L'année de la Femme
L'année 1986 a été riche en événements de première grandeur avec, en particulier, le Mundial mexicain, qui a permis à Diego Maradona de gagner devant des milliards de téléspectateurs ses galons de footballeur numéro 1. Il a pris la place de Michel Platini, dont la prestation, au sein de l'équipe de France, fut perturbée par une tenace tendinite à la cheville. Mal qui a également atteint Yannick Noah, dorénavant classé deuxième, derrière Henri Leconte, dans la hiérarchie du tennis français. Autre champion malchanceux, Éric Tabarly en perdition au milieu de l'Atlantique à bord de son trimaran Côte d'Or, au cours de la route du Rhum, épreuve remportée, signe du destin, par son élève préféré, Philippe Poupon. Décidément, les temps sont durs pour nos superstars. Heureusement, il y a eu Alain Prost, une nouvelle fois champion du monde des conducteurs de Formule 1, et Bernard Hinault, principal animateur d'un Tour de France que les suiveurs ont considéré comme l'un des plus passionnants de ces quinze dernières années. Le « Blaireau » n'a pas raté sa sortie. À 32 ans, le coureur breton part à la retraite, et personne n'oubliera ses fabuleux exploits. Échéance encore lointaine pour Stéphane Caristan, successeur de Guy Drut sur 110 m haies, pour Philippe Riboud, champion du monde à l'épée, et pour Stéphan Caron, vice-champion du monde sur 100 m nage libre, devancé seulement par l'intouchable Américain Matt Biondi.
Cependant, le fait majeur de la saison a été la présence permanente des femmes sur le devant de la scène sportive. Que l'Américaine Martina Navratilova ait continué à dominer le tennis féminin, personne ne s'en est étonné. Que les représentantes des pays de l'Est, à l'image de l'athlète Heike Drechsler et de la nageuse Kristin Otto, aient accumulé les médailles, tout cela est dans la logique du moment. Mais que la Canadienne Gail Greenough se soit adjugé le titre mondial de sauts d'obstacles devant les meilleurs cavaliers est déjà plus surprenant. Comme l'a été l'ensemble de leurs performances chronométriques, qui se rapprochent progressivement de celles des hommes. Aujourd'hui, par exemple, Alain Mimoun, champion olympique du marathon en 1956 à Melbourne, terminerait à plusieurs minutes des reines actuelles de la distance, les Norvégiennes Grete Waitz et Ingrid Kristiansen. Et Jeannie Longo (10 records du monde améliorés en six mois, championne du monde sur route et en poursuite), avec 44,770 km dans l'heure, n'est plus qu'à un kilomètre environ du fabuleux record établi par Fausto Coppi en 1942.
Ne terminons pas ce tour d'horizon de l'année sans parler d'une nouvelle race de sportifs, celle des aventuriers. Le sport, en effet, ne se pratique plus seulement dans les limites restreintes d'un stade ou d'une piscine. Son cadre est devenu la terre entière, vaste surface de jeu et d'aventures. Jean-Marc Boivin (enchaînement hivernal des quatre faces nord dans les Alpes), François Cirotteau (record du monde de saut de chute en kayak, 28 mètres), Jean-Louis Étienne (parvenu au pôle Nord en solitaire) et Claude Touloumdjian (exploration de la Touvre d'Angoulême) en sont l'illustration parfaite.
L'olympisme toujours vivant
Les Jeux sont faits. Rien ne va plus. Les membres du Comité international olympique, réunis le 17 octobre à Lausanne, ont choisi Barcelone pour accueillir les Jeux d'été de 1992. Paris, battu au troisième tour de scrutin, malgré le soutien actif de François Mitterrand et de Jacques Chirac, partait au combat avec deux handicaps insurmontables : celui d'avoir déjà organisé de tels Jeux en 1900 et en 1924, et celui de s'être mesuré à un rival qui bénéficiait de l'appui tacite du président du CIO, l'Espagnol Juan Antonio Samaranch.
Néanmoins, la France ne sera pas absente au rendez-vous du centenaire de l'appel de Pierre de Coubertin demandant, en 1892, la rénovation des jeux Olympiques puisque, après Chamonix (1924) et Grenoble (1968), Albertville a été désignée pour recevoir ceux d'hiver. Un choix qui a récompensé la persévérance et le sérieux de Michel Barnier et de Jean-Claude Killy, les principaux instigateurs de la candidature savoyarde. Maintenant, il s'agit pour l'ensemble de la région de se mettre au travail. Le temps des chantiers est arrivé. Une autre aventure a commencé et il n'est pas pensable que la victoire ne soit pas au bout. Il faut que cette olympiade soit une grande fête de l'amitié, tout en conservant un cadre à l'échelle humaine. La tâche est, certes, difficile, mais tellement exaltante ! Et Killy a raison de dire que c'est là une affaire nationale.
En attendant cette échéance de 1992, M. Bergelin, le nouveau secrétaire d'État à la Jeunesse et aux Sports, a nommé Pierre Guichard au poste de responsable de la préparation olympique. Pour la première fois, donc, la France s'est dotée d'une cellule de préparation olympique, avec des moyens en nommes et en argent. Réussira-t-elle pour autant ? La réponse sera connue lorsque s'achèveront les jeux Olympiques de Séoul, dans deux ans à peine. Mais souhaitons ardemment que le mouvement sportif français tout entier (athlètes, dirigeants, éducateurs, techniciens, collectivités...) accepte de jouer le jeu sans arrière-pensée.