Succès donc de la mission, mais non sans quelques déceptions : l'atterrissage n'a pas eu lieu à Cap Canaveral, 24 tuiles du bouclier thermique sont endommagées, l'un des blocs hydrauliques de freinage est hors de service.

Mission STS 8 (30 août au 5 septembre)

Pour le commandant de bord Richard L. Truly, c'est le troisième vol à bord d'une navette. L'équipage comprend le Dr William E. Thornton qui doit poursuivre l'étude systématique du mal de l'espace. Recruté en 1967 à l'âge de 38 ans, il en a maintenant 54 : il est le plus âgé des astronautes ayant participé à une mission spatiale. Pour la première fois, le départ et le retour de la navette auront lieu la nuit. Outre les activités militaires, le programme comporte : la mise au point des liaisons de la navette avec le sol via le satellite TDRS 1 ; la mise en orbite du satellite indien de télécommunications INSAT 1-B ; de nouveaux essais du long bras de manutention de la navette, qui, cette fois, a eu à manipuler la charge PFTA, sorte d'haltère dont la masse est de près de 4 t. Accessoirement, Challenger comporte 250 000 enveloppes commémoratives qui seront vendues par les postes américaines au prix de 15,35 dollars la pièce. La satellisation d'INSAT 1-B se soldera par un échec, les panneaux solaires ne s'étant pas ouverts. Ainsi les doutes de ceux qui contestent la fiabilité de la navette pour le lancement des satellites géostationnaires se trouvent renforcés.

Mission STS 9 (28 novembre au 7 décembre)

Pour ce vol, on a remis en service la navette Columbia, déjà utilisée lors des cinq premières missions du programme STS. L'équipage est commandé par John Young, qui totalise ainsi pas moins de six vols dans l'espace, nouveau record et, pour la première fois dans les annales de l'astronautique américaine, un étranger, l'Allemand Ulf Merbold. C'est que cette mission constitue la première du programme du Spacelab européen.

En 1983, la NASA a procédé aussi à 17 lancements de satellites par des fusées classiques : 6 engins militaires (dont 2 pour l'OTAN), 7 de télécommunications (dont 2 pour INTELSAT), 3 de météorologie et 2 de recherche scientifique appartenant aux Pays-Bas et à l'Italie. C'est peu en regard de ce que font les Soviétiques. Le budget de la NASA pour 1984 (7 milliards de dollars) n'est en augmentation que de 7 % sur celui de l'exercice précédent, malgré l'inflation.

Coûts et délais

Le Space Telescope, satellite essentiellement constitué par un télescope dont le miroir ne mesure pas moins de 2,4 m de diamètre, devait être lancé en 1983 ; il ne le sera, dans le meilleur des cas, qu'en juin 1986. Son coût avait été fixé à 500 millions de dollars en 1976. Depuis lors, les entreprises qui assurent sa construction n'ont cessé de le majorer et l'on estime qu'il atteindra au moins 1 300 millions de dollars (soit quelque 10 milliards de F ; son poids étant de 11,5 t, chaque kg de satellite aura donc coûté autant qu'une dizaine de kg d'or). On retiendra que la recherche spatiale coûte cher et, aussi, que, en matière de dépassements de crédits et de respect des délais, les grandes entreprises américaines sont loin de répondre toujours à la flatteuse renommée dont elles jouissent de ce côté-ci de l'Atlantique.

Les nouveautés soviétiques

En 1983, les Soviétiques ont poursuivi aussi bien leurs salves de Cosmos que le déroulement de leur sempiternel programme Salyout-Soyouz, avec, par surcroît, le lancement d'un couple de sondes Venera et des habituels satellites de télécommunications. Mais il y a aussi des nouveautés.

Dans le cadre du programme Salyout, l'événement aura été créé par le lancement, le 2 mars, du satellite Cosmos 1443. Ce gros engin (20 t) préfigure les modules qui, assemblés dans l'espace, constitueront les grandes stations orbitales permanentes depuis longtemps prévues par le programme spatial de l'URSS. Et lorsque, le 10 mars, cet élément rejoindra automatiquement Salyout 7, alors inoccupée, l'ensemble formera un trois-pièces de 40 t prêt à recevoir un équipage. Celui-ci prendra le départ de Baïkonour le 20 avril à bord de Soyouz T 8, mais il regagnera le sol deux jours après, l'accostage n'ayant pu se faire par suite du mauvais fonctionnement de l'antenne du radar d'approche.