Le Syndicat général de l'éducation nationale (CFDT) dénonce « la plus grande crise de l'emploi jamais connue dans l'enseignement ». Ce sont plusieurs milliers de chômeurs qui se trouvent ainsi victimes d'une sorte de licenciement collectif massif et sans indemnité.

Pour désamorcer le mouvement, René Haby annonce la création de deux mille postes supplémentaires d'instituteurs (sur le collectif budgétaire de 1974).

Cela ne suffit pas à émousser la combativité des syndicats ; des grèves tournantes, largement suivies, ont lieu du 10 au 18 octobre et culminent dans une manifestation qui rassemble à Paris neuf mille instituteurs et professeurs.

Concertation

Le gouvernement se décide alors à agir. Quatre mille nouveaux postes d'instituteurs sont créés en 1975. Au terme d'une réelle concertation, en décembre 1974, avec le Syndicat national des instituteurs (FEN), René Haby prévoit la suppression en cinq ans des auxiliaires dans les écoles primaires.

« Une étape décisive pour la solution complète des problèmes du remplacement », affirme le SNI, qui parle d'une « victoire de haute portée ».

Dans le second degré, les perspectives sont plus lointaines. Le ministre se contente de promettre l'accroissement du nombre des titularisations par concours internes et l'application de l'accord (conclu entre le CNPF et les syndicats) sur le paiement d'une année de salaire aux travailleurs licenciés pour cause économique.

En janvier 1975, dans une lettre au Syndicat national de l'enseignement du second degré (FEN), René Haby s'engage à mettre en œuvre un plan de résorption de l'auxiliariat, mais il indique que sa mise au point demandera un certain délai. « Ces engagements, estime le SNES, sont des premiers acquis » après les actions menées en octobre.

Les universités guettées par l'asphyxie financière

Les grands débats et les vastes projets dont les universités sont le centre ne doivent pas faire oublier la grisaille de leur gestion quotidienne.

Comme chaque année, les universitaires dénoncent l'insuffisance des crédits dont ils disposent et qui les conduit, disent-ils, au bord de l'asphyxie ; comme chaque année, ils constatent la faible participation des étudiants aux élections des conseils d'UER et d'universités.

Moins d'étudiants

Le nombre des étudiants inscrits dans les universités aurait tendance à stagner. C'est ce qu'indiquent les chiffres publiés par le secrétariat d'État aux universités : 765 431 inscriptions en 1974-1975 contre 745 242 l'année précédente, soit une très faible progression (+ 2,7 %).

Crédits

La situation, qui empire d'une année sur l'autre, est devenue critique. La rentrée 1974 est difficile. « Les caisses des universités sont vides », affirme le Syndicat national de l'enseignement supérieur (FEN). Plusieurs universités vont jusqu'à envisager de fermer leurs portes.

Le budget est placé sous le signe de l'austérité, au point que la conférence des présidents d'universités peut annoncer, en novembre 1974, que beaucoup d'universités « risquent de se trouver dans l'obligation d'interrompre tout ou partie de leurs activités avant la fin de l'exercice budgétaire 1975 ».

Malgré quelques rallonges budgétaires, accordées par Jean-Pierre Soisson, qui permettent d'éviter la paralysie complète, la situation demeure très préoccupante.

Participation

Jean-Pierre Soisson veut relancer la participation, en modifiant éventuellement la loi d'orientation. Il propose en particulier l'élection des conseils d'université par les divers collèges.

La première application de cette formule est faite à l'université de Toulouse-Le-Mirail en janvier 1975. Le secrétaire d'État décide que le collège A (enseignants de rang magistral) désignera ses représentants au scrutin majoritaire et le collège B (assistants et maîtres assistants) au scrutin proportionnel.

De ces deux innovations, la première défavorise les étudiants, dont la représentation est nécessairement diminuée, en vertu de la règle du quorum, par le taux traditionnellement élevé des abstentions ; la deuxième renforce les enseignants les plus conservateurs (majoritaires dans le collège A, minoritaires dans le collège B). Aussi les initiatives de Jean-Pierre Soisson suscitent-elles de vives protestations : l'intervention d'étudiants d'extrême gauche empêche, finalement, le déroulement du scrutin. Jean-Pierre Soisson fait adopter, par l'Assemblée, le 23 juin, « l'autonomie financière des universités ».

Vincennes accusée de « sexologie »

Expérience unique dans le système universitaire français, à la fois par sa forte proportion d'étudiants salariés (près de 40 %) et par l'originalité de sa pédagogie, l'université de Vincennes s'est souvent heurtée à l'incompréhension ou à l'hostilité de l'opinion, voire du gouvernement.

DEUG

C'est d'abord, le 24 octobre 1974, la décision prise par Jean-Pierre Soisson d'interdire aux non-bacheliers (admis sans examen d'entrée) l'obtention du DEUG, à moins qu'ils ne passent, au préalable, comme dans les autres universités, un examen d'entrée.