Quatre cents chiens et chats sont euthanasiés chaque jour en France. À la Société protectrice des animaux, sur 18 000 chats recueillis par an, 1 500 seulement sont adoptés et les autres euthanasiés. À Paris, l'association de l'École du chat capture les chats des cimetières et des parcs, puis les relâche, stérilisés et immatriculés : leur prolifération est freinée, mais ils demeurent exposés aux dangers de la vie en liberté. Certains refuges permettent aux chats de terminer paisiblement leur vie, tel celui d'Yerres (Essonne) qui en héberge 200 en moyenne.
Les défenseurs des animaux préconisent l'arrêt ou au moins la limitation de l'importation des chiens, le contrôle des élevages et des chenils, et la stérilisation des chiens et des chats. Le mal doit être attaqué à sa racine. Mais il faut aussi que l'animal ne soit plus considéré comme un objet.
Protection
Le chien ou le chat ne sont pas les seuls animaux de compagnie. Mais l'engouement pour les serins, les cobayes ou les hamsters, espèces qui se reproduisent facilement, ne pose pas de grand problème. Ce qui est plus grave, c'est la mode de l'animal exotique rare ou insolite. Quoi de plus original en effet que d'élever un crocodile dans sa baignoire ou de se promener avec un guépard à Saint-Germain-des-Prés ou à Saint-Tropez ?
Cette mode connut son apogée voici quelque temps. Curieusement, elle est influencée par les événements politiques : le fennec et le caméléon étaient fréquemment rapportés par les militaires lors de la guerre d'Algérie. La mode de l'animal exotique dit « de compagnie » est, comme les parcs zoologiques, responsable d'un énorme trafic d'animaux, qui a été maintes fois dénoncé depuis qu'en 1974 un commando de défenseurs de la nature a envahi le siège d'une de ces sociétés, en Seine-et-Marne, et y a découvert un charnier.
La prise de conscience qui s'ensuivit a provoqué une régression de cette mode, également enrayée par des lois de plus en plus sévères. L'importation de la quasi-totalité des vertébrés exotiques est interdite. La France a fini par ratifier la Convention de Washington qui prohibe le commerce des espèces animales ou végétales menacées d'extinction. Néanmoins, des dérogations sont, semble-t-il, encore trop facilement accordées, et le trafic des animaux exotiques demeure florissant, notamment à la frontière belge. Il emprunte les mêmes filières que celui des chiots, quand ce n'est pas celles de la drogue ou des armes.
À Paris, le marché aux oiseaux qui se déroule chaque dimanche dans l'île de la Cité est le siège d'un trafic d'espèces indigènes protégées : bouvreuil, chardonneret, etc. Et pourtant les gens qui désirent posséder à tout prix de telles espèces disent aimer les animaux. Et, effectivement, ils les aiment, mais d'une façon égoïste et nuisible au patrimoine qu'est la nature. Qu'il s'agisse d'espèces sauvages ou domestiques, on voit donc toute l'ambivalence de ce sentiment qu'on nomme toujours l'amour des animaux.