Portraits

Peter Blake, le grand blond avec des chaussettes rouges

Peter Blake est un géant des mers. Et sa taille, 1,93 m, n'y est pour rien. Après avoir tout gagné, sur tous les océans du globe, il a conduit, en mai, la Nouvelle-Zélande à sa première victoire dans la Coupe de l'America. La performance n'est pas anecdotique : depuis la création de l'épreuve, en 1851, l'aiguière d'argent n'avait échappé qu'une seule fois aux États-Unis.

L'homme du miracle néo-zélandais, pourtant, n'est pas un régatier. Navigateur des temps modernes, sir Blake (il a été fait chevalier de l'Empire britannique) est un aventurier, un marin chevronné qui a inscrit sur son livre de bord personnel plus de un million de kilomètres, écumés dans toutes les eaux salées de la planète.

Né en 1948 sur une terre de rugby, Peter Blake passera son enfance à tirer des bords dans la baie d'Auckland. À 22 ans, il effectue un grand plongeon vers l'inconnu. Il quitte la Nouvelle-Zélande pour rallier une autre île, la Grande-Bretagne. Il y rencontre un homme qui va sceller son destin : Robin Knox-Johnston, le premier vainqueur du Golden Globe, course autour du monde en solitaire et sans escale, organisé en 1968. Blake ne songe qu'à devenir un architecte naval, mais il ne peut résister à l'appel des sirènes. Il embarque donc en compagnie de Robin Knox-Johnston pour un convoyage jusqu'au Cap. Les deux marins se lient d'amitié, et l'élève suit le maître à bord de son voilier pour participer, au début de l'année 1971, à l'épreuve Le Cap-Rio de Janeiro, puis, en 1973, à la première course autour du monde en équipage, la Whitbread. C'est le début d'une longue histoire d'amour.

Peter Blake sera l'unique navigateur à prendre le départ, et à franchir la ligne d'arrivée, des cinq Whitbread suivantes. Devenu, en 1981, maître à bord de son propre bateau, le Néo-Zélandais progresse à chaque édition. Troisième en 1981, deuxième en 1986, il atteint le Graal en 1990 : la première place et le grand chelem (6 victoires d'étapes sur 6).

Deux ans et quelques victoires dans des courses au large plus tard, il accepte de prendre la direction du Défi néo-zélandais dans la Coupe de l'America. L'équipage kiwi manque de préparation et, surtout, Peter Blake n'est pas vraiment décisionnaire. La sentence n'est pas surprenante : le Défi échoue en finale des challengers.

C'est un autre défi qui consacrera celui que l'on surnomme à cause de sa grande taille « Six-Four » (six pieds quatre pouces, l'équivalent anglo-saxon de 1,93 m). En 1994, en compagnie de Robin Knox-Johnston, il part à la conquête du Trophée Jules-Verne, le tour du monde en équipage en moins de 80 jours. C'est le type de challenge qu'il aime relever : « C'est une épreuve qui renvoie la voile à ses origines, sans règles de jauge ni contrôles. Une affaire d'honneur et de vitesse. » L'honneur sera sauf, les hommes de l'Enza-New-Zealand termineront leur périple après moins de 74 jours de mer...

La dernière ligne de son impressionnant palmarès, sir Blake l'a donc écrite en 1995. À San Diego, l'Amérique a découvert sa sauvage et longue chevelure blonde, ses épaisses bacchantes et son regard bleu azur. Elle ne l'oubliera pas de sitôt, comme elle se souviendra longtemps de son extraordinaire suprématie sur la flotte (une seule défaite sur 43 régates disputées, en cinq mois). Étrangement, l'unique faux pas est intervenu alors que (parce que ?) Peter Blake – blessé – n'était pas à bord. Pas plus que ses chaussettes rouges, celles qu'il portait lors de la première régate et qu'il a religieusement gardées jusqu'en finale. Les red socks sont devenues au pays des All-Blacks un porte-bonheur national. Après la victoire de Peter Blake et de son équipage, il s'en est vendu plus de 100 000 paires en Nouvelle-Zélande...

Jonathan Edwards, le divin Edwards

« C'est Dieu qui me guide. Moi, je suis juste un type tout ce qu'il y a d'ordinaire. » Tout est dit. En quelques mots, Jonathan Edwards a dressé un autoportrait des plus justes. Dévot et modeste, ce sont en effet les deux traits qui caractérisent le mieux sa personnalité.