Philatélie
À grande cause, petits effets... philatéliques. La longue grève des employés des postes britanniques (du 20 janvier au 7 mars 1971) a provoqué une floraison d'émissions de timbres de grève. 150 organismes ont pu émettre ainsi, à tirage obligatoirement limité, des vignettes désormais fort recherchées par les collectionneurs et par les spéculateurs. On peut prédire que ces timbres de fortune feront la fortune de ceux qui ont su conserver des enveloppes portant ces vignettes et officialisées par les cachets d'affranchissement.
Un autre événement a eu ses répercussions : la mort du général de Gaulle. Une multitude de timbres à l'effigie du disparu ont vu le jour dans de très nombreux pays. Étant donné leur nombre, ils forment à eux seuls une thématique. Pour respecter les dernières volontés du général de Gaulle, la France n'a pas émis de figurines le représentant. Les amateurs de la thématique de Gaulle ont tourné la difficulté en classant certaines vignettes postales sorties, par exemple, pour commémorer l'appel du 18 juin, ou pour le 20e anniversaire de cet appel, ou, encore, pour le 20e anniversaire de l'ordre de la Libération.
La mort du colonel Nasser a, elle aussi, à un degré moindre, amené la sortie de timbres commémoratifs, principalement dans les États africains et arabes.
Les expositions ont été nombreuses et suivies, notamment Philympia, qui s'est tenue à Londres, où, dans le même temps, s'est déroulé, les 28 et 29 septembre 1970, le 39e Congrès de la Fédération internationale. Parmi les autres expositions qui connurent un bon succès d'affluence, on peut citer Centex à Fribourg, Philexocam à Fort-Lamy, Voltaphilex à Ouagadougou ou Centem à Bordeaux.
Cette année encore, la FIP (Fédération Internationale de la philatélie) a publié des mises en garde, hélas ! inopérantes, contre les émissions abusives, fantaisistes ou provenant d'États fantômes. On a vu, par exemple, des timbres de Sealand, petite île isolée en mer du Nord, ou de Abd-al-Kuri, petite île également, mais qui, elle, fait partie du Yémen. Les prolifiques émirats et sultanats arabes continuent à inonder le marché et, malheureusement, des États africains leur emboîtent le pas. Tel le Tchad, qui a, dans ses prévisions, la sortie — et sur une seule année — de 60 timbres à l'effigie des rois de France ! Sans doute, dans les écoles tchadiennes, enseigne-t-on encore aux jeunes Noirs que leurs ancêtres étaient les Gaulois !
En France, deux événements, mineurs pourtant, provoquent une levée de boucliers et des protestations violentes. Le premier : l'émission, non annoncée, de timbres dits fluorescents, appelés également timbres au phosphore et qui sont plus exactement des timbres luminescents. Deux Marianne de Cheffer et le blason de Troyes, traités ainsi, sont distribués pour la première fois, vers le 15 juin 1970 dans un bureau de poste de Clermont-Ferrand. Il s'agissait, annonça-t-on ensuite en haut lieu, d'une expérience reprenant des essais du même genre tentés en Grande-Bretagne.
Personne n'ayant été avisé préalablement, les collectionneurs s'insurgent et les spéculateurs se mettent en campagne. La tempête s'apaise quand on apprend que ces timbres au phosphore ont été émis en très grande quantité. Les tentatives de spéculation sur ces timbres ont échoué.
Autre sujet d'irritation : la sortie d'un timbre courant de 0,50 F inesthétique au point de provoquer des protestations multiples. Cette figurine représente une tête minuscule de Marianne accolée à un énorme 0,50. Embarrassés, les PTT ont expliqué que cette présentation facilitait le travail des postiers. Jusqu'à ce jour, les valeurs différentes, dans une série courante, se distinguaient aisément : à chaque valeur correspondait une couleur particulière. Cette innovation n'a pas été une réussite.
Un marché conclu entre la Mongolie et une entreprise privée a, par ailleurs, soulevé une certaine fièvre. Un journal réservé aux enfants a offert des timbres neufs de Mongolie en assurant que la totalité du tirage lui avait été accordée. Renseignements pris, si ces vignettes étaient bien officiellement des timbres mongols, elles avaient été distribuées également dans les bureaux de poste du pays d'origine. Les collectionneurs n'en ont pas moins très difficilement admis ce curieux marché.