Les Chinois misent sur les pays riches, surtout sur les États-Unis et le Japon, tant pour leur sécurité que pour réaliser la modernisation de leur économie. Les ventes américaines de matériels de technologie avancée à la République populaire atteignent en 1984 2 milliards de dollars (deux fois plus qu'en 1983), à la suite de l'assouplissement des règles d'exportation par le président Reagan : l'administration américaine avait autorisé, en novembre 1983, les ventes à la Chine d'ordinateurs perfectionnés et d'autres produits de haute technologie.
Tout au long de son voyage, les Chinois reprochent au président américain le soutien — militaire notamment — que son pays apporte au régime nationaliste de Taiwan. À leurs yeux, si Taiwan s'arme, c'est pour attaquer Pékin. Les Américains, eux, soulignent qu'ils s'en tiennent au communiqué commun du 17 août 1982, prévoyant une limitation, puis une réduction des livraisons d'armes à T'ai-pei. À l'issue de sa visite en République populaire, le président Reagan signe quatre accords économiques et culturels et un protocole d'accord sur la coopération nucléaire.
Les grades rétablis
La Chine s'oriente vers une professionnalisation de son armée, numériquement la plus forte du monde (4,4 millions d'hommes). Les grades supprimés durant la Révolution culturelle (1966-1976) seront rétablis. Le responsable de la défense chinoise, le général Zhang Aiping, se rend à Paris, à Washington, à Ottawa et à Tōkyō, dans le but de moderniser l'armée chinoise grâce à la technologie militaire occidentale. Les Chinois déclarent qu'ils souhaitent acheter le moins possible à l'étranger et obtenir le maximum de transfert de technologie afin de produire des armes modernes en comptant sur leurs propres forces. Les États-Unis, considérant que, depuis mai 1983, la Chine est un pays ami, font savoir qu'ils donnent leur feu vert pour la livraison de matériels « défensifs » à l'armée chinoise. Mais Washington hésite à fournir du matériel sophistiqué.
J. D.
Stagnation des relations avec l'URSS
À la fin du voyage de Ronald Reagan en Chine, les observateurs occidentaux remarquent que Deng Xiaoping tient à maintenir une certaine équidistance entre les deux super-grands : les passages du discours du président Reagan dénonçant « l'expansionnisme militaire de Moscou » ainsi que ceux concernant les libertés ne sont pas diffusés par les médias chinois. Malgré ces marques d'attention à l'égard des Soviétiques, le voyage du président Reagan en Chine irrite profondément le Kremlin, qui annonce que le voyage à Pékin du vice-Premier ministre Ivan Arkhipov est reporté à une date ultérieure.
Si les relations commerciales continuent à être entretenues, sur le plan politique les rapports entre la Chine et l'URSS ne s'améliorent guère, malgré les rencontres successives entre les représentants des deux pays. Les Chinois continuent d'exiger trois conditions que Moscou trouve inacceptables : l'allégement du dispositif militaire russe à la frontière sino-soviétique, la fin de l'occupation du Cambodge par le Viêt-nam et de celle de l'Afghānistān par l'Armée rouge.
Poursuivant son offensive de charme en direction de l'Occident, Deng Xiaoping envoie en Europe son bras droit, le Premier ministre Zhao Ziyang. Le chef du gouvernement chinois se rend en France, en Belgique, en Suède, au Danemark, en Norvège et en Italie. Aux yeux des Chinois, une Europe forte et unie serait un facteur de stabilité dans le monde. Sur le plan économique, ce périple ne débouchera sur aucun résultat important.
Convergences sino-japonaises
Le Premier ministre japonais, Yasuhiro Nakasone, se rend à son tour dans la capitale chinoise, en mars 1984. Jadis considérés comme des ennemis héréditaires, Chinois et Japonais savent aujourd'hui qu'ils sont condamnés à s'entendre. Les missiles a moyenne portée SS 20 que Moscou a installés en Sibérie orientale inquiètent Pékin et Tōkyō.
Le Japon est la deuxième puissance économique de la planète, mais il manque de ressources naturelles. Il a besoin des matières premières et du vaste marché chinois. La Chine, elle, souhaite accéder à la technologie de pointe et au savoir-faire japonais. 3 000 jeunes Nippons se rendent en automne 1984 en Chine, pour « vivre avec les Chinois, afin de mieux les comprendre ».