Le 12 janvier, un « communiqué commun » a mis un terme officiel à plus d'un an de brouille entre la France et la Chine, provoquée par la vente des Mirage (avions de combat fabriqués par Dassault) à Taïwan, que Pékin considère toujours comme « une province renégate ». La France s'est engagée à ne plus vendre « d'armes offensives » à Taïwan, tout en reconnaissant que l'île « fait partie intégrante du territoire chinois ». En avril, le Premier ministre Édouard Balladur s'est rendu en Chine et a dû fermer les yeux sur les arrestations de dissidents qui ont ponctué sa visite. Le président Jiang Zemin a été reçu en grande pompe en France au mois de septembre. De leur côté, les États-Unis ont accepté début juin de « délier » les droits de l'homme et le commerce en renouvelant sans condition la « clause de la nation la plus favorisée », un accord douanier qui facilite les échanges entre la Chine et les États-Unis. Washington a développé au cours de l'année son « engagement constructif » en Chine en multipliant les échanges de visites et en reprenant la coopération militaire avec Pékin. La Chine est clairement devenue l'un des pôles d'intérêt essentiels des États-Unis en terme de commerce et de diplomatie. De leur côté, les autorités chinoises ont montré que, à leurs yeux, seuls les États-Unis étaient un interlocuteur à leur mesure.
Les relations avec la Grande-Bretagne ont continué à se dégrader à propos de la colonie britannique de Hongkong, qui doit être rétrocédée à la Chine le 1er juillet 1997. Le Parlement de Hongkong a adopté fin juin, à la fureur de Pékin, les réformes démocratiques proposées par le gouverneur britannique Chris Patten, et les élections municipales de septembre ont été favorables aux partis libéraux. Chinois et Britanniques coopèrent néanmoins sur les dossiers techniques (financement de l'aéroport, reconversion des terrains militaires, etc.).
Les relations se sont également envenimées avec le Japon au mois d'octobre, à propos de Taiwan. Les autorités japonaises ont autorisé un vice-ministre taïwanais à assister aux jeux Asiatiques qui se tenaient à Hiroshima, contre l'avis de Pékin. Le voyage en Chine du Premier ministre japonais, prévu en novembre, a été reporté sine die.
Les relations avec Taïwan se sont dégradées à la suite de « l'affaire du lac Qiandao », révélée début avril : 32 personnes, dont 24 touristes taïwanais, qui effectuaient une croisière sur le lac Qiandao (province du Zhejiang) le 31 mars ont été retrouvées carbonisées dans une salle du bateau. Les autorités chinoises ont affirmé pendant plusieurs jours qu'il s'agissait d'un accident, jusqu'à ce que Taïwan suspende les échanges touristiques et culturels entre les deux pays, forçant ainsi Pékin à ouvrir une enquête. Trois Chinois ont finalement été condamnés à mort pour le meurtre supposé, après avoir plaidé coupables. L'opinion taïwanaise, très suspicieuse à l'égard de la Chine après plus de quarante ans de propagande anticommuniste, est restée très marquée par cette affaire. Les échanges ont néanmoins repris progressivement des deux côtés du détroit, et un sixième round de négociations pour le rapprochement entre Taïwan et le continent est prévu le 21 novembre. De leur côté, les autorités taïwanaises ont multiplié les opérations pour améliorer leurs relations internationales. L'île de Taïwan, sur laquelle s'étaient réfugiés les nationalistes chinois du Kuomintang, en 1949, après avoir perdu la guerre civile contre les communistes, n'est plus reconnue que par 29 États, principalement du tiers-monde. Le président Lee Teng Hui a prétexté des « vacances » pour rencontrer les dirigeants des pays d'Asie du Sud-Est et relancé, sans succès, au mois de septembre, une campagne pour la réintégration de Taïwan à l'ONU.
Pékin a pesé de tout son poids pour tenter d'empêcher ces initiatives, toutes les factions politiques chinoises s'entendant, dans cette période d'incertitude, pour maintenir l'ordre et jouer sur ce facteur d'unité qu'est le nationalisme.
Chrono. : 4/03, 1/04, 8/09.
Jean-Pierre Cabestan, le Système politique de la Chine populaire, coll. Que sais je ? et coll. Thèmis, PUF, 1994.
Caroline Puel