Au cours de l'année 1971, une installation de topping-reforming de 3 500 000 tonnes a porté la capacité de la raffinerie à 8 millions de tonnes par an de pétrole brut. Avec la mise en service d'une turbine à gaz de 15 000 kWh, qui permet de produire la totalité de l'énergie électrique pour l'ensemble des installations de raffinage, avec l'apport de la raffinerie de Vern-sur-Seiche, Antar PA de Donges se classait en 1970 au 3e rang des 23 raffineries métropolitaines existantes.

Poitou-Charentes

La population totale de la région est restée presque stagnante, au cours des dernières années, à cause d'un exode important : 5 500 personnes environ par an, et notamment des jeunes.

La région se caractérise en effet par la forte proportion de population rurale et par une importante fraction de population active agricole. La modernisation de l'agriculture déverse donc chaque année sur le marché du travail un nombre grandissant d'agriculteurs qui doivent se reconvertir et de jeunes à la recherche d'emplois dans l'industrie ou le secteur des services. Nombre d'entre eux sont obligés de s'expatrier vers Bordeaux, Nantes ou Paris.

Mais les secteurs de l'industrie et des services ne se sont pas développés dans la région au même rythme que la réduction de la main-d'œuvre agricole. Ce double phénomène explique le gonflement des demandes d'emploi non satisfaites depuis 1970 notamment.

Les jeunes de moins de 25 ans représentent, à la fin de 1971, 42,3 % de l'ensemble des demandeurs d'emploi, taux comparable à celui d'autres zones agricoles comme l'Auvergne ou de régions de conversion comme la Lorraine.

L'effort d'industrialisation en Poitou-Charentes est récent, ce qui explique qu'il n'a pas encore porté tous ses fruits. Les implantations les plus notables sont celles de Simca à La Rochelle, Michelin, Dassault, la Télémécanique à Poitiers, sans compter le centre tertiaire de Niort avec ses mutuelles. Mais certaines villes, comme La Rochelle ou Rochefort, sont dans une situation particulièrement délicate sur le plan de l'emploi.

Usines à la campagne

Un style particulier d'industrialisation semble toutefois se dessiner dans la région qu'il serait souhaitable d'encourager : les usines à la campagne. Dans toute la partie est du département de la Charente, par exemple, on assiste à l'implantation d'ateliers de fabrication ou de montage, employant de 200 à 500 personnes, dans des localités de 3 000 à 5 000 habitants. L'usine vient vers la main-d'œuvre, alors que la plupart des modèles d'industrialisation tablent davantage sur des déplacements de main-d'œuvre vers des complexes industriels et urbains (Ruhr, Lorraine, Nord).

Des firmes comme Legrand (dont le siège est à Limoges), Leroy-Somer (siège à Angoulême) préfèrent créer des usines dans des petites villes au centre d'un bassin de main-d'œuvre plutôt que d'agrandir leurs établissements ou leurs usines mères. Le chef d'entreprise y trouve avantage (prix du terrain, usines gouvernables, rôle de leader ou même avantages d'un véritable monopole de fait en matière de niveaux de salaires) et la population n'a pas à supporter les affres de la concentration urbaine ou des migrations alternantes journalières.

Autre exemple : à Cerizay, dans les Deux-Sèvres, en plein Bocage vendéen, la firme Heuliez emploie plus de 1 000 ouvriers dans une petite ville de 3 000 habitants pour la fabrication de carrosseries d'automobiles et de poids lourds. L'entreprise se développe en diversifiant ses productions et en créant des ateliers dans les localités voisines, dans un rayon de 50 à 60 kilomètres. Elle a dû, pour faire face à ses besoins de main-d'œuvre, importer environ 400 travailleurs portugais et nord-africains qui habitent à Cerizay, ce qui n'est pas sans poser de délicats problèmes matériels d'hébergement ni sans soulever des difficultés sociologiques quant à leur intégration à la vie locale.

Cette formule originale d'industrialisation est à encourager, puisqu'elle permet à des petites villes et à des bourgs ruraux de retrouver un second souffle et qu'elle conduit la région à un équilibre économique, géographique et humain satisfaisant. En effet, le travail dans une usine campagnarde peut être, pour le jeune agriculteur qui quitte sa terre, une étape qui rend moins brutal l'exode rural dans une grande ville et moins inhumaines ses conséquences. Le dépaysement est en effet moindre si, au lieu de quitter le village pour Bordeaux, on le quitte seulement six jours ou même huit heures pour travailler dans une ville de 5 000 à 10 000 habitants, tout en gardant une maison, un bout de terre ou quelque attache familiale à la campagne.

Les atouts

En dépit de son retard dans l'industrialisation et l'équipement — les responsables économiques de la région parlent de sous-développement —, le Poitou-Charentes a le sens de la mesure et n'est pas porté aux manifestations violentes.