est pas acceptable en l'état Les socialistes estiment qu'elle est doublement injuste parce que, d'abord, elle ne profite qu'aux salariés les plus aisés, ceux qui ont les moyens d'épargner ; ensuite, parce qu'elle met en danger les régimes de retraite par répartition en les privant de cotisations puisque l'abondement des entreprises n'est pas soumis pour une très large part à charges sociales. D'où, selon les socialistes, un nouveau déséquilibre des caisses qui mettrait en péril les retraites de tous les Français pour le seul bénéfice de quelques privilégiés.

Les réactions des intéressés

Mais au-delà de ces questions doctrinales qui risquent, avec le retour de la gauche aux affaires, de mettre à mal ces fameux fonds de pension, reste à savoir, dans l'hypothèse où la loi Thomas résisterait au changement de majorité du mois de juin, comment les entreprises et les salariés réagiront à ce système de capitalisation, nouveau pour beaucoup d'entre eux. Les entreprises se laisseront-elles séduire par les avantages fiscaux des PER au point d'en créer ? Ne vont-ils pas seulement bénéficier aux seules grandes entreprises ? Les salariés, de leur côté, qui, en cette période de difficultés économiques, privilégient les formules les plus souples et les plus liquides, vont-ils prendre le risque de verser une partie de leurs économies dans ce système de capitalisation à long terme ? Autant de questions qui remettent en cause la pérennité des fonds de pension.

B. M.

5 700 francs pour 800 francs

Selon les calculs de la Caisse nationale de prévoyance, un Français qui verserait 800 F par mois à un PER, à partir de l'âge de 20 ans, obtiendrait à 60 ans une rente mensuelle de 5 712 F en tenant compte d'un retrait de 20 % en capital au moment de son départ à la retraite. La rente serait de 3 077 F pour celui qui commence à cotiser à 30 ans, de 1 533 F à 40 ans et de 576 F à 50 ans.

Les relations franco-africaines en 1997

En mars 1997, Jacques Foccart s'éteignait. Avec la disparition de l'éminence grise de la France pour les Affaires africaines, c'est toute une époque qui est révolue. À ce moment précis, le régime corrompu du général Mobutu fait figure de symbole des errements de la politique africaine de la France. Paris n'a plus les moyens d'intervenir militairement alors qu'elle peine à convaincre ses allies anglo-saxons de le faire.