C'est le 28 juin qu'un autre équipage, constitué par Vladimir Liakhov (ancien recordman avec un séjour de 175 jours dans l'espace) et le néophyte Alexandre Alexandrov, venus à bord de Soyouz T 9, prendra possession de la station orbitale familièrement qualifiée de Modulny (modulaire). Celle-ci a alors une masse de 47 t et une longueur de 36 m. Avec un volume utile de 150 m3 et une puissance disponible de 7 kW, elle peut accueillir un équipage de 6 hommes.

Le module Cosmos 1443 offre, sur une longueur de 13 m, un compartiment étanche pour le travail scientifique et les loisirs de l'équipage, un autre pour le transport et le stockage du matériel, des vivres, etc. (il emporte au départ de la Terre 3 t de fret et 1 t de propergol) ; un bloc-moteur qui permet, selon les besoins, d'accélérer la station ou de la ralentir pour la transférer sur des orbites plus hautes ou plus basses ; enfin, une capsule de rentrée qui, se détachant de l'ensemble, peut ramener au sol quelque 500 kg de charge utile.

Le 14 août, Cosmos 1443 s'est détaché de Salyout 7 et, neuf jours après, il a largué sa capsule de descente, porteuse de films photographiques, d'échantillons de métaux traités dans l'espace et d'autres objets ayant fait l'objet d'expériences. Après avoir été ravitaillée du 19 août au 17 septembre par le vaisseau-cargo Progress 17, la station devait être rejointe fin septembre par un Soyouz. Mais 90 secondes avant son départ de Baïkonour, la fusée a pris feu sur sa plate-forme d'envol. Dix secondes après, la tour de sauvetage dont elle était surmontée entrait en fonctionnement et, arrachant la cabine, lui a fait faire un grand bond au terme duquel elle a atterri en parachute à quatre kilomètres de là. C'est la première fois dans les annales de l'astronautique qu'une tour de sauvetage est utilisée, et avec succès, sauvant la vie des cosmonautes V. Titov et G. Strekalov, qui s'en sont tirés avec quelques blessures dues à la forte accélération initiale et à la rudesse de l'atterrissage.

Le 22 octobre, Progress 18 s'est amarré à Salyout 7 pour ravitailler la station et les cosmonautes. Ceux-ci, au cours de deux longues sorties dans l'espace, les 1er et 3 novembre, ont procédé au montage de deux panneaux de cellules solaires, dont chacun mesurait 4,6 m2, qui accroîtront la puissance électrique disponible à bord de la station.

Secrets éventés

Insensible aux commotions politiques et économiques, l'activité spatiale de l'URSS se poursuit donc sans relâche, en partie au grand jour et en partie à l'ombre du secret dont sont traditionnellement entourés les programmes en cours de préparation. D'après une étude diffusée en mars par le secrétaire américain à la la Défense, l'URSS développe trois nouveaux lanceurs. Outre ces lanceurs, l'URSS essaie une mininavette longue de 5,5 m avec une envergure de 4 m et un poids de quelque 15 t. La récupération a eu lieu dans l'océan Indien, où une flottille soviétique de 5 navires protégés par 2 croiseurs lance-missiles attendait ces engins.

Les sondes interplanétaires

Des deux sondes américaines déposées sur Mars en 1976, Viking 2 a cessé de fonctionner depuis longtemps et Viking 1 s'est tu à son tour en novembre 1982. Les tentatives effectuées pendant les premiers mois de 1983 dans l'espoir de la réactiver sont restées infructueuses. En revanche, les communications sont toujours maintenues avec la sonde Pioneer 10, lancée le 3 mars 1972. Le 13 juin, cet engin a franchi les limites du système solaire. À de telles distances (plus de 4,5 milliards de kilomètres), l'énergie solaire n'est plus utilisable. C'est pourquoi Pioneer 10 avait été muni d'un générateur radio-isotopique qui alimente les instruments scientifiques et assure les liaisons radioélectriques avec la station américaine de Goldstone. Au programme de Pioneer 10 : l'étude de l'héliosphère et la recherche d'un éventuel corps céleste (grosse planète ou étoile éteinte) dont certains postulent l'existence au-delà de l'orbite de Pluton.

Les 2 et 7 juin, l'URSS lance deux nouvelles sondes de la série des Venera : les numéros 15 et 16. Comme leur nom l'indique, ces engins sont destinés à explorer Vénus et son environnement. La planète a été survolée par ces sondes, qui se sont satellisées autour d'elle les 10 et 14 octobre respectivement. Elles ont alors entrepris leur mission principale qui consiste à cartographier environ 40 % de la surface de Vénus à l'aide d'appareils de radarphotographie spécialement conçus. D'autres instruments mesurent les températures de la couverture gazeuse de la planète et font l'analyse chimique de celle-ci et des masses nuageuses.

Expansion en Europe

Le budget de l'Agence spatiale européenne pour 1983 a été de quelque 5 040 millions de F, soit une augmentation de 24 % par rapport à l'exercice précédent, consentie par des pays qui connaissent de graves difficultés du fait de la crise économique. Les grands chapitres de l'activité de l'Europe spatiale sont : l'observation de la Terre (satellites ERS 1, Météosat, etc.) ; les satellites de télécommunications (OTS, ECS, MARECS, L-SAT, etc.) ; la participation européenne au programme STS américain (mission Spacelab) ; les lanceurs de la série Ariane commandés par l'Agence ; enfin et surtout, développement des programmes scientifiques : ce poste est en augmentation de 46 % par rapport à 1982.