À vol d'oiseau, moins de 10 km séparent Honfleur, très proche de la région touristique de Deauville, et Le Havre, avec sa grande zone industrielle et portuaire. Malgré le pont de Tancarville, c'est un parcours routier de 50 km qu'il faut accomplir pour passer d'une rive à l'autre. Le nouvel ouvrage, qui évitera ce détour, mesurera 4 000 mètres. Il constituera un record mondial, puisque la travée centrale sera de 510 mètres. Son coût : 1 milliard de francs environ. Début des travaux : fin 1987 et mise en service : 1991-92. Ce pont relancera-t-il le sempiternel débat sur la fusion des deux Normandies ?

Pays de la Loire

Olivier Guichard, président du conseil régional depuis douze ans, symbolise mieux que personne l'aménagement du territoire. Qui mieux que le fondateur de la DATAR en 1963 connaît les nécessités d'une répartition équilibrée des activités pour que les Régions naturellement servies par leur situation n'accaparent pas les fruits du développement ?

Les Pays de la Loire ont une chance, leur estuaire. Au début de l'année a été inaugurée la « zone internationale atlantique ». But : attirer sur les rives de l'estuaire, là où existent des centaines d'hectares disponibles, des investissements industriels, des commerces, des négociants. Comment ? En obtenant du gouvernement l'octroi d'avantages douaniers, fiscaux et réglementaires. Des contacts ont été pris avec des investisseurs arabes (koweïtiens notamment), qui seraient prêts à s'engager dans des programmes « d'immobilier d'entreprises ».

Le port autonome, en tout cas, se porte plutôt bien : alors que l'ensemble du trafic des ports a stagné en 1985, celui de Nantes-Saint-Nazaire s'est accru de 10 p. 100.

La fin de 1986 devait être marquée par un événement marquant : l'achèvement de l'hôtel de la Région à Nantes, œuvre des architectes Durand-Ménard-Thibaud, qui aura coûté 150 millions.

Picardie

Début janvier, Charles Baur, président du conseil régional, supprime le système des subventions aux entreprises et les remplace par des prêts. Et il réinvente une politique économique par le biais de l'Agence régionale de développement (ARD), fer de lance de ce que doit être la nouvelle politique de reconquête industrielle. Cible n° 1 : les PME. Le conseil régional veut « répondre aux besoins de l'entreprise à tous les stades de sa vie, sauf s'il est trop tard ». À sa création, il lui propose un prêt participatif. Ensuite, au cours des différentes phases de développement, il prête pour les investissements qui peuvent être de natures très diverses : achat de machines, prospection à l'exportation, conseil, audit.

C'est sur ce dernier point, original, qu'il convient de s'arrêter. Le 9 octobre, un « accord-cadre de Région », le premier du genre, a été signé entre le commissaire de la République, le président du conseil régional et les dirigeants de la banque Scalbert Dupont, dont les racines historiques sont picardes, pour le financement des travaux de conseil et d'études, dits « investissements immatériels », engagés par les industries régionales. Par cet accord sont couplés deux modes de financement : les subventions du Fonds régional d'aide au conseil (FRAC), alimenté par l'État et la Région, et le prêt dit Softmatic, dégagé par la banque Scalbert avec le concours de la Sofaris (Société pour l'assurance du capital risque).

Poitou-Charentes

Un pont ? Pas de pont ? C'est autour de cette question qu'a oscillé, sinon l'actualité de toute la Région Poitou-Charentes en 1986, du moins celle du département de Charente-Maritime. Allait-il être décidé, ce pont entre La Pallice et l'île de Ré que les touristes, les Rochelais et les insulaires appellent de leurs vœux lorsque les files de voitures s'allongent en attendant des bacs poussifs ?

Soulagement pour les uns irritation pour d'autres (des maires de l'île et des propriétaires de résidences secondaires qui redoutent un envahissement), la question a été tranchée le 19 septembre, lorsque le préfet de Charente-Maritime a été autorisé à signer la déclaration d'utilité publique de l'ouvrage. Ce dernier mesurera 2,9 km et devrait être achevé en vingt mois. Le conseil général a confié les travaux à Bouygues. Le devis s'établit à 460 millions de francs.