Au plan politique, de fortes tensions sont provoquées par le meurtre, le 17 septembre 1994, d'Ambartsoum Galstian, ex-maire d'Erevan et l'un des artisans de l'indépendance du pays. Suite à cet assassinat, le président Levon Ter-Petrossian interdit pour six mois le parti « historique » Dachnak, qui critique sa politique économique et sa gestion circonspecte du conflit avec l'Azerbaïdjan. Des arrestations, des procès expéditifs suivent. Le 5 juillet 1995, des élections législatives donnent au parti au pouvoir, le Mouvement national arménien, une large majorité au nouveau Parlement (170 des 190 sièges). Mais les observateurs de l'OSCE n'hésitent pas à qualifier ce scrutin de « libre mais non équitable ».
Chrono. : 5/07.
Azerbaïdjan
Amputé des 20 % de son territoire conquis par les troupes arméniennes, contraint de subvenir aux besoins de un million de réfugiés (sur une population de 7,2 millions d'habitants), l'Azerbaïdjan a accumulé beaucoup de retard dans les réformes envisagées : le programme de privatisation des petites et moyennes entreprises, adopté en 1994, ne sera pas mis en œuvre avant 1996 et les grandes privatisations ont été repoussées aux dernières années du siècle. Ces difficultés, en dépit de l'attribution en mars 1995 par le FMI d'une première tranche de crédits de 170 millions de dollars, conduisent le président Gueïdar Aliev à se rapprocher de la Russie (tout en refusant la présence de troupes russes sur le sol azerbaïdjanais).
Mais c'est surtout l'espoir d'un imminent « miracle pétrolier » qui mobilise les énergies à Bakou. En effet, en 1995, l'exploitation du pétrole de la mer Caspienne entre dans sa phase active, avec le forage de plusieurs puits d'essai. L'État azerbaïdjanais conclut avec la plupart des grandes compagnies occidentales et la Russie des accords d'exploitation en vertu desquels 511 millions de tonnes de pétrole seraient extraites en trente ans. Il pourrait ainsi devenir un producteur de rang moyen de l'OPEP à la fin du siècle et bénéficier d'une rente correspondant à la moitié du pétrole extrait. En attendant, le pays souffre d'une pénurie persistante d'énergie, avec une prévision d'extraction pétrolière de seulement 9,1 millions de tonnes en 1995 (12,5 millions en 1980).
Le tracé de l'oléoduc destiné à acheminer le pétrole de la mer Caspienne vers l'Europe suscite de très vives rivalités dans la région. Moscou pèse de tout son poids en faveur de la « route du nord » : celle-ci rejoint le port de Novorossisk, emprunte ensuite la voie maritime, puis, de nouveau par oléoduc, va du port bulgare de Burgas à la ville grecque d'Alexandroupolis. Ce projet bénéficie de l'existence d'infrastructures déjà en place, mais il souffre d'un tracé qui lui fait traverser l'imprévisible Tchétchénie. La Turquie et le président de la Géorgie se font les avocats de la « route du sud », qui traverse leurs territoires respectifs. Après avoir penché en faveur de la seconde solution et évalué les incertitudes géopolitiques de l'un et l'autre projet, le gouvernement et les compagnies pétrolières américaines semblent s'orienter vers une solution de compromis : un double tracé, par le nord et par le sud. Le président Gueïdar Aliev, qui a été victime de trois tentatives de coup d'État en moins de dix mois, espère que le pétrole lui fournira les moyens financiers de renverser le cours de la guerre qui oppose son pays à l'Arménie, d'échapper à la tutelle de la Russie et de rétablir son autorité politique.
Géorgie
Le conflit avec les séparatistes abkhazes continue de miner la vie politique et l'économie de la Géorgie. Devenue un des États les plus démunis de la CEI, la Géorgie subit un taux d'inflation de 2 000 % par an et souffre d'un fort endettement (elle doit par exemple 500 millions de dollars au Turkménistan, qui l'approvisionne en pétrole). En 1995, l'objectif de rendre l'agriculture – sa principale ressource – de nouveau exportatrice demeure inaccessible. Cependant, l'attribution en novembre 1994 d'un prêt de 280 millions de dollars par le FMI permet un redressement progressif de la situation économique à partir du printemps 1995.