Né le 5 mars 1910, Mgr Justin, a fait ses études de théologie à Campulung-Muscel (Roumanie), puis à Athènes et à Strasbourg, il enseigna le Nouveau Testament en tant que professeur laïc à Varsovie, à Suceava, puis à Bucarest. En 1955, il franchit en quelques semaines toutes les étapes de la vie ecclésiastique : moine, diacre, prêtre ; il est élu archevêque de Sibiu dès le 26 mars 1956. Le 10 janvier suivant, il est élu au second poste de l'Orthodoxie roumaine avec le titre d'archevêque de Iassy et métropolite de Moldavie. Mgr Justin, qui passe pour être très proche du gouvernement roumain, a assumé de nombreuses fonctions qui l'ont fait connaître au niveau international : membre du comité central du Conseil œcuménique des Églises depuis l'adhésion de l'Église roumaine à l'organisme genevois en 1961, il a été également un des sept présidents de la Conférence européenne des Églises et a dirigé la délégation roumaine aux travaux de la commission panorthodoxe pour la préparation du Concile. Il est également député de l'Assemblée nationale.

L'intronisation de Mgr Justin a lieu dans la cathédrale patriarcale de Bucarest le 19 juin 1977. Le cardinal Willebrands représente à cette cérémonie l'Église catholique. On a remarqué que le gouvernement roumain a accordé au nouveau patriarche des prévenances inhabituelles : la réception de Mgr Justin par le secrétaire du Parti, Nicolas Ceaucescu, est retransmise à la télévision et, pour la première fois depuis trente ans, un concert public de musique sacrée est donné en l'honneur du nouveau patriarche, dans la salle de l'Athénée, par la chorale de la cathédrale patriarcale.

URSS

En rendant visite pendant neuf jours au patriarche Dimitrios de Constantinople, le patriarche de Moscou et de toutes les Russies Pimen a fait une concession importante et indiqué sa volonté d'une certaine normalisation des rapports, assez tendus, entre les deux sièges. Le communiqué publié à Istanbul, le 19 octobre 1977, à l'issue de cette visite historique, indique que les deux Églises — Moscou et Constantinople — se sont engagées à développer des relations plus cordiales entre elles « pour servir l'unité orthodoxe ».

Les deux patriarches se sont déclarés en faveur d'une participation plus efficace au travail du Conseil œcuménique des Églises. Enfin, il a été question d'approfondir les relations des Églises « avec le monde non chrétien », et il semble qu'il faille entendre par là non seulement le marxisme, mais les grandes religions non chrétiennes. Aucune déclaration officielle n'a été faite sur une part importante du contentieux entre les deux Églises : l'autonomie que Moscou avait décidé d'accorder en 1970 à l'Église orthodoxe en Amérique du Nord et à l'Église du Japon, sans l'accord du patriarcat de Constantinople.

Par ailleurs, un nouveau Catholicos (patriarche) de l'Église orthodoxe de Géorgie est élu par les cinq évêques du Saint Synode, le 23 décembre, pour succéder à Mgr David V, décédé le 9 novembre à l'âge de 73 ans. Il s'agit du métropolite Elie de Soukhoumi et d'Abkhasie, qui a pris le nom d'Elie II. Né en 1933, moine en 1957, le nouveau Catholicos est évêque depuis 1963 et était coadjuteur du défunt patriarche. Il hérite d'une situation particulièrement difficile. L'Église de Géorgie est en effet en proie à une persécution véritable, aggravée par une corruption qui atteint certains milieux ecclésiastiques. De ce fait, l'Église de Géorgie n'a pu participer à la réunion préconciliaire de Chambésy en 1976. Sur 2 500 églises, seules une centaine d'églises sont ouvertes au culte en Géorgie, tandis que 5 diocèses seulement sur 15 semblent avoir un évêque.

Musulmans

La recrudescence sensible d'un certain fanatisme religieux agite plusieurs pays islamiques. Il est difficile d'en énumérer tous les aspects qui touchent une grande partie de l'Afrique et de l'Asie et concernent des centaines de millions d'habitants. Cependant, certains exemples caractéristiques peuvent permettre de comprendre la nature et l'ampleur du phénomène.

Égypte

Le plus grand pays arabe, l'Égypte, avec une population de près de 40 millions d'habitants, compte plus de 70 % de musulmans et voit s'accroître depuis plusieurs années l'influence de groupes religieux dans tous les secteurs d'activité. La situation s'est révélée particulièrement dangereuse depuis quatre ans, lorsqu'un commando armé, appartenant à l'un de ces groupes, a tenté le 18 avril 1974 un coup de force, attaquant l'Académie des cadets militaires dans une banlieue du Caire (Journal de l'année 1973-74). Son objectif était de renverser le régime pour instaurer une société islamique. La deuxième opération spectaculaire entreprise fut l'enlèvement le 3 juillet 1977, puis l'assassinat du ministre des waqfs (biens religieux), Mohamed Hussein el Zahabi, par un autre groupe, Al-Takfir wal-higra (« l'expiation et la retraite »). Les principaux membres du groupe (74 personnes) ont été arrêtés et jugés. Cinq d'entre eux, dent le khalife Choukri Moustafa, ont été pendus le 19 mars 1978, après leur condamnation par un tribunal militaire. Dans cette affaire, les inculpés avaient bénéficié de la complicité passive des habitants des quartiers pauvres du Caire.

Pakistan

Le nouveau régime militaire du général Zia el-Haq qui a renversé le Premier ministre Ali Bhutto a décidé l'application de la charïa (loi coranique) sur la demande des partis islamiques d'extrême droite, lesquels ont largement contribué à renverser l'ancien régime. Des peines adaptées à la charïa ont été immédiatement appliquées aux leaders du parti de Bhutto qui contestaient la légitimité du nouveau pouvoir militaire.

Iran

Une information très significative confirme que, malgré leur caractère sociopolitique, les événements qui secouent l'Iran depuis quelques mois ne sont pas totalement étrangers aux préoccupations religieuses. Paradoxalement, les groupes religieux et la gauche font cause commune contre le pouvoir du chah. À noter un fait significatif : les étudiantes des universités remettent le voile qje portaient leurs grands-mères avant son abolition décrétée par le père de l'actuel souverain.

Iraq

Les autorités affirment qu'une catastrophe a été évitée de justesse ; selon elles, un complot (aux fins purement politiques) visant à détruire par explosifs le mausolée et la mosquée d'Al-Hossein, petit-fils du prophète Mohammed, a été déjoué au moment même de son exécution. Cet attentat, s'il s'était produit, aurait provoqué une guerre civile entre chiites, composant la grande majorité des populations du Sud, et sunnites, installés dans le Nord. Vénéré par les sunnites, Al-Hossein est autant idolâtré que son grand-père par les chiites. Ces groupes sont traditionnellement opposés, les chiites accusant les sunnites d'accaparer le pouvoir en Iraq et de les en exclure.

Liban

Et sans parler de la guerre civile au Liban où s'affrontent chrétiens et musulmans, ajoutons les opérations menées par les musulmans aux Philippines, les combats entre Éthiopiens, Somaliens d'une part et Érythréens d'autre part. Bien que n'étant pas des phénomènes uniquement religieux, ces désordres sanglants subissent l'impact des différences confessionnelles des parties en conflit.