La chaîne publique connaissait un été de succès avec la diffusion du feuilleton hebdomadaire le Château des oliviers, sur une idée de Frédérique Hébrard, vieille routière des séries « à la française ». La France estivale se passionnait pour cette histoire d'ancienne demeure menacée par un affreux parc de loisirs, « Cigale-land », qui risquait de noyer sous le béton ce merveilleux coin de Provence. Brigitte Fossey, vedette du feuilleton, protégeant sa maison de la rapacité des promoteurs, rappelait Scarlett O'Hara luttant pour son domaine sudiste, et la déconfiture d'Euro Disneyland donnait à cette fiction son poids de réalité.
Les Français et la télévision publique : selon un sondage Globe Hebdo Louis Harris (8-14 décembre 1993), 63 % des personnes interrogées estiment qu'il faut changer partiellement les programmes sur la télévision publique. Les débats d'actualité, les magazines culturels, les feuilletons français et les films de cinéma devraient constituer les éléments prioritaires d'une programmation publique pour respectivement 69 %, 67 %, 64 % et 56 % des sondés, qui, par ailleurs, estiment que les programmes érotiques (59 %), les séries américaines (38 %), les matchs de football (27 %) et les jeux (25 %) doivent essentiellement passer sur les chaînes privées.
Les 7 d'or 1993
– Meilleur film de télévision : l'Affaire Seznec, d'Yves Boisset, TF1.
– Meilleure série télévisée : Le Château des oliviers, France 2.
– Meilleur divertissement : « Nulle part ailleurs », Canal Plus.
– Meilleur magazine d'actualité : « La marche du siècle » (J.-M. Cavada), France 3.
– Meilleure émission de reportage : « Envoyé spécial », France 2.
– Meilleure émission musicale : « Culture Rock », M6.
– Meilleur documentaire : « Edith Piaf », Arte.
7 d'or du public :
– Meilleure émission de variétés : « La semaine des guignols », Canal Plus.
– Meilleure fiction : L'instit, France 2.
Le sexe passe la grille
Traditionnel moment d'excitation, la présentation des grilles de rentrée permit à TF1 de se mettre en évidence, en annonçant l'arrivée de trois émissions érotiques ou à caractère sexuel : « Méfiez-vous des blondes », animée par Amanda Lear, « Sans interdit ». par Sophie Favier et « Leçons d'amour », par un médecin connu des adolescents pour ses émissions sur Fun Radio. La diffusion de ces deux dernières déchaînait les foudres des critiques, criant à l'obscénité.
Deux reality-shows contestés, « Mea Culpa » et « L'amour en danger », passaient à la trappe (un seul faisait son entrée : « Tout est possible »), alors que Patrick Sébastien effectuait un retour bimensuel.
Stabilité sur France 2 qui annonçait en septembre « ni télé-fric, ni télé-sexe, ni voyeurisme ». Seule la soirée du samedi connaissait de profonds changements avec « Souviens-toi », animé par Christian Morin et Pierre Tchernia (trois générations d'invités évoquent leurs souvenirs), et « C'est votre vie », marquée par le grand retour de Frédéric Mitterrand, qui amène par surprise un invité sur un plateau où l'attendent tous ses amis, afin de remonter le fil de sa carrière. Autre nouveauté, un magazine sur l'emploi, animé par Patricia Lumbroso.
France 3 affichait ouvertement une couleur culturelle en dépit de la disparition de « Océaniques », de « Vis-à-vis » et de « Les arts ». Avec « Les brûlures de l'Histoire », émission confiée à Laure Adler, « Extérieurs nuit » (sur le cinéma), menée par Serge Tubiana, et un magazine des arts vivants, la chaîne des régions plaçait la barre assez haut, d'autant que « La classe » disparaissait. Mais la grande nouveauté de France 3 demeure un rapide journal des sports quotidien à 20 h 30.
Rentrée en douceur sur Canal Plus avec l'allongement de « Nulle part ailleurs » (davantage d'invités, de rubriques et une place plus importante accordée à Antoine de Caunes). Autre faveur accordée aux abonnés : 38 et non plus 22 matchs de football de première division.
M6 qui, depuis le premier jour, n'a jamais changé de stratégie, n'allait pas bouleverser ses grilles alors que les bénéfices commencent à rentrer. De nouvelles séries, certes, mais une grille très stable et de nouveaux décrochages vers l'information locale à Lyon et à Marseille, après Tours, Lille et Bordeaux.
Arte
Enfin, Arte a fêté discrètement sa première bougie en cherchant à fédérer un plus large public autour de ses soirées thématiques. Des films plus grand public au programme de rentrée, alors qu'un débat agitait la majorité quant à la légitimité de la chaîne franco-allemande. Le coût de ses programmes attisait la volonté de certains (avec le soutien discret du ministre de la Culture) « d'opérer des révisions déchirantes ».