Les fonctionnaires, après une semaine d'action en septembre, font une première grève le 11 octobre, puis en novembre. La FEN cependant refuse toute participation à ces actions, voulant respecter scrupuleusement l'accord salarial signé avec le gouvernement.

La plupart des secteurs nationalisés connaissent des débrayages de courte durée, sauf à EGF où une grève de 24 heures est organisée à la fin de 1973, et surtout à Air France et à Air Inter où plusieurs arrêts de travail de longue durée se produisent, notamment à l'occasion de l'ouverture de l'aéroport Charles-de-Gaulle à Roissy, boycotté par les pilotes de ligne, qui pour la plupart résident dans la banlieue sud de Paris, près d'Orly.

Toutes ces luttes permettent d'obtenir un certain nombre de satisfactions.

Dans l'ensemble, au 1er janvier 1974, les augmentations de salaires, en niveau, pour 1973, tournent autour de 10,5 % (fonction publique), avec des situations plus basses (CEA : 9,5 %) ou un peu plus élevées (RATP : 11,05 %). Une exception : EGF, où l'augmentation moyenne en niveau atteint 14 %, se répartissant en 16,5 % pour les catégories les plus basses et 11 % au sommet de la hiérarchie. Les augmentations de salaires dans ces secteurs restent donc (sauf EGF) en dessous de la progression du salaire ouvrier moyen.

Conditions de travail

Les actions sur les conditions de travail représentent un nouveau domaine de l'action revendicative. Domaine diversifié où les salariés posent, selon la situation, le problème en termes de santé, de fatigue, de hiérarchie, d'autorité, voire de rémunérations. On peut ainsi distinguer trois types de revendications :
– augmentation des effectifs : grèves administratives dans plusieurs hôpitaux publics ou privés pour obtenir des effectifs complémentaires (hôpital Henri-Mondor à Créteil, hôpital Poincaré, hôpital de Clermont-Ferrand...) ;
– classification. Grève des 400 cheminots des Houillères de Lorraine pour une révision de leur classification lancée en janvier par la CFDT, ce mouvement des cheminots des mines comporte ce double objet : un problème de catégories lié à l'absence de possibilités de promotion pour une catégorie isolée par rapport à l'ensemble du personnel des Houillères ; un problème de conditions de travail en raison des risques d'accidents relativement élevés. Victimes de leur isolement, peu soutenus par la CGT, la CFTC et FO, le mouvement, animé par la seule CFDT, est rapidement voué à l'échec après un lock-out de quelques jours ;
– organisation et forme de travail : lutte contre le travail de nuit ou posté, à Usinor-Dunkerque, à Cégédur près d'Angers ; grèves concernant l'organisation de la production, la parcellisation, le rythme de travail ; lutte contre le salaire au rendement (spécialement dans le secteur habillement, cuirs et peaux, textiles) ou les primes de rendement, de pénibilité, de nuit, et enfin luttes pour pallier les risques, les accidents du travail, les maladies d'origine professionnelle.

Banques

Mais c'est dans les banques, et spécialement au Crédit Lyonnais, que les revendications sur les conditions de travail connaissent leur développement le plus spectaculaire avec la longue grève de sept semaines partie début mars 1974 du centre d'informatique du Crédit Lyonnais à Paris. Ce ne sont pas uniquement des questions d'argent qui ont fait monter le mécontentement, mais bien plus des problèmes de condition de travail, de sécurité d'emploi. Les employés des banques ne veulent pas devenir des robots que l'on déplace d'une machine à l'autre, d'un poste à un autre, d'une agence à une autre.

Cette situation n'est assurément pas le résultat d'une politique consciente des banques. Elle s'explique essentiellement par les transformations structurelles de la profession. Les trois grandes banques nationalisées ont ouvert de nouveaux guichets, mais les effectifs n'ont pas suivi la même progression. Depuis 1966, le pourcentage annuel d'ouverture de guichets est en progression de 11,4 % au Crédit Lyonnais et de 14,9 % à la Société Générale, alors que, pendant le même temps, les effectifs n'ont pas augmenté de plus de 7,5 %. La part des frais de personnel par rapport aux frais d'exploitation est en constante diminution. Moins 1,3 % au Crédit Lyonnais, et moins 1,2 % à la Société Générale par rapport à 1966.