Rendre plus fins encore les sillons pour gagner en durée n'était plus guère possible, la lecture mécanique ayant atteint ses limites extrêmes avec le Teldec. Les ingénieurs de Philips se sont donc engagés sur une voie nouvelle : la lecture optique de signaux binaires en relief.
– Les signaux : de petites rainures allongées qui se succèdent à la file, comme en une piste enroulée en spirale sur le disque. Piste plus fine encore que le sillon, pourtant microscopique, du Teldec, la spirale est plus serrée. Les rainures sont toutes de la même largeur et de la même profondeur. Les signaux figurent donc sous forme de la présence ou non du creux (l'équivalent du 1 et du 0 en langage binaire). Les informations qu'ils portent ressortent de la longueur (inégale) des rainures et de l'écart (inégal) de l'une à l'autre.
– La lecture : un générateur laser à hélium et néon émet vers la surface du disque un rayon de lumière cohérente dont le diamètre n'excède pas la largeur de la piste qu'il vient frapper. Ce rayon est réfléchi en direction d'une cellule photo-électrique réagissant ou non, selon qu'il a ou non rencontré une rainure. Les signaux matérialisés en relief sur le disque sont ainsi convertis en impulsions électriques constituant l'information nécessaire à la fois pour la reproduction de l'image et du son par un appareil de télévision.
Inusable
Tournant à 1 500 tours à la minute (comme le Teldec), le VLP fournit à chaque tour une trame complète, puisque le rythme d'animation en télévision est le même. Un disque VLP d'une durée de trente minutes porte donc 45 000 tours de piste, 45 000 images (67 500 pour une durée de quarante-cinq minutes). Le disque VLP se révèle, de plus, comme le support capable de contenir la plus grande densité de signaux, une image de télévision exigeant des millions d'éléments d'information.
Moins volumineux et moins coûteux que les vidéo-cassettes, le VLP possède de nombreux avantages : sa lecture optique lui permet d'avoir une durée plus longue que le Teldec ; pouvant fonctionner en marche arrière, en accéléré ou au ralenti, il peut permettre des effets spéciaux ; il est presque inusable, puisqu'il ne subit aucun frottement.
Les cryptates et leurs applications
Une équipe de chimistes de Strasbourg, dirigée par J. M. Sehn, a synthétisé des composés qui forment avec certains sels minéraux des solutions d'un type particulier. Dans une solution saline ordinaire – de chlorure de sodium dans l'eau, par exemple – le solvant agit en brisant l'édifice cristallin du sel : les liaisons électrostatiques entre les ions sodium (positifs) et les ions chlore (négatifs) sont rompues, et chaque ion est entouré d'un grand nombre de molécules d'eau. Mais il n'y a pas de liaison chimique entre les molécules du solvant (l'eau) et les ions du soluté (le chlorure de sodium).
Cavité
Il existe d'autres types de solutions dans lesquels le solvant réagit avec le soluté pour former une combinaison chimique particulière appelée complexe. Les chercheurs de Strasbourg ont synthétisé des composés organiques qui ont une forte tendance à former des complexes avec des métaux alcalins (tels le lithium, le sodium ou le potassium) ou alcalino-terreux (tels le magnésium, le calcium ou le strontium). La structure spatiale de ces composés est telle que leur molécule délimite une sorte de cavité à l'intérieur de laquelle l'ion métallique se trouve logé et comme caché, d'où le nom de cryptates qui a été donné à cette classe de complexes.
De nombreux sels minéraux normalement instables dans des solvants tels que l'eau ou le chloroforme y deviennent solubles dès qu'on additionne le solvant avec une petite quantité des composés synthétisés par les chercheurs de Strasbourg. La molécule creuse du composé manifeste une attraction chimique suffisante à l'égard de l'ion métal pour briser l'édifice cristallin du sel.
Les applications des cryptates découlent du fait qu'étant liés à la structure spatiale du composé organique ils ne peuvent enfermer que des ions de taille bien déterminée : trop gros, ceux-ci n'entrent pas dans la cavité ; trop petits, ils y sont instables. En analysant la formation de cryptates d'un certain type au sein d'un mélange d'ions métalliques divers, on peut séparer un métal déterminé.