Après l'arrestation de Luc Reynette et de cinq dirigeants du mouvement indépendantiste, l'inquiétude est plutôt entretenue aux Antilles par l'intégration européenne. Porté par un accueil chaleureux, contrastant avec la tension qui avait marqué son dernier voyage, Jacques Chirac a annoncé en septembre la relance de l'économie locale, entre autres la création d'un port de plaisance géant, à Pointe-à-Pitre, l'augmentation du budget du logement social, des mesures contre les inégalités de traitement suscitées par la politique européenne et le resserrement des liens avec l'ensemble des Caraïbes.
La visite de Jacques Chirac en Guyane en avril a été dominée par des préoccupations économiques. La forêt guyanaise couvre 95 p. 100 du territoire mais demeure terriblement sous-exploitée : elle se compose en majorité de bois durs, longs à croître et de faibles diamètres ; mal reliés au reste du monde, les chantiers de défrichement doivent être désenclavés par des routes dont la construction absorbe 60 p. 100 de l'investissement. Résultat, la forêt n'a fourni en 1986 que 800 000 mètres cubes pour 200 000 hectares exploités.
En fait, l'avenir de la Guyane est ailleurs. La pêche en mer, axée sur la crevette, est devenue le premier poste d'exportation ; elle va être renforcée par l'élevage de la crevette d'eau douce, la chevrette, dont on produit déjà 35 tonnes par an. La vie quotidienne des Guyanais est dominée par la présence massive de réfugiés fuyant la guérilla du Surinam voisin : de 5 à 8 000 personnes auraient trouvé refuge autour de Saint-Laurent-du-Maroni.
Le contentieux franco-canadien sur le partage de la zone de pêche au large de Saint-Pierre-et-Miquelon a atteint son paroxysme au printemps. La décision prise par le gouvernement d'Ottawa d'interdire aux chalutiers français de pêcher dans les eaux territoriales canadiennes inquiète les 6 000 habitants d'un archipel dont la pêche est la principale, sinon l'unique ressource.
Claude Malaassigné