Pour tous les étudiants, une sélection de plus en plus rigoureuse à l'entrée des études supérieures s'accroît.
– après la sélection par la vitesse, provoquée en 1978 dans plusieurs universités du centre de Paris par la désectorisation (Journal de l'année 1977-78), certaines universités demandent maintenant plus qu'un simple baccalauréat. Parix IX-Dauphine admet en priorité dans l'ordre : les bacheliers ayant obtenu une mention à l'examen, les bacheliers scientifiques C ou E sans mention, les bacheliers ayant obtenu 12 de moyenne dans leur matière principale (philosophie en A, sciences économiques en B, sciences physiques ou mathématiques en D) ; Paris-II (droit) et Paris-IV (lettres) prennent de préférence les titulaires d'une mention. D'autres universités comme Paris-VII se contentent de prendre les premiers inscrits pour des disciplines très demandées comme les sciences de la nature et la psychologie ;
– la sélection est renforcée dans les études menant aux professions de santé (médecine, pharmacie), à la fois sous la pression des milieux professionnels, qui craignent de voir se dégrader la situation de leurs membres, et sous la pression de l'État, qui veut limiter les dépenses.
En pharmacie, le nombre de diplômés (3 700 par an) est jugé excessif pour les « besoins de la nation » et « les capacités de formation ». Un numerus clausus est fixé par la loi du 2 janvier 1979 pour l'accès en deuxième année, comme c'est le cas en médecine depuis 1971. En échange, les étudiants admis pourront tous, comme les futurs médecins, faire des stages dans les services hospitaliers à partir de la troisième année (au lieu de la cinquième). La spécialisation entre les trois secteurs professionnels (industrie, hôpital et officine) commencera ainsi plus tôt.
Études médicales
Le Parlement adopte le 28 juin 1979 une loi réformant les études médicales, qui renforce la sélection à partir de 1981 : 6 000 étudiants seulement, seront admis en deuxième année (au lieu de 8 000). La proportion de spécialistes formés chaque année sera limitée à 30 % des promotions : pour chaque spécialité, le nombre sera fixé par l'État.
Tous les étudiants devront effectuer quatre années d'internat en milieu hospitalier, au lieu de passer simplement un certificat d'études spéciales.
Les futurs internes entreront à l'hôpital à l'issue d'un concours comprenant des épreuves écrites et orales. Quant aux médecins généralistes, après cinq années d'exercice, ils pourront aussi se présenter à l'internat, selon des modalités particulières.
Par ailleurs, la formation des futurs médecins généralistes doit être améliorée : ceux-ci achèveront leurs études par deux années de résidanat à l'hôpital (au lieu d'une seule année en stage interné).
Ces mesures traduisent la volonté du gouvernement de limiter l'accroissement des dépenses médicales en stabilisant à 180 000 le nombre des médecins vers 1985 et en évitant la prolifération des spécialistes. Ces préoccupations rejoignent celles des professionnels qui souhaitent, les uns, maintenir leur situation, les autres, revaloriser celle des généralistes.
Cependant, à gauche, on reproche à la réforme de se fonder uniquement sur l'organisation de la médecine libérale actuelle et de ne pas prendre en compte les besoins nouveaux en médecins — notamment pour la prévention —, et de ne pas choisir vraiment entre une formation commune ou deux voies distinctes pour les généralistes et les spécialistes. Les étudiants en médecine, qui se sont mis en grève à la veille des vacances de Pâques dans 15 centres hospitaliers universitaires, ont obtenu qu'un concours spécifique soit maintenu pour l'accès à l'internat, au lieu que la sélection se fasse sur l'ensemble des notes. Plus grave : il manque 1 000 postes hospitaliers pour assurer aux futurs généralistes les deux années de résidanat prévues. L'amélioration de la formation risque de tarder beaucoup plus que la sélection.