Aéronautique : reprise et regroupements
L'année a été marquée par deux changements. Le premier a été la reprise importante des commandes d'avions neufs par les compagnies aériennes, en particulier au profit de l'américain Boeing et de l'européen Airbus Industrie. Le second s'est concrétisé par des rapprochements, voire des fusions, entre sociétés ou groupes importants de l'industrie aéronautique mondiale, tout d'abord aux États-Unis et, actuellement, en Europe et en France.
Fin septembre, Boeing totalisait 425 commandes, tous types confondus, contre 231 au 30 septembre 1995. À la même date, Airbus Industrie avait enregistré 258 commandes, contre 66 en 1995, et le constructeur devait largement dépasser les 400 avant la fin de l'année. Après ILA 96 à Berlin, le grand succès Africa 96 à Johannesburg, marquant le retour de l'Afrique du Sud dans la communauté aéronautique mondiale, c'est à Farnborough International, tenu près de Londres début septembre, que la reprise de la construction aéronautique a été confirmée et que les deux principaux avionneurs mondiaux ont dévoilé leurs projets de super-jumbos : les Boeing B 747-500 et 747-600, versions allongées et à plus grand rayon d'action du Boeing B 747-400, les nouveaux Airbus A340-500 et A340-600, versions également allongées et à plus grand rayon d'action (15 000 km pour la version -500), et, surtout, le lancement annoncé du programme A3XX, « le plus gros avion du monde », transportant 555 passagers sur deux ponts en version triclasse, ou plus de 800 en classe unique sur des distances atteignant 15 750 km et dans des conditions de confort inégalées à ce jour.
Un Boeing comme avion d'affaires !
Pour concurrencer les deux nouveaux avions d'affaires à très long rayon d'action, le Global Express de Bombardier et le Gulfstream G V, Boeing propose le Boeing Business Jet, un B 737 aménagé VIP et offrant une cabine beaucoup plus vaste que celles des deux autres appareils, cela pour un prix similaire de 35 millions de dollars. Transformable, la cabine pourrait accueillir 50 membres du personnel d'une société, ou 10 dirigeants, disposant de bureaux et d'espaces privatifs, sur des distances avoisinant 9 600 km. Ce BBJ, offrant une surface habitable 250 % plus grande que celle de ses rivaux, devrait se faire une place sur le marché des super-jets d'affaires.
Des unions plus ou moins volontaires
Conditions économiques obligent, les principaux constructeurs aéronautiques ont entamé une politique de rapprochement, quand il ne s'agit pas de fusion pure et simple. Le mariage Lockheed-Martin Marietta a fait du groupe américain l'un des plus puissants du monde en ce domaine. Après la fusion Northrop-Grumman et le rachat des activités Espace et Défense de Rockwell International (bombardier B-1B, navette spatiale, moteurs spatiaux, missiles stratégiques, satellites GPS, etc.) par Boeing, le mariage voulu par Jacques Chirac d'Aerospatiale et de Dassault-Aviation, en cours de négociation, a suscité moins d'enthousiasme au début de la part de Serge Dassault, soucieux de ne pas voir les bénéfices de son groupe combler le déficit d'Aerospatiale. La nette amélioration des résultats de celle-ci et l'arrivée d'Yves Michot à sa tête ont rendu l'avionneur plus réceptif et l'affaire semble maintenant en bonne voie d'aboutir. Dans le secteur des petits porteurs, la création d'AI(R) [Aero International (Regional), qui regroupe ATR, filiale commune d'Aerospatiale et d'Alenia (Italie), et les deux filiales de British Aerospace, Avro et Jetstream], qui propose une gamme de biturbopropulseurs et de jets, vient de lancer le projet AIR 70, biréacteur de 70 places, tandis qu'Aero International Asia (AIA), filiale commune d'Aerospatiale, de British Aerospace et d'Alenia, a signé en juillet à Pékin, avec Avic, société chinoise de construction aéronautique, et Singapore Technologies Pte Ltd, une « lettre d'intention exclusive » en vue de la production d'une nouvelle famille de jets commerciaux de 100 places à vocation mondiale, la Chine ayant finalement préféré l'Europe à la concurrence américaine. Un accord a été également conclu entre la Chine et CFM International, filiale commune de Snecma (France) et de General Electric (États-Unis), pour la conception et la fabrication de pièces destinées aux réacteurs de ce futur avion de 100 places.