En plus de la célébration de plusieurs centenaires (fondation de l'Armée du salut par William Booth, implantation du protestantisme au Zaïre, etc.), il faut mentionner de très nombreux colloques organisés, entre autres, par la Conférence des Églises de toute l'Afrique (CETA) en vue de sa prochaine assemblée, par les Églises des États-Unis ou par celles d'Europe, comme la 2e Réunion des Églises luthériennes et réformées de France, à Lyon (4-5 mars), qui a de nouveau abordé le problème de l'unité du protestantisme français.

Il faut encore souligner les nouvelles prises de position publiques de l'Alliance baptiste mondiale (ABM) en faveur de la paix, du désarmement et du développement (New Orléans -novembre 1977).

Ombres et lumières

Les protestants n'ont pas été plus épargnés que les autres croyants par les persécutions. Après la condamnation au goulag du pasteur baptiste russe G. Vins (il y a deux ans), c'est au tour de son fils Piotr d'être arrêté (février). En Argentine, le professeur Mauricio Lopez, ancien attaché au COE, est enlevé et toujours porté disparu, ainsi que nombre de ses amis. La faculté de théologie protestante de Paris, qui fêtait le centenaire de sa fondation (6-9 octobre), lui a décerné, ainsi qu'à six autres théologiens protestants ou catholiques, le titre de docteur « honoris causa ». Aux États-Unis, le pasteur noir Ben Chavis, condamné sans oreuve à la détention, n'a pas été libéré en dépit de démarches incessantes des Églises et du COE. En Afrique australe, les protestants noirs ; en Amérique du Sud, les protestants contestataires ; en Ouganda, les anglicans ; à l'Est, les baptistes d'URSS, les luthériens des pays Baltes, les réformés et les luthériens d'Europe centrale... font face aux vexations ou menaces. En Europe occidentale (Allemagne, Grande-Bretagne, Scandinavie, Suisse), le protestantisme — comme les autres Églises — n'est plus un groupe de pression politique. Comme exemples : les positions protestantes françaises ou allemandes et suisses à propos du nucléaire, ou de la situation des travailleurs étrangers, ou des lois antiterroristes, ou de la peine de mort... On doit se féliciter que les Églises ne soient plus des groupes de pression et que, dans le même temps, leurs déclarations et actes aillent à contre-courant. C'est un signe patent de retour aux sources.

Tandis que la Chine ouvre les portes de son Assemblée nationale à des personnalités ecclésiastiques comme le pasteur Kech Ting, qui, en 1948, reconstitua avec l'accord de Mao Tsé-toung l'Église du Christ en Chine, deux délégués de la Fédération universelle des étudiants chrétiens (FUACE) ont été autorisés à visiter librement cet immense pays (octobre 1977). Pour la première fois, également, des baptistes américains ont pu rencontrer les baptistes russes, et un délégué de la FLM, les luthériens de Sibérie coupés depuis 1917 de tout contact extérieur. En dépit de l'échec provisoire de l'union des Églises réformées d'Angleterre, d'importantes unions d'Églises protestantes ont été ratifiées au Cameroun (novembre), au Canada (février) et aux États-Unis (mars). Est-on enfin entré dans le temps attendu où le COE n'annoncera plus une augmentation de ses Églises membres, mais une progressive diminution comme signe objectif de l'unité visible ?

Œcuménisme

La recrudescence des persécutions inquiète tout particulièrement le monde œcuménique. Celles-ci se sont spécialement exercées contre les croyants et les hommes de bonne volonté. Sans citer tous les pays où la liberté est menacée, on ne peut passer sous silence des arrestations ou des expulsions arbitraires (un peu partout, y compris en Europe occidentale), des massacres d'enfants et d'adolescents (Éthiopie, Rhodésie, Afrique du Sud), des enlèvements et disparitions (Argentine, Chili, Uruguay, Brésil, Allemagne fédérale, Italie), des emprisonnements pour délit d'opinion (URSS, Tchécoslovaquie, Roumanie, Allemagne de l'Est, Albanie, Chine, Corée du Sud et du Nord, Philippines), des assassinats (Ouganda, Malawi, Amérique latine, El Salvador).

Unité

La raison première de la recrudescence historique de la persécution est que les pouvoirs politiques en place, chaque jour plus dépassés par la complexité du monde moderne, pallient leur carence par la force et la violence contre les opposants, au premier rang desquels se trouvent, pour la première fois depuis longtemps, des croyants. Les responsables ecclésiastiques à tous les niveaux se sont unis pour la défense des droits de l'homme. Ils ont protesté et, parfois, agi de concert, comme le Conseil œcuménique de l'Église (Genève-août), la Commission pontificale Justice et Paix, presque toujours associée aux commissions similaires protestantes (comme, en France, avec la Commission économique, sociale et internationale de la Fédération protestante de France, à propos des travailleurs étrangers).