Autre approche, celle des gènes « suicides ». Ce sont des gènes qui, une fois exprimés, provoquent la mort de la cellule. On a ainsi introduit dans des cellules tumorales du cerveau le gène tk, dont le produit (c'est-à-dire la protéine codée par le gène) agit sur un médicament, le ganciclovir, et le rend mortel pour les cellules tumorales. L'efficacité, chez le rat, a été spectaculaire.
Bien qu'elle soit considérée par beaucoup comme une avancée médicale aussi importante que la découverte des antibiotiques, la thérapie génique éveille aussi quelques craintes. La course qui s'est engagée pourrait, admettent certains des leaders dans ce domaine, amener quelques chercheurs à « sauter » des étapes dans les expérimentations animales pour passer trop vite à l'humain.
Le vaccin anti-palu sur le terrain
L'année 1993 aura vu la publication des résultats de la première étude rigoureuse sur l'efficacité du vaccin anti-paludisme du Colombien Manuel Pataroyo : chez 1 500 volontaires, le vaccin a réduit le risque de paludisme de 39 %. De quoi induire un niveau de protection suffisant pour sauver des milliers d'enfants dans les zones de forte endémie. De quoi aussi placer le vaccin Pataroyo en tête de liste des vaccins anti-paludisme actuellement à l'essai.
Recrudescence d'une vieille maladie
L'alerte est venue des États-Unis : la tuberculose, qui était en nette diminution dans les pays développés depuis l'apparition des antibiotiques, fait un retour en force. La maladie touche surtout les plus démunis et les personnes infectées par le virus du sida, mais aussi les personnels de santé et les employés de prison. En France, environ 10 000 nouveaux cas par an et 1 000 décès sont observés. Parallèlement, on constate l'apparition de mini-épidémies de souches résistantes aux antibiotiques les plus efficaces. Face à cette inquiétante situation, des mesures de surveillance ont été prises et l'utilisation d'une association de plusieurs antibiotiques, préconisée dès le début de l'infection.
Une dangereuse bactérie
Une étude épidémiologique réalisée par l'Agence internationale pour la recherche sur le cancer (IARC) a montré que l'infection par la bactérie Helicobacter pylori pourrait être un facteur de risque important dans la survenue des cancers gastriques. Les chercheurs de l'IARC ont comparé la prévalence de l'infection par la bactérie dans treize pays présentant des incidences différentes de cancers gastriques. Le risque de développer ce type de cancer dans une population infectée à 100 % est multiplié par six par rapport à une population non infectée. Toutefois, certaines populations, en Afrique par exemple, échappent à ce lien entre la bactérie et ces cancers. Il est donc possible que d'autres facteurs environnementaux entrent en ligne de compte. Quoi qu'il en soit, dès à présent, le rôle d'Helicobacter semble suffisamment important pour envisager son traitement systématique.
Catherine Tastemain