S'y ajouteront, sans doute, les accords de cartels (minerai de fer, bauxite, etc.), mais il est certain que l'adoption de conventions bi- ou multilatérales est plus susceptible de déboucher sur une stabilisation ou une amélioration des cours que des initiatives unilatérales, fondées sur des rapports de force fragiles par essence. La pression exercée par les pays en voie de développement sur les pays industrialisés n'en reste pas moins très forte, comme on a pu le constater en mars 1975 à la conférence de la CNUCED qui s'est tenue à Lima.

Les perspectives pour 1975-76 : un réveil lent. Mis à part le pétrole, dont les prix sont relevés unilatéralement par les pays producteurs, non sans tiraillements, quelques frémissements se font sentir malgré tout sur les marchés, à partir de l'été 1975. Certes, les cours des produits industriels et des minerais restent déprimés, que ce soient l'acier, l'aluminium, les métaux non ferreux ou le coton. Mais, à Chicago, on note quelque intérêt pour les céréales et les viandes, que les opérateurs jugent largement sous-cotées en fonction d'une consommation en augmentation régulière. Tout mouvement d'ensemble, néanmoins, reste étroitement lié à l'amélioration de la conjoncture mondiale, bien plus lente que prévu.

Les produits agricoles à usage industriel

Trois matières premières, qui sont le produit de l'élevage, de l'agriculture et de l'arboriculture, après avoir enregistré une retombée inexorable de leurs cours, après les sommets atteints en 1973-74, semblent être sur la voie du redressement, bien que les efforts de stabilisation des prix par les producteurs ne soient pas toujours récompensés en raison de la crise mondiale : il s'agit de la laine, du coton et du caoutchouc.

Laine

Redressement lent et difficile. Depuis 1970, les cours de la laine subissent de très fortes variations, reflétant les incertitudes de la conjoncture mondiale. Tombés au plus bas depuis trente ans en 1970, au point de sensiblement affecter les éleveurs de moutons australiens, qui abattent un grand nombre de leurs bêtes pour les remplacer par des bovins, les prix souffrent de la concurrence des fibres synthétiques dont l'expansion est extraordinaire depuis la Seconde Guerre mondiale. Puis la mode revient aux produits naturels et, surtout, les Japonais achètent en masse, en 1972 et surtout en 1973 : les stocks disparaissent, la surenchère s'établit sur le marché de Sydney et, du coup, les prix quintuplent. La réaction ne se fait pas attendre : du fait même de la hausse, les utilisateurs sont incités à se tourner davantage vers les fibres synthétiques, la proportion de laine pure dans les tissus revenant à moins de 40 % en 1973. Malgré le relèvement massif du coût de production des fibres synthétiques à la suite de la crise du pétrole, les cours de la laine se mettent à fléchir fortement, d'autant que la récession mondiale oblige les Japonais, qui avaient stocké inconsidérément, à déstocker précipitamment. L'accentuation de la chute oblige les Australiens à soutenir le marché en se portant acheteurs à un prix plancher. C'est à nouveau le marasme. Mais à la fin avril, pour la première fois depuis le mois de novembre 1974, les Japonais reviennent sur le marché ; les prix commencent à se raffermir, ce qui permet aux Australiens de réduire leurs interventions. Le retour des Japonais, signe précurseur d'une reprise de l'activité textile au Soleil-Levant, préfigure un renversement de tendance qui pourrait se montrer durable.

Coton

Raffermissement. L'évolution du cours du coton a été analogue à ceux de la laine. Après une formidable poussée jusqu'au début de 1974 (les prix font plus que tripler), on retombe très lourdement, malgré le renchérissement des fibres artificielles et synthétiques dont la concurrence reste très vive. Mais la réduction prévisible des exportations américaines de coton (qui donnent le ton sur le marché) provoque un léger raffermissement des cours à la veille de l'été 1975. Sans connaître les excès des années précédentes, l'évolution des cours pourrait donner lieu à un lent redressement.

Caoutchouc

Difficile stabilisation après une retombée brutale. L'effet « dopant » de la pénurie de caoutchouc synthétique en 1973, du fait de la pénurie de benzène et du doublement de son prix de revient au début de 1974 (consécutif à la hausse des tarifs pétroliers), disparaît dès le printemps de 1974. En conséquence, après avoir triplé de janvier 1973 à février 1974, les prix de la gomme naturelle redescendent comme ils étaient montés.