Journal de l'année Édition 1989 1989Éd. 1989

Météo : le Printemps

Cette année, le passage de l'hiver, étonnamment doux et pluvieux, au printemps frais et humide, est très progressif. Du 21 mars au 3 avril, le champ de pression sur l'Europe occidentale est favorable au passage de quatre perturbations accompagnées de vents forts (152 km/h à Carteret, 124 km/h à Millau, 111 km/h à Chartres le 25), d'orages, d'averses de grêle ou même de neige en moyenne montagne les 31 mars et 1er avril. Des pluies d'intensité remarquable sont mesurées en Provence et dans la région Rhône-Alpes : 84 mm en 20 heures à Hyères et 48 mm à Cannes, 25 mm à Istres, 26 mm à Grenoble-Saint-Geoirs, 25 mm à Ambérieu en moins de 12 heures les 29 et 30. L'Europe de l'Ouest connaît les mêmes conditions pluviométriques que la France. Outre-Rhin, tous les cours d'eau sont en crue et le Danube dépasse, à Ratisbonne, la cote record de 6,79 atteinte en 1840 (huit morts et des communications terrestres très perturbées). En Australie, des pluies diluviennes s'abattent sur la région d'Alice Springs et sur le désert de Simpson.

En avril, les températures ont été, en moyenne, de 0,5 °C à 2,5 °C supérieures aux normales. Toutefois, des gelées au sol ont été relevées en Picardie et dans le Nord les 3 et 4 (– 5,2 °C à La Selve, – 3 °C à Amiens le 4) ainsi que les 24 et 25 au nord de la Loire (– 1,1 °C à Cambrai et – 1,1 °C à Reims le 24, par exemple). La distribution spatiale des pluies est quelque peu aberrante dans la mesure où les plus forts excédents ont été le fait des régions méridionales (Corse : + 166 %, Sud-Est : + 59 % et Sud-Ouest : + 79 %). Dans les autres régions, les précipitations sont déficitaires, comme dans le Centre-Est : – 11 %, le Nord : – 45 % et le Nord-Est : – 47 %, ou excédentaires, comme dans l'Ouest : + 51 %. À la fin de la première décade, l'enneigement est excellent dans tous les massifs ; l'Alpe-d'Huez : 190 – 300 ; les Arcs : 140 – 300 ; Isola 2000 : 105 – 220 ; Les Rousses : 40 – 150 ; Superlioran : 15 – 100 ; Les Agudes : 30 – 130... Telle est, entre autres, la raison pour laquelle le risque de déclenchement naturel et/ou accidentel d'avalanches est, à cette période de l'année, modéré à fort dans les Alpes et modéré dans les Pyrénées.

Les types de temps de ce mois d'avril, caractérisé par une nébulosité permanente et la faiblesse de l'insolation (à Brest-Guipavas l'insolation mensuelle n'est que de 108 heures contre 125, record remontant à 1964), l'humidité de l'air, l'alternance d'épisodes doux et frais, ne peuvent être attribués qu'à l'organisation du champ de pression sur l'Europe de l'Ouest et l'Atlantique oriental et, en particulier, à la faiblesse et à la fugacité des hautes pressions. Au 30 avril, les réserves en eau des sols sont satisfaisantes sur l'ensemble du pays, mais relativement faibles (R/RU ≤ 70 %) en Orléanais, dans le Dijonnais et en haute-Marne, dans les Bouches-du-Rhône et sur la Côte d'Azur.

De nombreux abats records enregistrés en mai

Le mois de mai est légèrement plus doux que la normale. Les valeurs mensuelles des températures masquent en réalité des écarts importants à la moyenne, notés soit pendant les périodes chaudes (+ 4 à + 7,5 °C du 1er au 18 ; + 2 à + 5 °C du 22 au 26 mai), soit pendant les périodes froides (– 2 à – 4 °C du 19 au 23 ou – 2,5 °C du 27 au 31). Parmi les températures maximales ont été relevées : 23,6 °C à Apt-Saint-Christol, 27,3 °C à Nîmes-Courbessac, 28,7 °C à Carpentras le 6, et parmi les températures minimales élevées : 12,9 °C à Saint-Étienne-Bouthéon, 18,5 °C à Hyères le 7 ou 16,4 °C à Lille le 16 mai. De faibles gelées ont été observées entre le 19 et le 23 dans le Nord, le Nord-Est et le Centre-Est. Mai est aussi un mois très pluvieux. Les précipitations mensuelles sont excédentaires sur tout le pays ; dans le Nord, le Sud-Ouest et le Centre-Est, elles sont 1,5 à 2.5 fois supérieures aux normales 1951-1980. Ces pluies, imputables aux perturbations qui se sont succédé sur la France tout au long du mois, furent en général orageuses, intenses et accompagnées de rafales de vent. Si des précipitations remarquables ont été mesurées dans de nombreuses stations (124 mm à Mende-Ville le 2 ; 94 mm à Vichy le 13 ; 58 mm à Agen le 14 en 24 heures ; 43 mm en 1 heure à Sainte-Livrade le 18 mai...), de nombreux abats mensuels records ont été enregistrés : 256 mm à Grenoble-Saint-Geoirs contre 224 en 1983 : 166 mm à Agen contre 154 en 1979 ; 183 mm à Melun contre 111 en 1984, 295 mm à Vichy contre 182 en 1977. Il s'ensuit qu'au 31 mai les réserves en eau des sols sont importantes dans tout le pays (R/RU ≥ 80 %).