Pierre Thomas

Pacifique

Bien que les changements politiques n'aient pas manqué, l'ensemble du Pacifique a été plutôt placé sous le signe de la continuité, que ce soit en Australie et en Nouvelle-Zélande, où les travaillistes ont été reconduits, ou aux Philippines, où madame Aquino s'est maintenue contre les oppositions de droite ou de gauche et a même réussi à mettre en place les institutions prévues par la nouvelle Constitution votée triomphalement en début d'année. Il n'y a guère qu'aux Fidji, où, en deux épisodes, en mai et en septembre, le colonel Rabuka, représentant la communauté mélanésienne, légèrement minoritaire, a balayé le régime mis en place démocratiquement, qui s'appuyait sur la communauté d'origine indienne. Devenu de fait président de la République, ayant supprimé les attaches institutionnelles avec la couronne britannique, le colonel Rabuka a provoqué l'éviction des Fidji du Commonwealth lors du sommet de Vancouver (13 octobre 1987).

La France, pour sa part, a renforcé sa position internationale dans l'affaire de Nouvelle-Calédonie grâce au référendum du 13 septembre qui a donné une majorité de partisans du maintien au sein de la République. Ce résultat risque d'accentuer le clivage entre la population mélanésienne et les autres habitants ; la situation a encore été aggravée par le verdict du 29 octobre acquittant les meurtriers d'indépendantistes canaques. Cependant, la communauté internationale semble s'accommoder de la présence française ; c'est ainsi qu'aux Nations unies une motion défavorable à la France a recueilli moins de voix que l'année précédente. Par ailleurs, les expérimentations nucléaires se poursuivent dans une Polynésie où le calme habituel a été ébranlé par des grèves débouchant sur de graves désordres qui se sont déroulés à Papeete le 23 octobre.

Les grandes puissances gardent les yeux fixés sur cette région dont le dynamisme économique, entamé par la crise mondiale, semble reprendre vigueur.

Jean-Pierre Gomane

Maghreb
Machreq

La relance du processus de paix pour un règlement négocié du conflit israélo-arabe, dans le cadre d'une conférence internationale, fait l'objet d'une intense activité diplomatique. Soutenu par la CEE, par la Ligue arabe et, pour la première fois, par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, le principe est enfin admis par les parties intéressées dès le mois d'avril.

En Israël, où 52 p. 100 de l'opinion se déclarent favorables à une telle démarche, le projet est ardemment défendu par les députés travaillistes conduits par M. Shimon Pérès, ministre des Affaires étrangères, qui multiplie les contacts au Caire avec le président Moubarak, en Europe et aux États-Unis, ainsi qu'avec des représentants palestiniens.

Malgré le revirement de la position américaine, initialement hostile à toute approche multilatérale de paix, et désormais favorable à la ligne Pérès, le Premier ministre, Yitzak Shamir, et le Likoud refusent catégoriquement une négociation supposant la restitution des territoires occupés ; en mai, Shimon Pérès échoue dans sa tentative de provoquer des élections anticipées.

Condition nécessaire à tout règlement, la réunification de la résistance palestinienne est réalisée à l'occasion de la session du Conseil national palestinien d'Alger (20-25 avril), qui consacre la victoire de l'aile modérée de l'OLP et de Yasser Arafat.

Le Conseil national accorde son soutien total à l'organisation d'une conférence internationale. La reprise du dialogue est le résultat de la nouvelle stratégie de l'Union soviétique, qui se présente désormais en médiateur du conflit au Proche-Orient ; au moment où l'influence des États-Unis est entamée par le scandale de l'Irangate, l'URSS établit des contacts avec l'Arabie Saoudite, renoue avec Israël et relance la coopération avec l'Égypte.

L'escalade de la guerre

Alors que les efforts de paix marquent le pas, l'attention se concentre au cours de l'été sur la guerre du Golfe, dont les enjeux et les menaces dépassent les limites de la région.

Principal artisan de la tension, l'Iran, face à une situation qui se dégrade, doit, pour conserver sa crédibilité, poursuivre la guerre sainte contre « l'hérésie internationale ». Le 31 juillet, pendant le pèlerinage de La Mecque, 402 pèlerins trouvent la mort au cours d'affrontements entre les manifestants iraniens et les forces de l'ordre saoudiennes. Contre le Koweït, « second ennemi » déclaré de la République islamique, les menaces assorties de provocations se poursuivent : attaques répétées contre ses pétroliers, conduisant l'émirat à des affrètements soviétiques et américains ; série d'attentats avant l'ouverture du sommet de l'OCI en janvier ; tirs de missiles sur le territoire et sur une plate-forme pétrolière. Rejetant la résolution 598 de l'ONU, qui exige un cessez-le-feu immédiat avec l'Iraq (20 juillet), l'Iran se trouve politiquement isolé. La Tunisie, la Mauritanie et la France rompent leurs relations diplomatiques, tandis que la Libye opère un renversement d'alliance en faveur de l'Iraq.