Emmanuel de Roux
La rénovation des Champs-Élysées
Le 26 septembre, Jacques Chirac inaugurait les nouveaux Champs-Élysées, déclarant que « la plus célèbre avenue du monde avait retrouvé tout son prestige, après une lente dégradation ». Dessinés en 1667 par Le Nôtre, les « Champs », qui accueillent chaque jour plus de 200 000 Parisiens et touristes, subissaient en effet depuis une vingtaine d'années une série d'agressions architecturales qui ont pour noms fast-foods, enseignes de néon, mais aussi immeubles médiocres, dans le plus pauvre style des années 70. Sans parler d'une recrudescence de l'insécurité. Une mission spéciale est alors mise en place en 1989, avec les 165 commerçants, les riverains et la préfecture. L'architecte Bernard Huet est chargé de redonner son lustre à la fameuse artère. Son projet : « Réaliser une Rolls-Royce pour toutes les populations. » Avec l'emploi de matériaux nobles, comme le granité, le marbre, le bois rare, le bronze et la fonte.
Concrètement, le réaménagement a consisté d'abord à supprimer les contre-allées pour les automobiles, remplacées par un parking souterrain de 850 places. On a libéré ainsi un espace de 21,5 mètres sur un kilomètre, de chaque côté de l'avenue. On en profite pour planter sur les trottoirs une deuxième rangée de 228 platanes afin d'obtenir, à terme, quand les arbres auront poussé, une double « voûte végétale ». Le mobilier urbain a été confié au designer Jean-Michel Wilmotte qui conçoit une série de bancs aux formes modernes, de grands candélabres de douze mètres de hauteur, alternant avec les répliques des anciens lampadaires dessinés par Hittorff dans les années 1830.
Certains regrettent la présence de poubelles modernes signées Jean-Claude Decaux, de faux kiosques « Art nouveau » et de colonnes Morris servant d'abri à téléphone ; mais tous s'accordent pour reconnaître la beauté des illuminations nocturnes, signées Yann Kersalé, nimbant de douce lumière l'avenue qui retrouve alors toute sa majesté.