Journal de l'année Édition 1981 1981Éd. 1981

Le déficit commercial vertigineux de 62 milliards de F trouve évidemment une cause majeure dans la nouvelle envolée des cours du pétrole, un pétrole qui occupe une part de 20 % dans les importations totales du pays. Entre décembre 1979 et décembre 1980, en fonction de la structure par origine de l'approvisionnement français, le prix moyen du pétrole importé passe, par baril, de 25,8 à 33,1 dollars. En moyenne annuelle, le prix atteint 31 dollars en 1980, contre 18,9 dollars en 1979.

Finalement, de 581 F à la tonne en 1979, le prix moyen du brut importé en France parvient à 1 021 F en 1980. Soit une hausse de 76 %. Il en est importé 110 millions de t, c'est-à-dire environ 16 millions de t ou 12,5 % de moins qu'en 1979. L'important stockage effectué durant 1979 et le ralentissement de l'activité économique expliquent le moindre tonnage.

Avec également un solde négatif de plus de 2 milliards de F relatif aux échanges de produits pétroliers raffinés, la facture pétrolière nette est de 113 milliards de F en 1980 (contre 69 milliards en 1979). C'est 44 milliards de F, soit 64 % de plus, qui sont décaissés à ce titre en devises. Et si l'on prend en considération la balance énergétique dans son ensemble (avec aussi le charbon, le gaz naturel, l'électricité), la note énergétique s'enfle d'une année à l'autre de 83 à 132 milliards de F. D'où une dépense supplémentaire d'envergure de 49 milliards de F.

Plafonnement

La détérioration accablante de la balance commerciale ne repose cependant pas uniquement sur le surcoût pétrolier, que va aussi influencer la remontée du dollar en fin d'année. En effet, l'excédent de la balance des échanges de produits industriels, qui était de l'ordre de 36 milliards de F en 1979, est pratiquement divisé par 2, puisqu'il n'avoisine plus que 18 milliards de F.

Derrière les variations des exportations industrielles en valeur courante se cache souvent, en réalité, en raison des fluctuations des valeurs unitaires, une progression plutôt modeste, voire un plafonnement ou un recul sensible en volume.

C'est le cas pour le groupe des biens de consommation courante (+ 5,7 %), des métaux et des produits du travail des métaux (+ 4,6 %), des biens d'équipement ménager (+ 0,6 %), des produits chimiques et demi-produits divers (– 1,2 %), des biens d'équipement professionnel (– 1,2 %), des véhicules de tourisme (– 11,6 %). L'exportation de pièces et équipements de véhicules, de voitures utilitaires et de matériel ferroviaire roulant laisse, elle, apparaître une progression intéressante en volume (+ 7,1 %).

Pénétration

Le ralentissement de l'activité chez les principaux partenaires et la médiocre demande extérieure (sauf en provenance de l'OPEP), une compétitivité parfois émoussée par la concurrence internationale durcie constituent des raisons aux difficultés rencontrées dans la conquête des débouchés.

Mais, parce que l'économie bat sans doute encore plus vite en France que dans d'autres grands pays industrialisés, et que la demande interne demeure, pour une bonne partie de l'année, assez soutenue, l'importation industrielle enregistre une croissance en volume qui ne passe pas inaperçue (+ 8 % environ au total). On en a particulièrement l'illustration pour les produits métallurgiques (+ 20,7 %), les biens d'équipement professionnel (+ 18,6 %) et ménager (+ 18,6 %). Mais la poussée se constate aussi ailleurs.

La pénétration étrangère à l'importation dans les secteurs des produits industriels fait, à des degrés divers, partout tache d'huile en 1980. Le taux de pénétration, mesuré par le rapport entre le montant des importations et celui du marché national (production + importations – exportations), approche 30 % en francs constants.

En volume, cette évolution de la part des importations dans l'offre industrielle passe à 22,1 % (contre 20,4 % en 1979), et elle est plus marquée dans le domaine de l'équipement professionnel avec 31,5 % (contre 28 % un an auparavant). Pourquoi ? Parce que le rythme des investissements demeure élevé jusqu'au troisième trimestre ; de même pour la formation des stocks.

Compétitivité

La compétitivité des produits français vis-à-vis de l'étranger s'altère sur le marché national, que ce soit au niveau des prix ou de la spécialisation des fabrications. Les prix des importations industrielles augmentent moins vite (+ 6 %) que les prix à la production (+ 10,4 %), ce qui favorise au moins aux deux tiers la croissance de la part des importations. Avec retardement, la contraction du montant des grands contrats de biens d'équipement civils conclus à l'étranger en 1978 se reflète aussi dans les fournitures de matériel en 1980.