Les chantiers de la découverte

L'essor des micromachines

Nées du mariage de la microélectronique et de la mécanique, les micromachines associent en un ensemble de moins de un millimètre un composant électronique, tel qu'une puce, à une pièce mécanique en mouvement, telle qu'une valve, une membrane, etc. L'industrie automobile a été l'une des premières et des plus grosses consommatrices de ces machines miniatures : celles-ci sont utilisées, par exemple, pour déclencher le gonflement de l'Air Bag destiné à protéger le conducteur d'une voiture en cas de choc. Mais elles connaissent à présent des applications très variées : ainsi, ce sont des micromachines qui règlent l'amorti de la semelle, à chaque pression, sur les chaussures de tennis d'un grand champion en compétition ! Leur avenir paraît prometteur, notamment en médecine : en 1993, une firme spécialisée a dévoilé un moniteur de pression artérielle de moins de 0,3 mm de côté qui peut être introduit jusqu'au cœur en remontant les veines à l'extrémité d'une sonde.

De plus, la technique des micromachines fait désormais école. Elle inspire la conception d'appareils qui, sans se ranger dans leur catégorie, se situent dans leur lignée directe. C'est le cas d'une autre innovation révélée cette année, due au groupe américain Honeywell : une caméra infrarouge miniature à puce destinée à équiper les automobiles pour visualiser les obstacles la nuit ou par temps de brouillard, et accroître ainsi la sécurité de la conduite. Techniquement, la vision infrarouge n'est pas une nouveauté. Les militaires l'utilisent depuis des lustres, à bord des avions ou des blindés. Mais les systèmes classiques nécessitent un système de réfrigération à basse température très coûteux. C'est en parvenant à s'affranchir de cette contrainte que les chercheurs d'Honeywell ont réalisé le prototype d'un dispositif susceptible d'être proposé au grand public.

Les promesses de la réalité virtuelle

Apparues il y a une vingtaine d'années, les images de synthèse, construites à partir de modèles numériques et générées par ordinateur, ont ouvert des voies nouvelles à la recherche scientifique ou industrielle comme à la création artistique. Aujourd'hui, c'est une révolution encore plus spectaculaire qui s'annonce avec l'essor de la réalité virtuelle. Née de recherches menées principalement aux États-Unis, cette technologie met en œuvre une nouvelle génération d'interfaces informatiques homme-machine appelées gants ou costumes de données, casques ou visières de visualisation, etc. Elle donne à l'utilisateur de ces interfaces la sensation d'être immergé dans un environnement d'images de synthèses – un monde virtuel – avec la possibilité d'interagir avec ces images comme si elles étaient de véritables objets.

Les applications potentielles sont très diverses. Ainsi devient-il possible de « visiter » les monuments anciens dont ne subsistent que des ruines grâce à une reconstruction informatique établie par des archéologues ou des historiens ; de découvrir les aspects successifs d'un édifice ou d'une cité ayant subi de nombreuses transformations au cours des âges ; ou encore de « pénétrer » dans la maison de ses rêves, et de l'inspecter sous tous ses angles avant qu'elle ne soit édifiée... Dans le domaine scientifique ou industriel, l'une des perspectives offertes concerne les interventions en milieu hostile (espace, fonds marins, centrales nucléaires, etc.) : l'opérateur humain peut agir à distance, en toute sécurité, en télécommandant un robot dont il visualise parfaitement l'environnement comme s'il se trouvait transporté sur place. Dans le domaine artistique, enfin, la réalité virtuelle offre des possibilités quasiment illimitées de création et de trucage.

Microprocesseurs : la course à la puissance

Les microprocesseurs sont les éléments de base des micro-ordinateurs. Premier fabricant mondial, en chiffre d'affaires, la firme américaine Intel (Integrated Electronics) détient environ 70 % du marché de ces composants et équipe 85 % des micro-ordinateurs existants. Avec le Pentium, lancé en 1993, elle espère distancer ses concurrents et conserver sa suprématie. Ce microprocesseur de nouvelle génération (la cinquième chez Intel), réalisé en technologie BICMOS, intègre 3,1 millions de transistors sur une plaquette de silicium de 272 mm2 (soit plus de 10 000 transistors au millimètre carré). Tout en maintenant une entière compatibilité avec les logiciels pour micro-ordinateurs PC, il porte les performances de ces machines à un niveau très supérieur : 112 millions d'instructions par seconde, contre 54 millions pour le 486 DX 2, qui était jusqu'alors le plus puissant des microprocesseurs Intel. Pour les calculs en virgule flottante, les performances du Pentium sont même 3,5 fois meilleures que celles du 486 DX 2.