Certes, les revendications des agents (essentiellement FO) de la répression des fraudes peuvent être considérées comme catégorielles (ils se plaignent d'être moins bien traités que leurs collègues de la Direction de la concurrence et de la consommation), mais elles font une large part à la protection du consommateur, qui est leur vocation, et FO dispose d'une association de consommateurs, l'AFOC.
Dans ces conditions, rien de très étonnant que René Monory, après quelques tergiversations, ait renoncé à inaugurer à Evry (Essonne) les Journées départementales de la consommation, qui furent l'occasion d'un beau chahut au milieu d'une grande confusion. Des journées de ce genre, les coopératives de consommateurs en ont organisé plusieurs au fil des ans dans divers départements. Fin janvier 1980, leur Fédération nationale organisait à Paris, au Forum des Halles, le Forum du jeune consommateur, qui s'adressait aux jeunes de 9 à 18 ans.
À part ces actions de formation, il ne reste guère aux associations que les actions en justice. La Confédération syndicale du cadre de vie s'est ainsi lancée, dès octobre 1979, dans toute une série de procès, dans les domaines du logement, des transports (la SNCF a fait payer des amendes aux usagers pour non-compostage de leurs billets avant le décret du 2 août 1979 qui lui permettait de le faire), des clauses abusives de contrats de vente...
Kléber-Colombes
Quant à l'Union fédérale des consommateurs, elle a mis directement en cause, en octobre 1979, la firme Kléber-Colombes, demandant le retrait des pneus V12 (17 % du marché des pneus de seconde monte), suspects d'éclater un peu trop souvent. Cette affaire donna lieu à une bagarre de laboratoires trop vite tranchée par un non-lieu du ministère de l'Économie, qui refusa le retrait, sans pour autant convaincre. Le plus clair résultat de cette affaire fut que Kléber-Colombes, qui avait manqué une belle occasion de se faire une image de marque en or de défenseurs des consommateurs en échangeant sans discussion les pneus suspects de défectuosités, s'est enfin ouvert à l'information. Peugeot, quelques mois auparavant, mis en cause par 50 Millions de Consommateurs (organe mensuel de l'Institut national de la consommation) pour les moteurs Diesel d'une série défectueuse, avait réagi de manière tout aussi brutale dans un premier temps.
Ces actions, de portée limitée, n'empêchent pas l'INC de réclamer une meilleure garantie (sur deux ans) des appareils électroménagers.
Rapports
Et, bien que Christiane Scrivener, l'ancienne et éphémère secrétaire d'État à la consommation, soit désormais membre du Parlement européen, elle n'en a pas moins produit en avril 1979 deux rapports, l'un sur la publicité et l'enfant, l'autre sur la publicité comparative (possibilité de dire que les pâtes X contiennent plus d'œufs que les pâtes Y, au lieu de simplement affirmer que les pâtes X sont « les meilleures »), qui peu à peu voient leurs recommandations prises en considération Mais la publicité comparative, déjà autorisée aux États-Unis par exemple, est loin de susciter l'enthousiasme des professionnels, annonceurs et publicitaires. Il faudra un texte législatif pour la rendre possible.