La France, pas plus que les autres pays industrialisés d'ailleurs, ne semble en mesure de résoudre un problème pourtant fondamental : l'insertion des enfants de migrants. Que vont devenir ces jeunes qui, pour la plupart, sont nés dans le pays de l'emploi de leurs parents ? Une question qui pourrait rester sans réponse, bien qu'elle concerne près de 4,5 millions de jeunes de moins de 25 ans dans la seule Communauté européenne...

Accords...

Dans ce contexte, la politique contractuelle a connu des difficultés persistantes mais aussi quelques succès... Le 4 février, après que le terrain eut été déblayé sous l'égide de Pierre Bérégovoy qui fait parapher par tous un « relevé des discussions », les organisations patronales et syndicales signent un accord sur la mise en œuvre de la retraite à 60 ans. Tous les syndicats signent, le 25 avril, avec le patronat un accord national relatif au personnel d'encadrement. Le 7 juillet, Pierre Bérégovoy préside une table ronde sur la durée du travail qui aboutit à l'automne à des bilans de réductions ayant eu lieu tant au niveau national que dans les branches. Un groupe de travail se réunit sur les fonds salariaux — idée chère à la CFDT et à Jacques Delors — et, malgré les divergences intersyndicales, il permet à P. Bérégovoy de s'appuyer sur ses travaux pour faire des propositions devant aboutir à d'hypothétiques négociations dans les branches professionnelles et dans les entreprises. Enfin, le 16 novembre, les syndicats, à l'exception de la CGT, et le patronat ont signé un accord sur la formation en alternance.

... et points chauds

Un tel bilan ne permet cependant pas de conclure à un quelconque renouveau de la politique contractuelle. Deux points chauds illustrent au contraire ses difficultés croissantes. Le premier est celui des salaires. C'est sur les négociations salariales que se jouera pour une bonne part la réussite ou non du plan Delors. Dans le secteur privé, peu d'accords ont été conclus dans les branches sur l'ensemble de l'année 1983 ; le CNPF refuse tout rattrapage salarial pour 1983 et demande à ses branches d'être encore plus fermes en 1984. Dans le secteur public et chez les fonctionnaires, les rendez-vous doivent en principe avoir lieu en février 1984 lorsque, à partir de l'évolution des prix en 1983, il s'agira de savoir si les clauses de sauvegarde prévues joueront ou non. L'inflation devant dépasser les 8 % annoncés et franchir sans doute la barre des 9 %, la partie risque d'être d'autant plus rude que la pilule salariale sera encore plus dure à avaler en 1984, puisque, pour Jacques Delors, la moyenne annuelle des salaires devra être conforme à celle des prix, soit 6,1 %... Dans la fonction publique, lors de leur rendez-vous de la mi-septembre avec Anicet Le Pors, les syndicats sont restés relativement mesurés, le gouvernement s'efforçant de gagner du temps. Mais, en fin d'année, le dérapage de l'inflation a fait monter l'impatience dans le secteur public. L'autre point chaud concerne l'assurance chômage : les partenaires sociaux sont confrontés au défi de construire un nouveau système d'indemnisation. Le patronat n'a pas accepté de se voir imposer une nouvelle augmentation des cotisations au 1er juillet, il a voulu séparer ce qui relève de l'assurance et ce qui dépend de la solidarité nationale : les négociations, prévues jusqu'à la fin de l'année, s'annonçaient donc plus que délicates. L'État tardant de surcroît à dévoiler son propre jeu.

Patronat
CNPF : le parti de l'entreprise

Yvon Gattaz, le Président du CNPF, se démène sur deux fronts, celui du gouvernement et celui des syndicats, au nom d'une seule cause, assurer la défense des entreprises.

Du côté des pouvoirs publics, le CNPF demande au gouvernement de mettre « ses actes en harmonie avec son discours » et de décréter un plan Orsec pour le sauvetage des entreprises, dont le nombre de faillites augmente. Yvon Gattaz maintient en effet son désaccord sur le calcul de l'augmentation des charges, telle qu'elle est effectuée par les services de J. Delors. Il réclame aussi un allégement des charges entraînées par la couverture sociale, notamment pour le financement des prestations familiales et de l'assurance chômage. Il demande encore des mesures fiscales favorables aux entreprises pour restaurer les conditions de la croissance et de la compétitivité.